Nicolas Sarkozy, lapin bling-bling mariné dans des affaires en tous genres
PORTRAIT CRACHE - Que dire de Sarko, tant cet homme a défrayé la chronique, de procès-verbaux en registres de tribunaux ... ? Tout ou rien ... Cet ancien président, militant, avocat puis maire dès son plus jeune âge, a cumulé les déclarations polémiques et les bourdes politiques, les relations incestueuses, les arrangements entre “amis”, ainsi que les succès et les échecs retentissants. De son ascension fulgurante à la mairie de Neuilly à son élection à la présidence de la République, en passant par ses mandats de ministre et ses démêlés judiciaires, Sarkozy incarne à lui seul les excès et les contradictions de la Ve République. Opportuniste, calculateur, il a, avec son style bling bling et sa rhétorique arrogante, navigué dans les coulisses obscures de la politique française, multipliant les réformes défaillantes et les volte-face traîtresse… ira-il jusqu’à échouer sur le sol d’une cellule ?
Ce militant de l’UDR (Union des démocrates pour la République) puis du RPR de Jacques Chirac débute sa carrière professionnelle dans le droit, grâce à son certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA), décroché quelques années plus tôt et parallèlement à son élection conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine. Il prête serment en 1981 et devient stagiaire dans un cabinet d’avocat.
Le coup de Neuilly d’un traitre débridé ...
Quand en 1983 et le maire de Neuilly-sur-Seine, Achille Peretti, décède d’un arrêt cardiaque. Le jeune Nicolas est chargé de préparer la campagne de Charles Pasqua, alors sénateur et conseiller municipal. Mais il prend de court celui qui était considéré comme son mentor pour déposer sa propre candidature. Une première traitrise... “Ce sont les conseillers municipaux eux-mêmes qui m'ont conduit à franchir le pas”, justifie-t-il. La manœuvre ne fait pas couler beaucoup d’encre puisque Charles Pasqua, qui ne reçoit pas le soutien de Jacques Chirac, renonce à se présenter suite à des problèmes de santé.
Nicolas Sarkozy est élu maire de Neuilly-sur-Seine en avril 1983. A 28 ans, il est l’un des plus jeunes maires de France. Conjointement à ce succès politique, il poursuit sa carrière. Il cofonde en 1987 un cabinet avec deux autres avocats. L’année suivante, il est élu député. Sans aucun scrupule, il se sert de son mandat de maire et de député pour se remplir les poches, attirant ainsi une clientèle fortunée désireuse de s'envoler vers les paradis ... fiscaux. Conflit d’intérêt potentiel, manquement à l’éthique... ?
Il est réélu en 1993 député dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine et intègre le “gouvernement de cohabitation” d’Edouard Balladur. Il est nommé ministre du Budget et porte-parole de gouvernement. S’il reste maire de Neuilly-sur-Seine, il déserte les sièges de l’Assemblée pour aller réduire le déficit budgétaire, histoire d’entrer dans les clous du traité de Maastricht de l’Union économique et monétaire. Mais n’y parvient pas ...
La présidentielle de 1995 approche et Nicolas Sarkozy veut devenir Premier ministre. Il porte son choix sur son supérieur hiérarchique, Edouard Balladur, au détriment de son ami, Jacques Chirac. Il abandonne même son poste de porte-parole du gouvernement pour devenir porte-parole de Balladur. Que nenni ! Le cofondateur du RPR, qui implose d’ailleurs, remporte l’élection. Nicolas le “traitre” est puni. Il n’hérite d’aucun département ministériel du gouvernement Alain Juppé. La traversée du désert dure deux ans.
Le maire revient après les législatives de 1997, organisées suite à la dissolution de l’Assemblée et remportées par la “gauche plurielle”. Nicolas revient odeur en de sainteté au RPR dont il devient secrétaire général. Philippe Séguin président du parti, démissionne en 1999, le petit avocat le remplace. Il tente de resserrer les rangs à travers une participation aux européennes de 1999 mais sa liste est défaite. Il est, certes, élu député européen mais démissionne quelques mois plus tard.
Honni de la scène politique nationale, où il était hué et conspué suite à la victoire de Chirac, méprisant son siège européen, Nicolas Sarkozy démissionne de la présidence intérimaire du RPR, qui n’aura été qu’une oasis desséchée, et se retire de la scène politique. Encore une traversée du désert.
