Ecoutes des présidents français par la NSA : que contiennent les révélations ?
Les révélations de Libération et de Mediapart, grâce à WikiLeaks, sur les écoutes téléphoniques de la NSA des conversations de trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, défraient la chronique ce mercredi. Pour autant, pas de divulgations de secrets d'Etat dans ces écoutes. C'est bien plus le fait d'avoir été écouté par l'agence de renseignements d'un pays a priori allié qui a déclenché la colère de Paris.
Premier président ciblé, Jacques Chirac, qui selon la note envoyée par le renseignement américain, "a dit au ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy le 23 décembre 2006 de faire en sorte de s'assurer que l'actuel envoyé spécial de l'ONU (Terje Roed-Larsen, un diplomate suédois, NDLR) pour la mise en œuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité soit choisi comme secrétaire général adjoint de l'ONU".
D'après un commentaire inclus dans cette note de la NSA, "les ordres détaillés de Chirac peuvent être une réponse à la propension du ministre des Affaires étrangères, largement démontrée par le passé et source de nombre de réprimandes présidentielles, à faire des commentaires inappropriés ou imprécis", explique le journal Libération.
Du côté de Nicolas Sarkozy, les écoutes américaines montrent que ce dernier estimait être le seul à même de "résoudre la crise financière des subprimes" en 2008. L'ancien chef de l'Etat imputerait au gouvernement américain "nombre des problèmes économiques actuels à des erreurs commises par le gouvernement américain, mais croyait que Washington suivait certains de ses conseil en matière économique".
Sur le plan de la politique international, on apprend également qu'en 2011, l'actuel président des Républicains souhaitait proposer "une initiative pour relancer des discussions de paix directes au Proche-Orient entre Israël et les Palestiniens". Pour cela, il comptait rallier à sa cause le président russe de l'époque, Dimitri Medvedev afin de lancer un ultimatum à Barack Obama concernant la création de "l'Etat palestinien".
Enfin, Nicolas Sarkozy se serait entretenu en 2010 avec son conseiller diplomatique Jean-David Levitte et l'ambassadeur français aux Etats-Unis, Pierre Vimont, afin de préparer une entrevue avec le président Barack Obama. De manière assez ironique, le diplomate aurait indiqué que le président français "annoncerait sa frustration après le recul de Washington sur la proposition d'accord de coopération bilatéral sur le renseignement", et continuerait à pousser à son adoption. Selon les propos de Vimont et Levitte rapportés par le renseignement américain, "le principal point de blocage est que les Etats-Unis entendent continuer l'espionnage de la France".
Les dernières écoutes en date remonteraient à 2012, juste après l'élection de François Hollande au poste de président de la République. Peu après son investiture, le chef de l'Etat aurait "accepté la tenue de réunions secrètes à Paris pour discuter de la crise dans la zone euro, et particulièrement des conséquences d'une sortie de la Grèce" de celle-ci. Des réunions auxquelles étaient conviés "des responsables du SPD allemand", soit des opposants politiques à la chancelière allemande, Angela Merkel. Jean-Marc Ayrault, le prédécesseur de Manuel Valls au poste de Premier ministre, s'était montré très inquiet qu’une telle initiative vienne aux oreilles de la chancelière.
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