Japon : la rencontre entre Shinzô Abe et Vladimir Poutine, vers un réchauffement diplomatique ?
La rencontre était attendue –et elle n’est pas la première de l’année– elle sera néanmoins scrutée avec grande attention. Ce jeudi 15, le président russe Vladimir Poutine rencontre, au Japon, le Premier ministre nippon Shinzô Abe. Ce dernier le reçoit dans un premier temps dans sa ville natale de Nagato (sud du pays) avant que la rencontre au sommet ne se déplace sur Tokyo.
Les deux hommes avaient déjà échangé à Sotchi en mai puis à Vladivostok en octobre. Mais cette rencontre est la première depuis un autre événement qui pourrait rebattre certaines cartes de la diplomatie internationale: la victoire de Donald Trump. Quarante-huit heures après l’élection de ce dernier, Shinzô Abe devenait le premier dirigeant à rencontrer le nouveau président américain. Au terme d’une "discussion franche" selon le chef du gouvernement de Tokyo, Donald Trump a probablement signifié à son partenaire japonais sa volonté de ne pas adhérer finalement au Partenariat transpacifique (TPP) qu’il a publiquement confirmé le 22 novembre. Il a probablement laissé entendre qu’il voulait revenir sur la présence américaine au Japon (47.000 hommes) ou du moins sur la part de financement de ces troupes que le Japon devrait supporter et qu’il refuse d’augmenter.
Une situation qui pousse aujourd’hui le Japon à se rapprocher de la Russie. D’une part pour essayer de trouver auprès d’un autre partenaire les relais que Tokyo pourrait perdre auprès de Washington, surtout dans le contexte d’une Chine en pleine croissance diplomatique. D’autre part, pour ne pas se retrouver à la marge d’un probable réchauffement des relations entre les Etats-Unis et la Russie suite à la nomination mardi 13 de Rex Tillerson, PDG d'ExxonMobil chef de la diplomatie américaine.
Le Japon espère aussi jeter avec la Russie les bases d’une relation qui pourrait déboucher sur une meilleure coopération économique entre les deux Etats. La rencontre pourrait surtout permettre un début de résolution d’un conflit territorial sur quatre îles au nord d’Hokkaidô, que les Russes considèrent comme faisant partie de l’archipel des Kouriles, et donc sous souveraineté russe (ce qui est le cas dans les faits depuis 1945). Le sujet reste un point de tension particulièrement sensible au-delà de la stricte question territoriale car, en vertu du traité de sécurité liant Washington et Tokyo, si le Japon récupérait la souveraineté de ces îles, les Etats-Unis pourraient envisager d’y installer des bases militaires.
La rencontre pourrait aussi être l’occasion d’envisager le règlement –certes surtout symbolique– d’une autre question: la signature d’un traité de paix entre la Russie et le Japon, qui n’ont jamais officiellement mis fin à la Seconde Guerre mondiale entre eux. En effet, si les relations diplomatiques, à l’époque avec l’URSS, ont été rétablies en 1956 pour permettre au Japon de rentrer à l’ONU, les deux Etats n’ont jamais mis formellement fin aux hostilités.
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