Tensions UE-Turquie : Erdogan multiplie les provocations à l'égard des Européens

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 14 mars 2017 - 13:51
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara le 19 octobre 2016
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© ADEM ALTAN / AFP/Archives
En dépit de fréquentes frictions, Ankara reste un partenaire stratégique de l'UE, notamment dans la gestion de l'afflux de migrants.
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Le bras de fer continue entre la Turquie, les Pays-Bas et l'Allemagne. Entre provocations verbales et ripostes diplomatiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne pour sa réforme constitutionnelle, maintient sa position victimaire vis-à-vis de l'Union européenne.

La Turquie se montrait ce mardi 14 toujours aussi intraitable dans la crise avec les Pays-Bas en annonçant des sanctions diplomatiques contre ce pays et en accusant l'Union européenne de parti pris dans la brouille au sujet de meetings pro-Erdogan annulés dans certains pays membres.

La même Union européenne qui tente, pour l'heure sans succès, de désamorcer la crise entre les deux pays alors qu'Ankara fulmine contre les autorités néerlandaises pour avoir empêché deux ministres turcs de participer à des meetings de soutien au président Recep Tayyip Erdogan et à sa réforme constitutionnelle.

Le président turc, après avoir traité les dirigeants néerlandais de "nazis et de fascistes", a décrété la rupture des relations diplomatique ave les Pays-Bas et a refusé le retour de l'ambassadeur des Pays-Bas en Turquie.

Les tensions sont également vives avec l'Allemagne où vit une importante communauté turque. Recep Tayyip Erdogan s'en est pris directement à la chancelière Angela Merkel, accusée de "soutenir les terroristes". "Madame Merkel, pourquoi cachez-vous des terroristes dans votre pays? Pourquoi n'agissez-vous pas?", a ainsi lancé le président turc à la télévision. Cette diatribe était destinée à dénoncer le "soutien" qu'apporterait Berlin, selon lui, à des militants de la cause kurde (en conflit ouvert avec Ankara) et à des suspects recherchés, notamment pour leur proximité avec le mouvement Gülen, suite au coup d'Etat manqué du 15 juillet dernier, en leur offrant asile. Des accusations balayées d'un revers de la main par la chancelière allemande qui a jugé ces propos "aberrants", refusant de participer à "un concours de provocations".

Le président turc surfe ainsi sur le ressentiment d'une partie de sa population, notamment compte tenu de la paralysie des négociations d'adhésion à l'UE de la Turquie. Il a besoin d'apparaître comme un homme fort dans son pays alors qu'il entame une consultation populaire afin de valider une réforme de la constitution.

Ce référendum, qui se tiendra le jeudi 16, doit renforcer les pouvoirs de Recep Tayyip Erdogan et vise à remplacer le système parlementaire en vigueur par un régime présidentiel. Parmi les nouvelles prérogatives du président islamo-conservateur, la nomination et la révocation des ministres, la promulgation de décrets sans consultation ou encore la possibilité d'instauration de l'Etat d'urgence sans validation parlementaire. Une réforme qui fait craindre une dérive dictatoriale du pouvoir, déjà très autoritaire de Recep Tayyip Erdogan.

Le résultat du référendum s’annonce serré: les médias progouvernementaux publient régulièrement des sondages qui donnent le "oui" en tête, tandis que ceux publiés dans les rares médias d’opposition qui existent encore prédisent une victoire du "non". D'où l'intérêt pour le pouvoir de tenir des meetings à l'étranger et de pousser la population expatriée à prendre part au vote. 

En dépit de fréquentes frictions, Ankara reste un partenaire stratégique de l'UE, par exemple dans la gestion de l'afflux de migrants, notamment des Syriens qui fuient la guerre, vers l'Europe. Mais à la lumière de la crise actuelle, le ministre turc des Affaires européennes Omer Celik a évoqué lundi un "réexamen" du pacte sur la lutte contre l'immigration conclu il y a un an avec l'Europe. Et sur ce terrain, Erdogan le sait, il est toujours en position de force.

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