Syrie : après avoir aidé à la reprise d'Alep, Moscou veut reconstruire

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Par AFP
Publié le 13 septembre 2017 - 16:07
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Vue générale de la destruction sur le site de la mosquée des Omeyyades, le 22 juillet 2017 à Alep, e
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© George OURFALIAN / AFP/Archives
Vue générale de la destruction sur le site de la mosquée des Omeyyades, le 22 juillet 2017 à Alep, en Syrie
© George OURFALIAN / AFP/Archives

Exhibant des photos de la célèbre mosquée des Omeyyades avant et après les combats, le mufti d'Alep Mahmoud Akkam affirme avoir voulu que les habitants de la deuxième ville de Syrie financent sa restauration.

Mais Ramzan Kadyrov, l'homme fort de Tchétchénie, une République du Caucase russe, a fait une offre qui ne pouvait être refusée: rénover ce joyau architectural centenaire ravagé par quatre ans de guerre entre régime et rebelles.

"Il a beaucoup insisté", explique cheikh Akkam, lors d'un tour organisé par l'armée russe pour montrer aux journalistes que la vie reprend son cours dans la métropole septentrionale.

"Comme nous sommes de la même religion et qu'il nous comprend, nous avons accepté", poursuit-il.

Le président tchétchène est loyal au président russe Vladimir Poutine, et aime à se présenter comme une personnalité emblématique dans le monde musulman. Il est toutefois une figure controversée car accusé de nombreuses violations par les défenseurs des droits de l'Homme.

Un fonds nommé après son père, Akhmat Kadyrov, a transféré 14 millions de dollars pour financer la restauration de la mosquée.

Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la vieille ville d'Alep, qui abrite la mosquée, était l'une des lignes de front les plus violentes durant les combats entre 2012 et 2016.

Fondée sous les Omeyyades et reconstruite au XIIe siècle, la mosquée a perdu son élégant minaret seljoukide, devenu un amas de pierres, tandis que le toit en bronze du bassin à ablutions a été perforé.

- Aides russe et iranienne -

L'offre du dirigeant autoritaire est très emblématique de l'engagement de la Russie, dont le soutien militaire a permis au régime de Bachar al-Assad de renverser la donne en sa faveur depuis 2015 face aux insurgés et aux jihadistes.

C'est largement grâce aux bombardements russes que l'armée a pu reprendre fin 2016 le contrôle total d'Alep. Le secteur rebelle a été laissé en ruines, avec des immeubles aplatis et des quartiers désertés.

Mais aujourd'hui, la Russie veut se présenter comme une force de reconstruction notamment dans la vieille ville où des posters de M. Assad sont placardés près de la citadelle historique.

La Syrie peut compter sur l'aide de ses alliés, Moscou et Téhéran, pour l'aider à reconstruire.

Elle a signé un mémorandum avec l'Iran qui va fournir cinq unités de production de gaz pour générer de l'électricité et rétablir le courant à Alep.

Et la Russie a annoncé le prochain envoi de près de 4.000 tonnes de matériaux et d'équipements de reconstruction.

Cette livraison -y compris de 2.000 tonnes de conduites d'eau métalliques et des centaines de kilomètres de câbles haute tension- est en train d'être acheminée vers un port du sud de la Russie en route pour la Syrie.

- Patrouilles russes -

Selon le mufti Akkam, l'Unesco n'a pas assez pour protéger le patrimoine d'Alep, alors que le président tchétchène "a offert son aide dans une période très difficile".

M. Kadyrov a contribué à la reconstruction de la plus grande mosquée de Russie mais son fonds a été critiqué comme "l'organisation la moins transparente" par le journal d'opposition russe Novaya Gazeta.

"La Russie est là depuis un long moment", a indiqué un autre adjoint au gouverneur d'Alep, Hamed Kino. "Elle nous fournit principalement de l'aide humanitaire et médicale".

D'après lui, Moscou a aidé dans la reconstruction de l'école al-Fourqane tandis que des militaires russes aident aussi des déplacés de la province d'Alep à revenir chez eux.

Le général Igor Yemelyanov, qui dirige le centre russe pour la réconciliation en Syrie, assure que 3.500 personnes ont pu ainsi rentrer chez elles, en un mois et demi.

Dans les rues de la ville, la police militaire russe patrouille pour assurer le maintien de l'ordre, bérets rouges sur la tête et brassards en cyrillique au bras.

La plupart sont originaires de Tchétchénie, même si des officiers viennent d'autres régions du Caucase majoritairement musulman.

"Nous avons la même foi", ce qui aide à comprendre la population, explique un officier originaire de Tchétchénie. "Quand nous étions là en janvier, il y avait beaucoup de pillages, maintenant ça c'est arrêté".

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