Le Brésil face à la plus grave crise économique de son histoire

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Par AFP
Publié le 07 mars 2017 - 17:29
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Manifestation contre la politique d'austérité du gouvernement de Michel Temer à Rio, le 24 février 2
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© Joao Paulo Engelbrecht / AFP/Archives
Manifestation contre la politique d'austérité du gouvernement de Michel Temer à Rio, le 24 février 2017
© Joao Paulo Engelbrecht / AFP/Archives

Le Brésil traverse la pire récession de son histoire, avec une baisse du PIB pour la deuxième année consécutive, alors que les effets des mesures d'austérité du gouvernement se font attendre et que le pays reste miné par les scandales de corruption.

Le produit intérieur brut de la première économie d'Amérique latine a reculé de 3,6% en 2016, après 3,8% en 2015, selon les chiffres officiels annoncés mardi.

"Il s'agit de la pire crise économique de l'histoire" du pays, a admis le ministre de l'Economie Henrique Meirelles lors d'une réunion du Conseil du développement économique et social (CDES).

Avec ce recul de 7,2% sur deux ans, la récession est plus forte encore que pendant les années 30 (-5,3% entre 1929 et 1933).

Les chiffres dévoilés mardi montrent que le PIB trimestriel a baissé pour la huitième fois de suite : un recul de 0,9% au quatrième trimestre par rapport au troisième et de 2,5% sur un an.

Un recul plus important que les prévisions d'économistes consultés par le journal spécialisé Valor, qui s'attendaient à une baisse trimestrielle de 0,6% et de 2,4% par rapport à la même époque de 2015.

- Chômage record -

Le Brésil a connu une période de forte croissance sous le mandat du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), grâce au prix élevé des matières premières et à la forte demande chinoise, alors que l'Europe et les États-Unis étaient plongés en récession.

Il était aussi cité en exemple parmi les pays émergents, grâce à des programmes sociaux qui ont sorti des millions de personnes de la précarité.

La croissance a atteint son apogée en 2010, mais cette période faste a pris fin avec la baisse brutale du prix du pétrole, du soja et d'autres matières premières.

La pays est entré en récession au deuxième trimestre de 2015, au début du second mandat de la présidente de gauche Dilma Rousseff, qui a succédé à Lula avant d'être destituée l'an dernier pour maquillage des comptes publics.

Aujourd'hui, le taux de chômage du Brésil atteint aussi des niveaux record, avec 12,6% en janvier et 12,9 millions de personnes en recherche d'emploi.

En 2016, tous les secteurs d'activité ont été touchés par la crise, avec une baisse de 6,6% pour l'agriculture, 3,8% dans l'industrie et 2,7% dans les services. Les investissements en biens d'équipement ont par ailleurs chuté de 10,2%.

Le PIB par habitant a baissé de 4,4%, pour atteindre 30.407 reais (8.729 dollars au taux moyen de 2016).

Les prévisions de croissance ne sont guère optimistes : 0,49% en 2017 et 2,39% en 2018 selon le marché, et une croissance nulle en 2017 et de 1,2% selon l'OCDE.

Sergio Vale, économiste en chef du cabinet MB Associados prévoit pourtant une croissance de 1% cette année, stimulée par la production agricole.

Le fait que l'inflation soit sous contrôle peut par ailleurs "accélérer la réduction du taux directeur", qui a commencé en octobre.

- Mesures impopulaires -

Pour relancer l'économie, le président conservateur Michel Temer a misé sur des mesures d'austérité.

Lors de la réunion du CDES, il a réitéré que sa priorité pour les deux ans qui lui restent de mandat est de "remettre le pays sur les rails" pour que son successeur "puisse conduire la locomotive".

Après avoir annoncé le gel des dépenses publiques sur vingt ans, le gouvernement planche à présent sur la délicate réforme des retraites.

Des mesures très impopulaires, alors que la cote de M. Temer est déjà au plus bas à cause des scandales de corruption.

Le climat à Brasilia est des plus tendus, dans l'attente de la levée imminente du secret judiciaire sur les confessions explosives d'anciens cadres du géant du BTP Odebrecht, au cœur du scandale de corruption Petrobras.

L'enquête tentaculaire éclabousse l'ensemble de la classe politique et les plus puissantes entreprises de construction du pays, lesquelles s'étaient constituées en cartel pour truquer les appels d'offres de groupe public pétrolier.

Le chef d'État lui-même est cité dans au moins une de ces confessions. Plusieurs de ses ministres ont dû démissionner après avoir eu leur nom associé au scandale.

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