Crédits : ARA
Un apprenti orwellien à Beauvau
Nous sommes en 2002. Cette fois-ci, il révise ses notes et soutient Jacques Chirac aux présidentielles contre Jean-Marie Le Pen. Quand il ne trahit pas ses amis, il se trahit lui-même... Il est une fois de plus pressenti pour être nommé à Matignon. Mais le président lui préfère Jean-Pierre Raffarin. Rancunier, ce Chirac ... Il hérite néanmoins du ministère de l’Intérieur en faisant son retour au gouvernement. L’hôtel de Beauvau est, sans aucun doute, sa première marche vers l’Elysée. Nicolas Sarkozy sait déjà ce qu’il veut et applique sa stratégie politique, manipulatrice, à la limite du machiavélisme.
Il adopte une posture ferme sur la sécurité, de manière à se démarquer de la droite “chiraquienne”, en assumant ouvertement un positionnement très conservateur sur les questions de l’immigration et des valeurs familiales. Son langage décomplexé, direct et provocateur, va lui permettre de capter l’attention et augmenter sa popularité.
Au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, avocat de carrière, est surtout soucieux de la présomption de ... culpabilité. Il fait adopter la loi sur la sécurité intérieure de 2003, à travers laquelle le Fichier national automatisé des empreintes génétiques, instauré en 1998 et limité à ce moment-là aux délinquants sexuels, est étendu à toute personne soupçonnée d'un quelconque délit. A ce rythme, le jeune étudiant turbulent qu’il était y serait sûrement passé, tiens ...
Le gouvernement est remanié en mars 2004 et Nicolas est nommé ministre d’État et de l’Économie. Allez savoir pourquoi, Chirac et Raffarin font appel à son expérience ratée dans la gestion du budget... Lui décèle une opportunité de plus pour compléter son profil de futur candidat à la présidentielle. A son image “d’homme de fermeté et d’action”, il souhaite ajouter celle du réformateur capable de stimuler la croissance économique.
Comme en 1993, il se charge de la réduction du déficit de la France. Comme en 1993, il accélère les privatisations totales ou partielles des entreprises publiques comme France Telecom ou Areva. Comme en 1993, il n’y parvient pas ...
Il n’en a que faire puisque sa réputation auprès des électeurs est désormais faite. Il se lance dans la conquête de l’Elysée. Il est préférable que celle-ci passe par un parti et l’avocat, maire, ministre, président du conseil général d’un département, déclare sa candidature à la présidence de l’UMP. Le président du parti, Alain Juppé, démissionne suite à des poursuites pour “prise illégale d’intérêt”. Mais Jacques Chirac voit d’un mauvais œil ce cumul de fonctions. Nicolas Sarkozy doit choisir entre son ministère et l’UMP.
Une France achetée, une seconde offerte ...
Dans un esprit aussi bien revanchard qu’ambitieux, il démissionne du gouvernement au lendemain de son élection à la tête de l’UMP, en novembre 2004. Il fait campagne en faveur du “oui” lors du référendum sur une constitution européenne mais échoue là encore. Le temps de rebondir, il revient pendant l’été 2005 à l’Assemblée, où il n’aura finalement participé à aucun débat, proposé aucune loi et fait peu d’interventions.
La victoire du “non” au référendum européen pousse le gouvernement Raffarin III à démissionner et Nicolas Sarkozy est rappelé au ministère de l’Intérieur. Son “préféré”. Il est de nouveau le “numéro 2 du gouvernement” et cette fois-ci, comme un pied de nez à Jacques Chirac, il cumule bien la présidence de l’UMP avec sa fonction ministérielle.
Il reprend là où il était : une posture autoritaire sur les questions “tabous” comme la sécurité, la délinquance ou encore l’immigration. Inquisiteur dans l’âme, Nicolas Sarkozy est à l’origine de la loi relative au traitement de la récidive des infractions pénales et la loi relative à la prévention de la délinquance. Ce dernier texte instaure alors un contrôle des activités sur Internet. La Macronie, faut le dire, a de quoi s’inspirer ... Il enfonce le clou avec la loi de lutte contre le terrorisme, qui légifère la collecte de données de connexion à Internet par les autorités sécuritaires sans contrôle judiciaire.
Mais le moment marquant de son second mandat à l’hôtel Beauvau n’est autre que sa déclaration, lors des émeutes de 2005 dans les banlieues. “Dès demain, on va nettoyer au Kärcher la cité. On y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu'il faudra, mais ça sera nettoyé (...) Vous avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien on va vous en débarrasser”.
