Bachar al-Assad interviewé par des médias français : "Daech est une conséquence et non LE problème d’origine"

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 16 février 2017 - 12:09
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Le président syrien Bachar al-Assad.
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Des "contacts" existent avec les renseignements français affirment le président syrien.
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Le président syrien Bachar al-Assad a répondu à une interview menée conjointement par Europe 1 et TF1. Il réaffirme les accusations qu'il porte à la France, et se défend de celles lancées par Amnesty International sur les exactions de la prison de Saydnaya. Il rappelle enfin que son principal partenaire dans les négociations internationales est sans conteste la Russie.

Le président syrien a accordé une interview exclusive à deux médias français. Interrogé à Damas par Fabien Namias (Europe 1) et Michel Scott (TF1), Bachar al-Assad est revenu en détail sur la situation dans son pays et a répondu aux accusations sur la prison de Saydnaya alors que des discussions reprennent aujourd'hui à Astana, au Kazakhstan ente le régime et les rebelles autour de la Russie.

"Je ne crois pas que l’on peut parler d’avoir gagné la guerre avant d’avoir battu les terroristes partout en Syrie" annonce le président syrien. Et par terroristes, il n'entend pas seulement les membres de l'Etat islamique, mais l'ensemble des groupes armés qui ne souhaitent pas déposer les armes. "Quiconque porte une arme dans mon pays, ou dans le vôtre, et se met à tuer des gens et à détruire des biens, est un terroriste (…) Daech est une conséquence et non LE problème d’origine. Le problème réside dans l'idéologie de Daech, qui est la même idéologie pour le front Al-Nosra, et pour de nombreuses autres organisations qui adoptent une idéologie similaire en Syrie, et peut être aussi en Libye et dans d’autres pays. Vous devriez donc vous inquiéter de ces terroristes, qui n’ont que faire d’appartenir à Daech ou à Al-Nosra".

Bachar al-Assad a aussi sèchement fustigé "la diabolisation de la Syrie, de son gouvernement syrien et de son armée, par les principaux médias et les milieux politiques occidentaux", rebondissant notamment sur le rapport d'Amnesty International accusant le centre de détention de Saydnaya d'avoir massivement exécuté pas moins de 13.000 prisonniers, par pendaison, et sans procès équitable. Le président syrien commence d'ailleurs par une défense étrange en critiquant le manque de précision du rapport – "Ils n’ont même pas parlé de 13.000 morts, ils ont dit entre 5.000 et 13.000. On passe du simple au double! Cela veut dire qu’il n’y a pas de précision"– avant de rappeler que "la peine de mort est légale en Syrie". Niant enfin pratiquer la torture, il estime même "qu’il vaut mieux ouvrir une enquête sur Amnesty elle-même, lorsqu'elle adopte un rapport fondé sur des allégations". Il s'oppose, sans surprise, à toute venue d'enquêteurs de l'organisation internationale.

Parlant ensuite de politique française, Bachar al-Assad n'hésite pas à déclarer, sans détour, que la France soutient le terrorisme: "Ce sont eux (les dirigeants français, NDLR) qui ont dit qu'ils envoyaient de l’armement à ce qu’ils appellent des groupes +modérés+, et qui sont en fait des terroristes. Ce sont eux qui l'ont dit, pas moi". Point particulier, sur lequel le dialogue ne s'attarde pas très longtemps, le président syrien affirme que les services de renseignements syriens et français sont en contact: "Lors de la visite d’une délégation parlementaire en Syrie, un des membres de la délégation était du service de renseignement. Donc, ces contacts existent. Bien sûr le gouvernement français a déclaré qu’il s’agissait d'une délégation parlementaire, mais qu'il n'était pas concerné et qu'il désapprouvait. Ce n’est pas vrai".

Terminant sur les discussions qui recommencent à Astana, Bachar al-Assad estime que la Russie a respecté la "souveraineté" de la Syrie et cela "à chaque étape (…) franchie, qu’elle soit d’ordre stratégique ou tactique". "Il est certain que le soutien des Russes a été crucial dans l’affaiblissement de Daech et du Front al-Nosra. Parce que ces groupes s’étaient mis à s’entendre quand la coalition américaine a commencé ses attaques, sa campagne cosmétique. Et ils ont progressé jusqu’à ce que les Russes interviennent et les ont poussés à se rétrécir".

En clôture de l'entretien, Bachar al-Assad annonce "à la fin de la guerre, on pourra envisager les élections".

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