Brésil : Michel Temer, le président qui risque de perdre son mandat

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Par AFP
Publié le 02 août 2017 - 12:57
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Le président brésilien Michel Temer à Brasilia, le 1er août 2017
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© EVARISTO SA / AFP
Le président brésilien Michel Temer à Brasilia, le 1er août 2017.
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Des discours enflammés et une manifestation bruyante de l'opposition au sein même de l'hémicycle ont marqué le début mercredi d'une séance parlementaire pleine de suspense qui pourrait sceller le sort du président brésilien Michel Temer, mis en accusation pour corruption.

Les députés se sont retrouvés pour cette séance cruciale et doivent décider s'ils renvoient le président devant la Cour suprême. Une majorité des deux tiers (342 voix sur 513) est nécessaire pour autoriser l'ouverture d'un procès.

Si la Cour le décide, le président serait alors écarté du pouvoir pour six mois. Le plus grand pays d'Amérique latine perdrait ainsi son chef d'Etat pour la 2e fois en un peu plus d'un an, après la destitution brutale de Dilma Rousseff.

Si M. Temer, du parti PMDB (centre), est poussé vers la sortie, le président de la Chambre Rodrigo Maia le remplacera pendant un mois, le temps de désigner un successeur.

Toutefois, selon les analystes, le chef de l'État, qui a fait preuve de pugnacité dans la tempête, a de bonnes chances d'échapper à un procès, même si sa cote de popularité s'est effondrée à 5%.

"Je suis confiant", a-t-il dit lors d'un dîner mardi à des députés cités par le quotidien O Globo, s'estimant "victime du banditisme contre lequel (il veut) lutter".

Dès le début de la séance, une trentaine de députés du parti des Travailleurs et d'autres mouvements de gauche ont agité des bannières clamant "Fora Temer! Diretas Jà" ("Dehors Temer. Des élections directes maintenant!") et dénoncé les mesures d'austérité prises par son gouvernement, a constaté l'AFP.

- 'Un voleur est un voleur' -

Trois députés du PSOL, parti d'extrême gauche, ont brandi une valise de billets arborant le visage de Michel Temer, en référence à l'arrestation en mai d'un proche du président en possession d'une valise de coupures qui lui aurait été destinée.

M. Temer est accusé de s'être "prévalu de sa condition de chef d'État" pour recevoir 500.000 réais (environ 140.000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil.

"Un voleur est un voleur et doit être traité comme tel", a scandé le député Major Olimpio, du parti Solidariedade, dans un discours enflammé.

Le camp pro-Temer rejetait pour sa part les accusations, qualifiées des "fictions", et brandissait des scénarios catastrophe pour un pays qui donne des signes de reprise après plus deux ans de récession.

"Le Brésil ne peut pas retomber dans le chaos", a affirmé Hidekazu Takayama, du Parti Social Chrétien, mettant en valeur les mesures d'austérité du gouvernement Temer pour relancer l'économie.

Le président n'a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour s'assurer du soutien d'une majorité de députés en faveur d'un classement de l'affaire.

Y compris "avec de fonds publics", notamment par le biais de versement de subventions permettant aux députés de financer des projets dans leurs fiefs électoraux, affirmait O Globo mercredi.

"Pour rester au pouvoir, Temer a sans doute dépensé autant que le PSG pour le transfert de Neymar", a ironisé Chico Alencar, député du PSOL, en référence à la clause libératoire de 222 millions d'euros que le club doit payer au FC Barcelone pour s'attacher les services du joueur brésilien.

- Grandes manoeuvres -

La presse a fait état de grandes manoeuvres des conservateurs pour s'assurer que le vote aurait bien lieu, face aux menaces de boycott de l'opposition, qui espérait faire traîner la procédure.

Il faut en effet que 342 députés soient présents à la Chambre pour que le vote puisse se tenir.

Plusieurs ministres du gouvernement ont aussi été encouragés à se mettre à l'écart de leurs fonctions pour la journée afin de pouvoir reprendre leur mandat de député et voter en faveur de M. Temer.

La journée pourrait ménager des surprises. Elle risque d'être très longue, des prises de parole de 5 minutes étant prévues notamment pour chaque député. Le vote, s'il a effectivement lieu, pourrait ainsi ne pas intervenir avant la soirée, voire dans la nuit de mercredi à jeudi, ou même encore plus tard.

Même s'il connaît bien les arcanes de la chambre basse, qu'il a présidée à trois reprises, M. Temer sait qu'il n'est pas à l'abri d'un retournement de situation.

La Chambre des députés est un monde à part et décrédibilisé: pas moins de 190 députés, soit 37% du total, sont visés par des enquêtes sur le gigantesque scandale de corruption qui secoue le Brésil autour du groupe Petrobras.

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