Prix alimentaires : le FMI alerte sur le risque d'émeutes de la faim en Afrique
En raison du renchérissement des denrées alimentaires de base causé par la guerre en Ukraine, le Fonds monétaire international craint des « troubles sociaux » sur le continent africain.
Risque-t-on d’assister à des « émeutes de la faim » en Afrique subsaharienne ? Dans un rapport sur l’Afrique publié ce 28 avril, le Fonds monétaire international (FMI) s’inquiète de la survenue de « troubles sociaux » suite à la forte augmentation des prix alimentaires. À cause de la guerre en Ukraine et de la flamblée des prix des denrées alimentaires, « les craintes à l'égard de la sécurité alimentaire se sont nettement accentuées » augmentant « les risques de troubles sociaux » au sein des pays vulnérables, a mis en garde jeudi l'institution dans son rapport.
« Nous sommes très inquiets de la récente flambée des prix des aliments et du carburant » en Afrique, a confié à l’AFP le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, qui redoute des risques de « protestations sociales ». Et d’ajouter : « Ce choc frappe de manière extrêmement ciblée les plus pauvres, en faisant augmenter les prix alimentaires, ceux des carburants et du transport en général, et au bout de la chaîne les producteurs de biens et services qui rehaussent leurs prix ».
Nous assistons, en effet, à une flambée des prix des denrées alimentaires à un niveau encore jamais atteint. Selon l'indice de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui comprend les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers, le plus haut record date de 2011. Celui-ci a été battu au cours du mois de mars dernier.
Maurice Gourdault-Montagne, conseiller diplomatique de Jacques Chirac de 2002 à 2007, avait alerté ce mois-ci que les sanctions adoptées par l’Occident contre la Russie risqueraient bel et bien de se traduire en une augmentation du prix des produits agricoles et des matières premières avec pour conséquence de possibles « émeutes de la faim », notamment en Afrique.
Voir aussi : Guerre en Ukraine : vers une guerre mondiale sur le schéma de 1914 ?
Pour rappel, en 2008, la progression des prix des aliments de base avait donné lieu à des « émeutes de la faim » dans une trentaine de pays, dont le Sénégal, le Cameroun, ainsi qu'au Maghreb et dans les Caraïbes.
L'Afrique sub-saharienne importe 85% de sa consommation du blé
Dans son rapport intitulé « Un nouveau choc et une faible marge de manœuvre », le FMI estime que l’augmentation des prix du blé est « particulièrement préoccupante ». L'Afrique sub-saharienne importe pas moins de 85% de sa consommation de cette céréale. En Tanzanie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, et au Mozambique, les niveaux d’importation sont notablement substantiels. Pour le FMI, les pays les plus en proie à l'insécurité alimentaire sont Madagascar, la République démocratique du Congo et les Etats autour du Sahel.
L’institution se montre pessimiste sur la situation à venir. Selon l’organisation internationale, elle pourrait être encore plus catastrophique car « bien plus de pays d'Afrique sub-saharienne étaient en meilleure santé budgétaire en 2008-2009 pour absorber le choc ».
Voir aussi : France : l'inflation bondit à 4,5% en mars, au plus haut depuis les années 1980
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