Pays-Bas : le gouvernement interdit la visite du ministre turc Cavusoglu

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Par AFP
Publié le 11 mars 2017 - 09:59
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, lors d'une conférence de presse à Berlin
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© STEFFI LOOS / AFP/Archives
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mavlut Cavusoglu, avait maintenu dans un premier temps sa visite aux Pays-Bas.
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L'interdiction faite au ministre turc des Affaires étrangères d'atterrir aux Pays-Bas pour y mener campagne en faveur du président turc a viré à la crise diplomatique samedi, Recep Tayyip Erdogan accusant La Haye d'entretenir des "vestiges du nazisme".

Les Pays-Bas, en pleine campagne électorale, ont annoncé qu'ils "retiraient les droits d'atterrissage" de l'avion qui aurait dû conduire Mevlut Cavusoglu sur leur sol. "Les autorités turques ont menacé publiquement de sanctions. Cela rend impossible la recherche d'une solution raisonnable", a expliqué le gouvernement néerlandais.

La décision de La Haye a suscité l'ire du président Recep Tayyip Erdogan qui a dénoncé des "vestiges du nazisme". Des propos qualifiés de "fous" et "déplacés" par le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

En revanche, et à rebours de la décision de La Haye, les autorités locales ont confirmé la venue de M. Cavusoglu dimanche à Metz, dans l'est de la France, pour un meeting.

Mevlut Cavusoglu est attendu à Metz "en début d'après-midi", a indiqué Alain Carton, secrétaire général de la préfecture de Moselle, qui représente l'Etat français localement. "Une salle du centre des congrès est louée par une association turque locale", a-t-il été précisé.

Le déplacement du ministre turc en France a été "accepté par le ministère des Affaires étrangères" a déclaré M. Carton, rappelant que "la préfecture est chargée de la sécurité de la manifestation et des abords et le fait qu'il n'y ait pas de trouble à l'ordre public".

"Le ministère (des Affaires étrangères) a été informé de la venue du ministre", a confirmé une source diplomatique française.

L'avion du chef de la diplomatie turc "a décollé" pour la France, a indiqué de son côté samedi soir un responsable turc s'exprimant sous condition de l'anonymat. Le ministre devait également se rendre dimanche à Zurich, en Suisse.

M. Cavusoglu avait défié samedi matin les autorités néerlandaises en maintenant une visite prévue à Rotterdam dans le cadre de la campagne du référendum prévu en Turquie le 16 avril sur le renforcement des pouvoirs présidentiels, et en les menaçant de "lourdes sanctions" si elles l'empêchaient de venir. Il devait assister à un meeting.

Mais le gouvernement néerlandais avait fait savoir jeudi son opposition à cette visite, et le meeting avait été annulé dès mercredi par le maire de Rotterdam - au motif de l'indisponibilité du gérant de la salle.

M. Erdogan a laissé entendre que la Turquie riposterait en interdisant aux responsables néerlandais d'atterrir sur son territoire, mais n'empêcherait pas "les visites de citoyens" néerlandais.

M. Cavusoglu, s'exprimant depuis Istanbul, a jugé "inacceptable" l'attitude des Pays-Bas. Et dans la métropole turque, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés devant le consulat des Pays-Bas pour protester.

La Turquie a convoqué le chargé d'affaires néerlandais à Ankara, selon un responsable du ministère turc des Affaires étrangères qui a requis l'anonymat.

D'après l'agence progouvernementale Anadolu, la ministre turque de la Famille, Fatma Betül Sayan Kaya, comptait pour sa part se rendre à Rotterdam par la route, depuis Dusseldorf (Allemagne).

A Rotterdam, la police a fermé la rue où se trouve le consulat de Turquie, invoquant "des informations selon lesquelles un certain nombre de personnes comptent s'y rassembler".

- 'Solution acceptable' -

L'exécutif turc misait sur sa campagne en Europe pour toucher la diaspora. Aux Pays-Bas vivent ainsi près de 400.000 personnes d'origine turque.

"Les Pays-Bas ne veulent pas" que la visite du ministre Cavusoglu ait lieu, avait expliqué jeudi le chef de la diplomatie Bert Koenders. "Nous ne participerons pas à la visite d'un responsable gouvernemental turc qui veut mener une campagne politique pour le référendum", avait-il poursuivi, soulignant qu'"aucun des moyens habituels fournis pour une visite ministérielle ne seront accordés".

La Haye et Ankara discutaient depuis lors pour trouver "une solution acceptable", notamment "pour voir si les autorités turques pouvaient déplacer le rassemblement et lui donner un caractère privé, à petite échelle dans le consulat turc ou l'ambassade", a précisé samedi le gouvernement néerlandais.

La crise entre les Pays-Bas et la Turquie survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais mercredi, au terme d'une campagne où l'islam a été un thème majeur. Le parti du député anti-islam Geert Wilders est donné en deuxième place par les derniers sondages.

La campagne lancée en Europe auprès de la diaspora turque est à l'origine de tensions entre plusieurs pays et la Turquie, à commencer par l'Allemagne, en raison de l'annulation par plusieurs villes allemandes de rassemblements pro-Erdogan.

Celui-ci avait accusé le 5 mars l'Allemagne de "pratiques nazies", des propos qui avaient suscité la colère à Berlin et à Bruxelles. Mais la chancelière Angela Merkel avait appelé à "garder la tête froide".

L'Allemagne compte la plus importante communauté turque au monde hors de Turquie, avec 1,4 million de personnes.

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