La Corée du Nord répond à l'ONU par un nouveau tir de missile au-dessus du Japon

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Par AFP
Publié le 15 septembre 2017 - 03:56
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Un homme regarde un écran montrant la trajectoire du missile nord-coréen, à Tokyo le 15 septembre 20
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© Kazuhiro NOGI / AFP
La Corée du Nord a répondu aux sanctions "maléfiques" votées par le conseil de sécurité de l'ONU par un nouveau tir de missile dans le Pacifique vendredi, au-dessus du Japon.
© Kazuhiro NOGI / AFP

La Corée du Nord a répliqué vendredi au dernier train de sanctions de l'ONU en tirant sur une distance inédite un missile balistique qui a survolé le Japon, démontrant selon les analystes sa capacité à cibler le territoire américain de Guam.

Le missile a été lancé d'un site proche de Pyongyang, moins d'une semaine après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une huitième série de sanctions pour tenter de convaincre le pays reclus de renoncer à ses programmes balistique et nucléaire interdits.

La nouvelle résolution sanctionnait le sixième essai nucléaire nord-coréen, de loin le plus puissant et qui concernait selon Pyongyang une bombe H suffisamment petite pour équiper un missile.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé une réunion d'urgence pour vendredi dans l'après-midi.

D'après le Commandement des opérations militaires américaines dans le Pacifique, il s'agissait d'un missile à portée intermédiaire qui n'a pas menacé le continent américain ni le territoire de Guam, dans le Pacifique, où Washington possède des installations militaires stratégiques.

Selon le ministère sud-coréen de la Défense, le missile a probablement parcouru 3.700 kilomètres, atteignant une altitude maximum de 770 km, avant de s'abîmer dans le Pacifique.

C'est la distance la plus longue jamais parcourue "par un de leurs missiles balistiques", a commenté sur Twitter Joseph Demsey, de l'Institut international des études stratégiques.

- Sirènes d'alerte -

David Wright, physicien de l'association Union of Concerned Scientists, a renchéri: "la Corée du Nord a fait la démonstration qu'elle pouvait atteindre Guam avec un de ses missiles même si sa charge n'est pas connue", ni sa précision.

Après les tirs par le Nord en juillet de deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), qui ont semblé mettre à sa portée une bonne partie du continent américain, le président Donald Trump l'avait menacé du "feu et de la colère". A quoi Pyongyang avait répliqué en promettant de tirer une salve de quatre missiles à proximité de Guam.

Pyongyang avait "Guam à l'esprit" vendredi, a aussi jugé le ministre japonais de la Défense Itsunori Onodera, relevant que le missile avait parcouru une distance suffisante pour atteindre en théorie cette île située à 3.400 km environ de la Corée du Nord.

Selon Tokyo, le missile a survolé l'île septentrionale japonaise de Hokkaido avant de s'abîmer à environ 2.000 km à l'est. Rien n'indique dans l'immédiat que des débris soient tombés en territoire japonais.

Le 29 août, le Nord avait déjà tiré un Hwasong-12, un missile de portée intermédiaire, au dessus de l'archipel. Les deux ICBM tirés en juillet avaient eux suivi une trajectoire en cloche à la verticale, ce qui leur avait évité de survoler le Japon.

"Le Nord envoie le message suivant: +nous ne tremblons devant aucune sanction et nos menaces ne sont pas vaines+", a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, de l'Université des études nord-coréennes de Séoul.

Des millions de Japonais ont été brutalement réveillés par les sirènes et des textos d'alerte.

"Lancement de missile! Lancement de missile! Un missile semble avoir été tiré depuis la Corée du Nord. Mettez-vous à l'abri dans un bâtiment ou un sous-sol", invitaient les haut-parleurs à Cape Erimo, dans le sud d'Hokkaido.

- Restrictions pétrolières -

Le Japon "ne tolérera jamais les dangereux actes provocateurs de la Corée du Nord, qui menacent la paix dans le monde", a assuré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. "Si la Corée du Nord continue sur cette voie, son avenir ne sera pas radieux".

Si le président américain Donald Trump ne s'est pas encore exprimé directement, son chef de la diplomatie Rex Tillerson a enjoint la Chine, principal allié et soutien économique de Pyongyang, et la Russie, à faire directement pression "de leur propre chef" sur Pyongyang.

Pékin a condamné le dernier tir et appelé l'ensemble des parties à la retenue. La Chine a également assuré qu'elle appliquerait "strictement, complètement et sérieusement les résolutions" de l'ONU.

Séoul a réagi pour sa part avec des exercices de tirs de missiles Hyunmu en mer Orientale, le nom coréen de la mer du Japon, selon le ministère de la Défense. Un engin a parcouru 250 km, soit une distance suffisante pour atteindre en théorie le site de lancement nord-coréen de Sunan, près de l'aéroport de Pyongyang. Mais un autre tir a échoué peu après le lancement.

Le président sud-coréen Moon Jae-In a déclaré au conseil de sécurité nationale que le dialogue avec le Nord était "impossible dans une telle situation", ajoutant que Séoul avait la capacité d'anéantir son voisin.

Séoul doit cependant déterminer la semaine prochaine si elle va fournir huit millions de dollars d'aide humanitaire au Nord.

Les dernières sanctions de l'ONU sont les plus restrictives à ce jour, avec une limitation des exportations de pétrole et de produits raffinés vers Pyongyang ou l'interdiction des achats de textile nord-coréen.

Les analystes ne s'attendent cependant pas à ce qu'elles entament la détermination du Nord, ce dernier déclarant qu'il a besoin de se défendre face à la menace d'invasion américaine.

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