Égypte : la justice approuve la remise en liberté d'Hosni Moubarak

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 13 mars 2017 - 15:48
Image
L'ex-président égyptien Hosni Moubarak est transféré d'un hélicoptère à une ambulance à l'extérieur
Crédits
© MOHAMED EL-SHAHED / AFP/Archives
L'ex-président égyptien Hosni Moubarak est transféré d'un hélicoptère à une ambulance à l'extérieur de l'hôpital militaire de Maadi au Caire, le 2 mars 2017
© MOHAMED EL-SHAHED / AFP/Archives

La libération décidée lundi par la justice de l'ex-président Hosni Moubarak, qui a régné d'une main de fer pendant 30 ans, vient clore symboliquement le chapitre du Printemps arabe en Égypte.

La fin des affaires judiciaires et la future remise en liberté de M. Moubarak, 88 ans, mettent un point final aux déboires de l'ex-président, qui avait été contraint de quitter le pouvoir le 11 février 2011, à l'issue d'une révolte de 18 jours réprimée dans le sang.

"L'idée du Printemps arabe a cessé d'exister en Egypte", a affirmé lundi à l'AFP Mai Mogib, professeur de Sciences politiques à l'Université du Caire.

Selon elle, "discuter de Moubarak et des symboles de son temps est (désormais) acceptable dans les médias et dans la rue".

Après un intermède démocratique entre la mi-2012 et la mi-2013, qui a vu l'élection de l'islamiste Mohamed Morsi à la présidence, le pays est retombé entre les mains des militaires avec Abdel Fatah al-Sissi, qui a renversé le premier président civil du pays.

L'opposition islamiste a été laminée et nombre de leaders du Printemps arabe ont été emprisonnés ou contraints à l'exil.

Quant à la situation économique du pays, calamiteuse, elle est devenue la préoccupation majeure des Égyptiens.

- Interdit de voyage -

Depuis son arrestation en avril 2011, M. Moubarak a passé le plus clair de son temps dans un hôpital militaire du Caire, en résidence surveillée.

L'avocat Me Farid el-Deeb a affirmé lundi à l'AFP que le parquet avait accepté sa remise en liberté et M. Moubarak "pourra rentrer chez lui lorsque les docteurs diront qu'il peut sortir".

Il ne pourra toutefois pas se rendre à l'étranger, d'après son avocat.

L'ex-président est en effet interdit de voyage en raison d'une enquête de l’organisme égyptien des gains illicites, qui surveille les fortunes accumulées de manière frauduleuse.

M. Moubarak a été jugé dans deux grandes affaires depuis son départ du pouvoir.

Dans l'un des principaux dossiers, il a été accusé d'avoir incité au meurtre des participants aux manifestations pendant la révolte, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées lors d'affrontements avec la police.

Il a été condamné à la prison à vie en juin 2012 mais un nouveau procès avait été ordonné par la justice.

En novembre 2014, un autre tribunal qui le rejugeait avait finalement ordonné l'abandon des accusations, blanchissant ainsi M. Moubarak, mais le parquet avait introduit un recours en cassation.

Le 2 mars dernier, la cour de Cassation a finalement confirmé l'abandon des charges.

A la suite de cette décision, des familles de victimes des violences de 2011 avaient réagi avec colère.

- "Pour rien" -

Mostafa Morsi, qui a perdu son fils Mohamed le 28 janvier, le 28 janvier 2011, a dénoncé une justice "corrompue". "Le sang de notre fils a coulé pour rien (...) La corruption est de retour en force", avait-il dit à l'AFP.

"J'aurais pensé que le Printemps arabe nous aurait donné une meilleure qualité de vie, mais c'est pire. Tout est pire", avait-il dit.

A l'inverse, Mahmoud Ibrahim, 37 ans ancien responsable du Parti démocratique national, le parti de M. Moubarak, a affirmé à l'AFP qu'"après six ans de soi-disant Printemps arabe, les gens regardent le temps de Moubarak avec nostalgie".

Dans un autre grand procès, la cour d'appel avait confirmé en janvier 2016 une peine de trois ans de prison pour M. Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.

Il était accusé avec eux d'avoir détourné plus de 10 millions d'euros, alloués à l'entretien des palais présidentiels. Outre les trois ans de prison, tous trois ont été condamnés ensemble à payer une amende de 125 millions de livres égyptiennes (environ 15 millions d'euros) et à rembourser à l'État 21 millions de livres (2,5 millions d'euros).

Pour cette affaire, M. Moubarak a purgé sa peine et ses deux fils ont été remis en liberté.

Après 2013 et la destitution de Mohamed Morsi par l'armée, les démêlés judiciaires de ce dernier avaient éclipsé ceux de M. Moubarak.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.