Le Venezuela toujours en grève contre Maduro, le bilan s'alourdit

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Par AFP
Publié le 27 juillet 2017 - 21:01
Mis à jour le 29 juillet 2017 - 09:50
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Des opposants antichavistes dans les rues de Caracas le 26 juillet 2017
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© RONALDO SCHEMIDT / AFP
Des opposants antichavistes dans les rues de Caracas le 26 juillet 2017
© RONALDO SCHEMIDT / AFP

Bravant l'interdiction gouvernementale, l'opposition vénézuélienne a appelé vendredi ses partisans à descendre dans la rue dimanche durant le vote pour désigner les membres de l'Assemblée Constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro.

"Que le peuple qui veut la démocratie sorte dimanche dans toutes les principales artères du pays", a déclaré Henrique Capriles, un des principaux dirigeants de l'opposition lors d'une conférence de presse.

Vendredi, dans la foulée d'une grève générale de 48 heures qui a fait huit morts, peu de Vénézuéliens ont osé défier la menace du ministre de l'Intérieur, le général Nestor Reverol, d'emprisonner ceux qui protesteraient contre processus électoral de dimanche. Les contrevenants risquent de 5 à 10 ans de prison.

Seuls de petits groupes ont installé des barricades sur des artères de l'est de Caracas, fief des antichavistes (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont le président socialiste Nicolas Maduro est l'héritier), et d'autres villes, comme Maracaibo ou San Cristobal.

Les rues de ce secteur de la capitale étaient quasi désertes, en dépit des commerces ouverts. Dans le reste de la capitale, les transports fonctionnaient normalement. Des incidents entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu néanmoins à Caracas.

A San Cristobal, un jeune manifestant de 18 ans a été tué par balles, portant à 113 le bilan des violences depuis avril, selon un décompte corrigé du parquet.

L'appel de l'opposition à bloquer les rues se poursuivaient pour la journée de samedi et de nouveaux affrontements étaient à craindre dans ce pays sous haute tension.

- 'Super pouvoir' -

"C'est normal qu'il y ait des craintes, mais les gens sont toujours dans la rue malgré tout. Ils (le gouvernement) ont choisi de continuer avec cette folie. A partir de lundi, si quelqu'un est en difficultés, c'est M. Nicolas Maduro", a déclaré le député d'opposition Freddy Guevara, présent sur l'un des barrages à Caracas.

La Table pour l'unité démocratique (MUD), la coalition des antichavistes réclament le départ du président, dont le mandat est censé s'achever en janvier 2019.

L'opposition, qui détient la majorité au Parlement, voit dans cette Constituante un moyen pour le président Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner l'Assemblée nationale et d'éviter la présidentielle prévue fin 2018.

Le gouvernement assure de son côté que cette future assemblée, dont la durée du mandat n'est pas définie, sera un "super pouvoir" qui aura la capacité de dissoudre le Parlement, qu'elle apportera la paix et permettra au pays de se redresser économiquement.

"On dit que la droite va empêcher les gens d'aller voter. Vous croyez que c'est possible ? Jamais !", a affirmé Maduro au cours d'un acte officiel. Faisant état de "menaces" de l'opposition, l'autorité électorale a assoupli les conditions du scrutin, permettant aux électeurs de se rendre dimanche dans n'importe quel bureau de vote de leur municipalité.

Le Venezuela, autrefois immensément riche, fonctionne au ralenti depuis la victoire de l'opposition aux législatives de fin 2015, après 17 ans d'hégémonie chaviste.

- Barricades -

Le pays sud-américain vit aussi l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la chute des cours du brut, source de 96% de ses devises. Son inflation, stimulée par les pénuries d'aliments et de médicaments, est devenue totalement incontrôlable, à 720% cette année selon le FMI.

Le maire d'opposition d'Iribarren (nord-ouest), Alfredo Ramos, a été arrêté pour ne pas avoir fait lever les barricades durant une manifestation, selon une décision de la Cour suprême.

Pour le président Maduro, la Constituante est la "bouée de secours pour éviter une élection (présidentielle, prévue en 2018) qu'il perdrait et gouverner sans les limites qu'impliquent des institutions autonomes" comme le Parlement ou le parquet, estime l'analyste Benigno Alarcon.

Le mode de désignation de cette future assemblée combine un vote territorial et par catégories socio-professionnelles, ce qui permettra à 62% des 19,8 millions d'électeurs de voter au moins deux fois, rendant difficile l'évaluation de la participation, selon l'expert Eugenio Martinez.

Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis.

La pression internationale s'est accentuée ces dernières heures sur Caracas. Après les sanctions américaines de mercredi contre 13 anciens et actuels responsables gouvernementaux, la Colombie, pays voisin du Venezuela, a fait savoir vendredi soir qu'elle ne reconnaîtra pas les résultats de l'élection de dimanche.

Par ailleurs, Air France a annoncé samedi suspendre ses vols à destination de Caracas du 30 juillet au 1er août inclus "en raison de la situation". Cette décision intervient après celle de la compagnie aérienne colombienne Avianca de cesser ses activités dans le pays, toujours plus isolé.

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