Pour Trump, discuter "n'est pas la solution" après le tir et les menaces de Pyongyang

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Par AFP
Publié le 31 août 2017 - 10:00
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Donald Trump à Washington le 30 août 2017
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© NICHOLAS KAMM / AFP
Donald Trump à Washington le 30 août 2017
© NICHOLAS KAMM / AFP

Donald Trump a estimé mercredi que discuter avec la Corée du Nord n'était "pas la solution", au lendemain d'un nouveau tir de missile nord-coréen largement condamné et après la menace de futurs exercices balistiques vers le Pacifique.

Le survol du Japon par un Hwasong-12 de portée intermédiaire a constitué une nouvelle escalade dans la crise nord-coréenne, alors que les tensions étaient déjà très vives après deux tirs par Pyongyang de missiles balistiques intercontinentaux qui semblent mettre une bonne partie du continent américain à sa portée.

Le président américain a menacé de déchaîner le "feu et la colère" sur le Nord, qui a promis en retour une salve de missiles à proximité de Guam, territoire américain du Pacifique.

Ces derniers jours, l'heure était toutefois à une certaine désescalade, Washington ouvrant la porte à un futur dialogue. Même après le dernier tir, Donald Trump a d'abord averti mardi sur un ton plus diplomatique que "toutes les options" étaient sur la table. Mais mercredi, il a laissé entendre, dans un tweet ambigu, que la recherche d'une solution diplomatique était vouée à l'échec.

"Depuis 25 ans, les États-Unis discutent avec la Corée du Nord et la paie, victimes d'un chantage. Discuter n'est pas la solution!", a-t-il écrit.

Des propos rapidement tempérés par son ministre de la Défense Jim Mattis. "Nous ne sommes jamais à court de solutions diplomatiques", a-t-il assuré.

Le gouvernement de Donald Trump, comme auparavant celui de Barack Obama, manie en permanence la carotte et le bâton dans l'espoir de voir le régime nord-coréen renoncer à ses ambitions nucléaires.

Le tir nord-coréen a été "fermement" condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait récemment imposé à la Corée du Nord une septième volée de sanctions. Pékin et Moscou, les alliés-clés de Pyongyang, ont soutenu le texte, qui ne prévoit pas dans l'immédiat un renforcement des sanctions.

- Kim hilare -

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a annoncé "davantage d'exercices de tirs de missiles balistiques à l'avenir avec le Pacifique pour cible", rapporte mercredi l'agence officielle nord-coréenne KCNA. Celui de mardi a été "un prélude important pour contenir Guam, base avancée de l'invasion", a-t-il dit, et un "lever de rideau" avant des "contre-mesures résolues" face aux manoeuvres militaires communes menées actuellement par les armées américaine et sud-coréenne en Corée du Sud.

Pyongyang considère ces exercices militaires réguliers comme la répétition générale d'une invasion.

Le Rodong Sinmun, organe du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, a reproduit une vingtaine de photos de l'essai balistique, dont une montrant Kim Jong-Un hilare entouré de ses conseillers, une carte du nord-ouest du Pacifique posée sur son bureau. Un autre cliché le montre observant le missile tiré de Sunan, près de Pyongyang. L'engin a parcouru 2.700 kilomètres à une altitude maximum d'environ 550 km avant de s'abîmer dans le Pacifique.

"Les Etats-Unis sont pleinement responsables de l'escalade", a déclaré un représentant nord-coréen auprès de l'ONU à Genève, Ju Yong Chol. Le nouveau tir était "un avertissement puissant aux Etats-Unis", et la Corée du Nord va "aller de l'avant avec son action déterminée", a-t-il prévenu.

C'est la première fois que le régime nord-coréen déclare avoir envoyé un missile au-dessus du Japon.

Deux projectiles avaient déjà survolé l'archipel en 1998 et 2009. Pyongyang les avait présentés comme des engins civils destinés au lancement de satellites, alors que Washington, Séoul et Tokyo y avaient déjà vu des essais déguisés de missiles à usage militaire.

Des millions d'habitants du nord du Japon, qui n'ont pas cédé à la panique, avaient reçu au réveil par texto un message d'alerte du gouvernement tandis que les sirènes retentissaient: "Tir de missile. Veuillez vous abriter!".

Le tir a également entraîné un déluge de condamnations internationales.

Dans sa déclaration, rédigée par les Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU "demande à tous les Etats membres de strictement et pleinement appliquer" ses résolutions, et notamment les sanctions économiques.

- Pétrole -

La septième salve de sanctions adoptée début août vise à priver la Corée du Nord d'un milliard de dollars de recettes tirées de ses exportations de charbon, de fer, de minerai de fer et de sa pêche.

Selon des sources diplomatiques, l'ONU garde en réserve d'autres possibilités de sanctions, comme des mesures visant le secteur pétrolier ou le renvoi dans leur pays des travailleurs nord-coréens employés à l'étranger. Le Royaume-Uni, par la voix de son ambassadeur à l'ONU Matthew Rycroft, a plaidé mercredi pour cette dernière piste "pour empêcher l'arrivée d'argent venant des expatriés nord-coréens", puisque les sanctions en vigueur "n'ont pas jusqu'à présent fait changer l'approche nord-coréenne".

Pour Washington, l'enjeu à l'ONU était d'afficher le maintien de l'unité internationale - avec Moscou et Pékin - face à Pyongyang. Il s'agissait aussi d'aboutir à une réponse très rapide après le tir de missile, souligne une source diplomatique.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a dit mercredi que son pays discutait avec ses partenaires du Conseil de sécurité de la "réaction" à adopter, réaffirmant l'importance du consensus.

Dans sa déclaration, le Conseil réaffirme son engagement envers un règlement pacifique, diplomatique et politique de la crise. Mais toute discussion est gelée depuis plusieurs années et aucune perspective de relance ne se fait jour.

burx-fff/vog

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