Gabriel Attal, coqueluche de la commedia dell’arte

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France-Soir
Publié le 03 février 2024 - 11:24
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Portrait Gabriel Attal
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"Gaby" Attal ou les dents qui rayent un parquet bien ciré et très glissant...
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PORTRAITS CRACHES - Gabriel Attal, enfant prodige de la Macronie ? C'est ainsi que le personnage nous est vendu en tout cas... Le disciple “gauchiste réformiste” de DSK, aura vite mis sa cape de “super Macroniste” pour gravir les échelons. Si son “talent” est “célébré” par ses amis politiques et bien des médias aux ordres, ses réformes aboutissent moins que peu. Mais le voici déjà à la tête d’un gouvernement, et plus jeune Premier ministre de la Ve République, à secouer le cocotier... avec les mêmes visages qu’avant. Et les mêmes polémiques. Un nouvel acte de commedia dell’arte politique, en attendant l’Elysée ? N’allons pas trop vite en besogne : aucun Premier ministre en exercice n’est jamais passé de Matignon à l’Elysée.  

Comédie, opportunisme et politique et résultats en attente...  

Gabriel Attal a grandi dans une famille aisée dans les XIIIe et XIVe arrondissements de Paris. Il baigne dans la politique dès son plus jeune âge. Comme le confie un de ses proches, le déclic, pour lui, eu lieu en 2002 lors d’une manifestation contre Jean-Marie Le Pen, présent contre toute attente au deuxième tour de la présidentielle. Le jeune Gabriel, qui pratique le théâtre en marge de ses études, a alors 13 ans. En 2006, il adhère au Parti socialiste (PS) et soutient la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007, contre Sarkozy. Entre-temps, il est admis à l’Institut d’études politiques de Paris. On lui donnera son Master en affaires publiques en 2012 (une polémique au sujet de son cursus et de ses diplômes a agité la sphère numérique récemment : on se pose des questions sur la manière dont Attal a obtenu son diplôme : il semblerait que les choses ne soient pas très claires). Il s’inscrit ensuite à l’université Panthéon-Assas pour y poursuivre une licence en droit qu’il ne parviendra pas à décrocher en raison d'un manque de présence...

Au PS, il s’identifie à la mouvance de Dominique Strauss-Kahn, ce qui lui vaut d’être identifié comme un “gauchiste réformiste” ou un sympathisant de la “deuxième gauche”, celle qui aime tant le libéralisme même dans sa version ultra. Il effectue, en 2011, un stage à l’Assemblée nationale, chez l’un des soutiens de DSK, alors candidat du PS pour l’élection présidentielle de 2012, la députée Marisol Touraine. En 2012, après l’élection de François Hollande, il retrouve sa tutrice, désormais ministre de la Santé, et intègre son cabinet en tant qu’adjoint de Benjamin Griveaux. Gabriel Attal est le plus jeune conseiller ministériel et accompagne Griveaux, jusqu’en 2014, avant de devenir préposé aux discours et conseiller politique de la ministre jusqu’en 2017. 

Simultanément, il est, depuis 2014, conseiller municipal d’opposition dans la commune de Vanves, dans les Hauts-de-Seine. Mais, en "bon politique", il anticipe les vents tournants. A l’approche des présidentielles de 2017, il adhère au parti fondé par l’ex-ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, En Marche (devenu La République en marche, LREM). Certains disent qu’il a quitté le PS dès l’annonce de la candidature de l’ancien banquier de chez Rothschild à l’élection, d’autres affirment qu’il a temporisé le temps d’obtenir une investiture pour les législatives...  

En Macronistan, petit doigt sur la couture du pantalon !  

Cette volte-face, il l’assume et l’explique par l’opposition de certains élus PS à la loi Macron ou encore par le traitement des questions identitaires et migratoires par le gouvernement en place. Il dénonce des positions dogmatiques des socialistes comme leur rejet du travail dominical : “Pendant mes études, je travaillais à plein temps comme serveur pour les financer, parfois même le dimanche”. Chez les Macronistes, il retrouve d’anciens soutiens de DSK, comme Griveaux, le père de famille bien sous tous rapports, dont il a été adjoint au ministère de la Santé quelques années plus tôt. Mais il ne fait partie d’aucune bande ou coterie.  

Il profite de son mandat de député, obtenu en 2017 dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine avec 60,94 % des voix, pour taper dans l'œil du président. Il devient l’un des “janissaires” de Macron, qui se dévouent corps et âme au chef de l’État. Ses collègues d’En Marche lui reconnaissent du “sens politique” et une “aisance à l'oral”. Logique, dès lors, qu’il devienne porte-parole de la nouvelle majorité.  