Nicolas Sarkozy veut une “tolérance zéro” et ordonne l’expulsion de tous les étrangers condamnés à la suite de ces émeutes. Après une escarmouche politico-judiciaire avec Dominique de Villepin dans le cadre de l’affaire ClearStream, il confirme son intention de se présenter à la présidentielle. Il démissionne du gouvernement en mars 2007 pour se consacrer à sa campagne. Il est le seul candidat de l’UMP et sa campagne est, sans surprise, axée sur “la rupture”, aussi bien sur la question sécuritaire, migratoire que sur la réforme économique ... et les valeurs gaullistes, pendant qu’on y est. Après deux tours, il est élu président de la République.
En France, son élection est accueillie par des émeutes. Aux États-Unis, on salue un président plus atlantiste que son prédécesseur, plus américain que les Américains. Il fait voter la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA), instaure également le revenu de solidarité active -pour remplacer le RMI- ainsi que le statut d’auto-entrepreneur.
Sur la scène internationale, sa première action marquante est la libération en décembre 2007 des infirmières bulgares emprisonnées en Libye. Le lendemain, il reçoit Mouammar Kadhafi. Cette libération n’est pas le fruit d’efforts diplomatiques, mais un écran de fumée. Il s’agit plutôt d’une contrepartie de la signature de plusieurs contrats, avant et après la visite du dirigeant libyen. La relation incestueuse débute. L’autre contre-partie profite au Qatar, médiateur dans cette affaire, qui bénéficie d’une convention fiscale pour ses investissements en France exonérant la famille royale de tout impôt sur ses plus-values immobilières.
Un scandale, le premier d’une panoplie, éclate dès 2009 avec la publication du rapport de la Cour des comptes, qui dévoile des irrégularités dans les marchés conclus entre l'Élysée et neuf instituts de sondage. Mais Nicolas Sarkozy est intouchable, en sa qualité de président. Ce qui n’est pas le cas de ses collaborateurs, impliqués et tous condamnés.
Au lendemain de la crise financière de 2008, le “réformateur” voit le taux de chômage grimper. Il annonce un plan de relance de 26 milliards d’euros. L’embellie est de courte durée puisqu’après avoir réussi à faire baisser le taux de chômage, celui-ci repart à la hausse et se maintient à des niveaux très élevés jusqu’à son départ. Sous son mandat, la réforme des retraites faisant relever l’âge légal de départ de 60 à 62 ans est votée. La dette publique de la France dépasse 80% du PIB et augmentera, à son départ, à 500 milliards d’euros, dont 150 milliards issus de ses choix politiques, à l’instar de sa loi TEPA.
Sa tentative de réduction de la dette en brabant le stock d’or de la Banque de France, qui passe de 3 000 tonnes en 2004, lorsqu’il était ministre de l’Économie, à 2 445 tonnes fin juillet 2009, est aussi préjudiciable que vaine.
Les scandales liés à sa campagne présidentielle pointent leur nez. En 2010, le président de la République est accusé de financement illégal de sa campagne par le couple Bettencourt. L’affaire ne prendra finalement son envol qu’à son départ de l’Elysée.
Un lapin fripon sorti du chapeau de l’Oncle Sam
Plus qu’atlantiste, Sarko est surtout un lapin face aux Américains. Des documents dévoilés par WikiLeaks révèlent le penchant de l’avocat pour les États-Unis.il fréquente assidument l’ambassade US à Paris, exprimant dès 2005 son intention de se présenter à la présidentielle de 2007, bien avant de l’annoncer à ses concitoyens. Cet “admirateur de Bush”, qui ne manque pas de se lamenter auprès de l’ambassadeur sur la position ferme de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité contre une invasion de l’Irak en 2003, ne manquera pas d’en adopter les agissements.
Le “gaulliste” fait réintégrer la France dans le commandement de l’OTAN. L’héritage du général de Gaulle est trahi ... Après l’avoir accueilli en fanfare à l’Elysée, voilà Nicolas Sakozy qui exige le départ de Mouammar Kadhafi à partir de 2011, initiant une demande au Conseil de sécurité pour “prendre les mesures nécessaires” sur le sol libyen ... comme une intervention militaire.
Contrairement aux discours officiels, les considérations humanitaires n’ont pas de place ici. Ne s’agit-il pas, pour le président, de détruire des preuves ? L’administration Obama est de cet avis, selon des emails déclassifiés par le département d’État et appartenant à Hillary Clinton, alors secrétaire d’État.
