Mer Rouge : les Houthis mènent une importante offensive en pleine tournée diplomatique de Blinken au Moyen-Orient
MONDE - Les Houthis intensifient leurs attaques contre les navires militaires et marchands en mer Rouge. Les forces britannique et américaines ont annoncé avoir repoussé “la plus importante attaque” de ces dernières semaines. Dans la nuit du mardi au mercredi 10 janvier 2024, 18 drones et trois missiles ont été tirés du territoire yéménite et abattus par les destroyers des deux puissances occidentales. Cette attaque “complexe” est la vingt-sixième menée par les rebelles depuis la mi-novembre sur fond de guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Elle intervient deux jours après l’avertissement de Londres de recourir à des frappes aériennes pour protéger la liberté de navigation et la visite du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à Tel-Aviv, pour empêcher une expansion du conflit dans toute la région.
Deux semaines après le début de la guerre à Gaza, le mouvement houthi, groupe armé rebelle chiite qui contrôle aujourd'hui une grande partie du territoire yéménite, a ouvert un nouveau front dans le conflit en menant des attaques contre Israël. Du 19 octobre à la mi-novembre, les rebelles ont multiplié les tirs de missiles et des attaques de drones armés, interceptés par les destroyers américains, par l’armée israélienne ou l’Arabie saoudite. Le 31 octobre, les Houthis ont officiellement déclaré la guerre à Israël.
“La plus importante attaque” depuis la mi-novembre
Leurs attaques ciblent depuis le 15 novembre tous les navires marchands qui seraient “liés à Israël” et qui traversent la mer Rouge, “autoroute maritime” reliant la Méditerranée à l’océan Indien et où transitent 40 % du commerce mondial. Le 19 novembre dernier, le Galaxy Leader, propriété d’un homme d’affaires israélien avec 25 personnes à bord, est abordé à l’aide d’un hélicoptère puis détourné par les rebelles.
Les appels réitérés des ministres des Affaires étrangères du G7 à "cesser les attaques contre les civils et les menaces contre les voies maritimes internationales" n’ont rien arrangé et le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé le 18 décembre, lors d’un déplacement au Moyen-Orient, la mise en place d'une coalition internationale.
Rien n’y fait et les rebelles houthis poursuivent leurs attaques. "Les actions militaires visant à protéger les navires israéliens ne nous empêcheront pas d'accomplir notre devoir religieux, moral et humanitaire en faveur des opprimés de Palestine", avait déclaré dimanche 31 décembre, le porte-parole des rebelles houthis, Yahya Sarea.
Dans la nuit du mardi à mercredi 10 janvier 2024, le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a annoncé sur X (anciennement Twitter) que le destroyer HMS Diamond, accompagné de navires de guerre US, “ont repoussé avec succès (...) les Houthis soutenus par l’Iran”. Depuis le début de ces offensives, Washington a dénoncé “la responsabilité de Téhéran dans cette situation” et accuse l’Iran de soutenir militairement et financièrement ces rebelles.
“Le Diamond a déjoué plusieurs attaques de drones dans sa direction et celle de navires marchands dans la zone”, poursuit Grant Shapps. Peu avant son post, l’armée américaine avait annoncé que 18 drones et trois missiles, tirés par les rebelles dans le cadre d’une “attaque complexe”, ont été abattus par des avions de combat déployés depuis les destroyers américains et britanniques. Les deux armées se sont mises d’accord pour qualifier cette 26e attaque comme étant la “plus importante” depuis la mi-novembre.
Blinken se dépêche pour empêcher une escalade régionale
Le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a précisé que les Houthis “ont lancé dans le sud de la mer Rouge une attaque complexe de conception iranienne à l’aide de drones, de missiles de croisière et d’un missile balistique. Aucun dommage ni blessé” n’ont été signalés par le Centcom.
Une information confirmée par l’UKMTO (l’agence de sécurité maritime britannique, NDLR), qui a annoncé mardi soir avoir reçu des rapports faisant état d'un incident à environ 50 milles marins à l'ouest d'Al Hudaydah”, un port yéménite. “Les forces de la coalition ont réagi, aucun blessé ni dégât n'a été signalé”, poursuit-on.
Suite à la confirmation par l'armée américaine de la destruction de quatre navires, dont le porte-conteneurs Maersk Hangzhou sous pavillon de Singapour, le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a averti que Londres envisage des frappes aériennes en réponse à de futures attaques. "Les Houthis ne doivent pas tirer de conclusions trompeuses : nous sommes déterminés à répondre aux acteurs malveillants qui commettent des attaques illégales. La poursuite de l'agression en mer Rouge risque d'entraîner une escalade susceptible de déclencher un conflit régional", a averti Grant Shapps. Il estime en outre que la situation au Moyen-Orient est un "test pour la communauté internationale" et a confirmé la volonté du Royaume-Uni "de se tenir aux côtés de ses alliés".
Cette même éventuelle escalade suscite les inquiétudes de la Maison-Blanche, dont le chef de la diplomatie, Antony Blinken, a entamé la semaine dernière une autre tournée pour discuter avec les dirigeants du Moyen-Orient, dont Benjamin Netanyahou, dans l’espoir d’empêcher un embrasement de la situation.
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