En octobre 2018, il est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. A 29 ans, Attal devient le plus jeune membre d’un gouvernement. Mais il ne s’entend pas avec Blanquer, qui “le maltraitait", si l’on en croit un autre membre du gouvernement. Chargé de plusieurs dossiers sur la jeunesse et la mise en place du service national universel, ses propositions de mesures pour réformer le monde associatif et imposer à 45 % les patrimoines légués à des associations par les plus grandes fortunes ne font pas l’unanimité et sont écartées.  

Young Global Leader pour ne rien changer  

Comme par hasard, Klaus Schwab et ses Young Global Leaders, cette filiale du Forum économique mondial (WEF) qui “infiltrent” les gouvernements, le sélectionnent pour son édition 2020. Dans la foulée, il est nommé, en pleine pandémie, porte-parole du gouvernement. "La parole aujourd’hui est importante, car expliquer les mesures, c’est faire en sorte qu'elles soient comprises, donc qu'elles soient appliquées et qu'elles aient un impact sur le virus”, tente-t-il d’argumenter pour justifier les logorrhées exécutives. Et le petit monsieur n’hésite pas à montrer les crocs lorsqu’il demande : "Qui sont les emmerdeurs ?", en désignant les personnes ayant refusé de se faire vacciner. 

Cette place de porte-parole n’aura été pour Attal qu’un “os à ronger” pour reprendre les mots du Premier ministre, Jean Castex. En mai 2022, il est nommé ministre délégué chargé des Comptes publics dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, auprès du ministre de l’Économie Bruno Le Maire (qui s’opposera, avec véhémence, dit-on, à sa nomination à Matignon). Son plan contre la fraude est accusé de faire de “l’affichage politique”. Et lui, l’adepte du travail le dimanche, tente d’expérimenter la semaine de quatre jours chez les fonctionnaires. Mesurettes et brassage d’air ne l’empêchent pas d’accéder au ministère de l'Éducation en juillet 2023 (sans pour autant avoir présenté le moindre budget...). A 34 ans, il devient le plus jeune ministre de l'Éducation nationale de l’histoire. Seule décision notable lors de son passage rue de Grenelle : l'interdiction de l’Abaya. Attal fait aussi la promotion du port de l’uniforme dans les établissements scolaires, annonce un plan contre le harcèlement scolaire dont il aurait été victime (ses épanchements à ce sujet sur une grande chaîne de télévision ont-ils fait pleurer dans les chaumières ? C'était en tout cas l'objectif de cette séquence de communication), ainsi qu’une vaste réforme du système éducatif, en ciblant le redoublement ou en prévoyant le recours à la “méthode Singapour”.  

Beaucoup d’annonces et de chantiers ouverts, aucune action majeure, quasiment aucun résultat : la méthode Attal. Les Français semblent pourtant être sous le charme, si l'on en croit la cote de popularité dont il est crédité.  

Un janissaire qui donne la jaunisse à Le Maire et Darmanin 

Le 8 janvier 2024, Élisabeth Borne présente la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron. Gabriel Attal fait vite figure de favori pour devenir le plus jeune Premier ministre de la Ve République et battre un record de précocité jusque-là détenu par un certain Laurent Fabius. Le remaniement étant présenté comme une volonté de revenir aux “sources de la Macronie”, qui de mieux qu’un des janissaires de Macron pour mener ce projet ? 

L’hostilité affichée d’un Bruno Le Maire ou d’un Gérald Darmanin ne change rien : Attal est nommé à Matignon le 11 janvier 2024. Pour le reste, on fait du neuf avec du vieux, puisque les figures clés du gouvernement Borne restent bien en place. 

Ce manque de renouvellement au sein de l’exécutif est pointé du doigt. Tout comme la nomination de Stéphane Séjourné — avec lequel Gabriel fut pacsé de 2017 à 2022 — aux Affaires étrangères. Favoritisme ? Renvoi d’ascenseur ? Népotisme ?

Et quoi de mieux, pour débuter en fanfare, qu’une polémique, liée à la scolarisation des enfants de la ministre de l’Education (Amélie Oudéa-Castéra) dans une école privée, en raison du “paquet d'heures non remplacées dans l'école publique” ? Gabriel Attal doit-il déjà s’inquiéter de la plainte pour diffamation déposée devant la Cour de justice de la République contre sa ministre, immédiatement appelée à démissionner  

Après les passages en force de Borne à coups de 49.3, le nouveau Premier ministre, en bon Macroniste respectueux des processus démocratiques, se refuse à un vote de confiance des parlementaires à l’issue de son di!scours de politique générale, le 30 janvier. 

Cette déclaration de politique générale de notre Premier ministre tout fraîchement démoulé est à l’image du reste de son parcours, où le fond comme le résultat ont bien peu d’importance.

Et, pour la première fois dans l’histoire, le programme d'un chef de gouvernement semble avoir beaucoup moins suscité l'intérêt des analystes et de l’opinion, que son orientation sexuelle. 

Attal Gabriel : qui fait l'ange fait la bête (de l'événement) ?  

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