Corée du Nord : face aux envois de missiles, le Japon possède aussi un arsenal militaire conséquent
Le dernier tir de missile ayant survolé l'île de Hokkaidô vendredi 15 rappelle une fois de plus la donne: si la tension en Asie de l'Est oppose principalement Pyongyang à Washington, c'est bien le Japon (avec la Corée du Sud) qui est en première ligne en cas d'embrasement de la situation dans la région.
Le Japon est pour l'instant partagé sur l'opportunité d'intercepter –autrement dit de détruire– les missiles qui se rapprocheraient dangereusement de son territoire et qui ne font pour l'instant que le survoler. Mais l'archipel est –lentement mais sûrement– tenté d'étudier les possibilités de s'opposer plus frontalement à Pyongyang. Et même d'envisager une attaque "préventive" sur la Corée du Nord, officiellement pour l'empêcher de tirer de nouveau en direction du territoire national ce qui pourrait être interprété comme un geste défensif et respectant donc la Constitution pacifiste du pays.
Et pour un pays qui, officiellement "a renoncé à la guerre", l'arsenal nippon est loin d'être dérisoire. Les "forces d'auto-défense" ("Jieitai" en japonais) sont fortes de 250.000 hommes, de 700 tanks (et plus de 2.800 véhicules armés) et presque 570 avions. Sur le papier, c'est moins que la Corée du Nord, avec son million d'hommes, ses 5.000 tanks et ses plus de 1.000 avions. Mais le Japon possède un indéniable avantage technologique avec ses 42 destroyers et ses quatre porte-aéronefs. La Corée du Nord n'a ni l'un ni l'autre. Et l'archipel a surtout avec son armée "défensive"un budget militaire cinq fois supérieur à celui de la Corée du Nord, annoncée comme proche de l'acquisition de l'arme nucléaire.
Et même si la perspective d'une riposte, voire d'une attaque préventive est encore éloignée, les récentes évolutions politiques au Japon n'ont jamais rendu l'hypothèse aussi crédible. Lors d'un remaniement intervenu le 3 août dans un contexte de scandales touchant le gouvernement, Shinzô Abe le Premier ministre nippon a nommé deux de ses proches à des postes majeurs. Itsunori Onodera a été bombardé à la Défense, un poste qu'il avait déjà occupé, pendant que Tarô Kôno a pris le portefeuille des Affaires étrangères. Or, les deux hommes sont plutôt des partisans de la "manière forte" dans le traitement du dossier nord-coréen. En mars dernier, avant sa nomination, Itsunori Onodera était même à la tête d'un groupe de parlementaire demandant officiellement au gouvernement de se procurer des missiles longue portée afin de pouvoir atteindre le territoire de la Corée du Nord. L'homme est maintenant ministre d'une force armée considérée comme la septième puissance militaire mondiale, et dont Shinzô Abe reste le commandant en chef.
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