Son interventionnisme, ses trahisons à répétition, son attitude jugée “bling bling”, son adoration pour le luxe et son ton de parole, sa relance ratée de l’économie font chuter sa popularité. Nicolas Sarkozy, candidat à un second mandat, est défait par François Hollande. Il a rendez-vous avec la Justice. Pas en tant qu’avocat Cette fois-ci, mais en tant qu’accusé.
Dans l’affaire Sarkozy-Kadhafi, pour commencer. Un scandale tentaculaire où chacune de ses tentatives de s’en sortir se traduit par une affaire secondaire. Des documents laissant supposer l’existence d’un versement libyen de 50 millions d’euros pour financement de sa campagne présidentielle de 2007 sont révélés. Au fil des années, l'enquête s'est élargie, impliquant plusieurs proches de Sarkozy et d'anciens dignitaires libyens. Des témoignages, des écoutes téléphoniques et des documents ont alimenté les soupçons.
Ce n’est qu’en 2023 que le parquet national financier (PNF) requerra un procès pour Nicolas Sarkozy et douze autres personnes, accusés notamment de corruption passive, de financement illégal de campagne électorale et association de malfaiteurs. La même année, il sera mis en examen pour “recel de subornation de témoin” et “participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée”, dans l’affaire de la rétractation Ziad Takieddine, témoin clé. En attendant son procès début 2025, Nicolas Sarkozy a d’autres comptes à rendre.
Peu après sa défaite à la présidentielle de 2012, il reprend en main son cabinet d’affaires, dont il détient plus de 30% des parts. Il se charge personnellement des “gros” clients, comme le groupe Lagardère, AccorHotels ou encore Qatar Investment Authority. Il intègre, comme le peut chaque ancien président, le Conseil constitutionnel mais l’essentiel de ses activités est ailleurs : outre son cabinet et son lobbysme, il est généreusement rémunéré pour tenir des conférences à l'étranger sur l'économie et la finance.
Je suis innocent, puisque je vous le dis ....
Il tente en 2014 un retour en politique. Et s’il parvient haut la main à se faire élire président de l’UMP, qui devient “Les Républicains”, il échoue à remporter la primaire de 2016, en prévision de la présidentielle de 2017. Il démissionne dès le lendemain. Il rejoint trois mois plus tard le conseil d'administration du géant hôtelier AccorHotels, qui était alors un de ses clients. Très proche d’Arnaud Lagardère, son “frère”, il est coopté au sein du conseil d’administration du groupe éponyme.
La même année en 2014, l'affaire Bismuth, liée au scandale Sarkozy-Kadhafi, éclate. Des écoutes téléphoniques, qui suscitent d’ailleurs la polémique chez les magistrats, ont révélé que l’ancien président et son avocat Thierry Herzog auraient tenté d'obtenir des informations confidentielles auprès d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, en contre-partie d'un poste prestigieux à Monaco. Cette “enquête dans l’enquête” a mis en lumière l'utilisation de lignes téléphoniques secrètes et de faux noms pour communiquer.
Cette fois-ci, l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine est condamné. En 2021, il écope de trois ans de prison, dont une ferme, pour corruption et trafic d’influence. Une décision confirmée en appel en mai 2023. Sarkozy se pourvoit en cassation. Mais ce n’est pas fini ! Il faut le dire, Nicolas a l’art de la magouille dans le sang. Toujours en 2014, c’est l'affaire Bygmalion qui fait surface et porte sur le financement illégal de la campagne présidentielle de 2012. Elle implique un système sophistiqué de fausses factures émises par la société Bygmalion pour dissimuler un dépassement massif du plafond légal des dépenses de campagne, estimé à environ 18,5 millions d'euros.
L'enquête a mis en cause plusieurs responsables de Bygmalion, de l'UMP et de l'équipe de campagne de Sarko. En septembre 2021, après un long processus judiciaire, l’ancien président et 13 autres personnes sont reconnus coupables par le tribunal correctionnel de Paris. Il est condamné à un an de prison ferme, bien qu'il ait toujours nié avoir eu connaissance de cette fraude.
Le culot, il n’en manque pas. Tant d’affaires ne l’empêchent de se voir Premier ministre de Macron, en remplacement de Borne voire d’Attal... Imagions un peu, une France aux mains de la Macronie Sarkozyste...
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