Prisé par Chirac ou Giscard, délaissé par Hollande : Brégançon, le fort des présidents

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Par AFP - Bormes-les-Mimosas
Publié le 11 mai 2018 - 13:56
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Jacques Chirac et Alain Juppé, le 25 août 1996 au fort de Brégançon
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© Anne-Christine POUJOULAT / AFP/Archives
Jacques Chirac et Alain Juppé, le 25 août 1996 au fort de Brégançon
© Anne-Christine POUJOULAT / AFP/Archives

Du général de Gaulle, qui fut le premier à y dormir, à François Hollande, qui n'y séjourna qu'une fois avant de l'ouvrir au public, le fort de Brégançon, dans le Var, est une résidence officielle du président de la République depuis 1968.

Situé dans la commune de Bormes-les-Mimosas, ce château du XVIIe siècle perché sur un piton rocheux relié à la côte par une jetée artificielle, doté d'un héliport et d'une petite plage privée, domine une superbe mer turquoise. Arrivé sur place jeudi soir, le couple Macron doit y passer le week-end.

Venu présider les cérémonies du 20e anniversaire du débarquement allié en Provence, le général de Gaulle est le premier chef de l'Etat à y passer la nuit, le 25 août 1964, mais ce n'est que 4 ans plus tard que le fort de Brégançon est affecté définitivement au ministère des Affaires culturelles pour servir de résidence officielle. Pierre-Jean Guth, architecte de la Marine nationale, transforma l'édifice militaire en une résidence agréable tout en respectant ce qui restait de la forteresse, qui reste assez austère.

Au fil des années, les présidents s'y succèdent, avec plus ou moins de régularité. Georges Pompidou et son épouse y séjournent à plusieurs reprises, et son successeur Valery Giscard d'Estaing déroule quant à lui chaque année le même programme: Brégançon, c'est une semaine pendant l'été, deux jours à la Pentecôte et un week-end l'hiver. C'est au cours d'un de ces passages au fort qu'est scellée la rupture avec Jacques Chirac, alors son Premier ministre.

François Mitterrand, lui, ne se rendra que très rarement à Brégançon, mais il y reçoit le chancelier allemand Helmut Kohl en 1985 et y passe le week-end pascal 10 ans plus tard, quelques jours avant l'élection présidentielle. Il y reçoit alors quelques journalistes, et cherche à couper court aux rumeurs alarmistes sur son état de santé, tout en assurant que "naturellement", il voterait pour Lionel Jospin --finalement battu par Jacques Chirac.

- Bâtisse assez simple -

Contrairement à son prédécesseur, et même s'il a confié s'y "emmerder", ce dernier contribuera grandement à la légende du lieu, en y faisant de nombreux séjours, en assistant à la messe à Bormes-les-Mimosas... et à la faveur d'une photo de lui dans le plus simple appareil, jumelles autour du cou, sur un balcon du Fort. Réalisée par un des paparazzis navigant au large de la bâtisse à chaque séjour présidentiel, elle n'avait finalement jamais été publiée.

A peine élu, Nicolas Sarkozy s'était pour sa part rendu au fort dès le 18 mai 2007 avec son ex-épouse Cécilia. Il y avait préparé les premiers textes de loi de son quinquennat mais n'y était revenu que fin août 2010, pour une réunion de pré-rentrée, préférant souvent passer ses vacances à quelques kilomètres, au Cap-Nègre, dans la villa de la famille de sa troisième épouse, Carla Bruni.

François Hollande, enfin, y avait passé ses premières vacances présidentielles à l'été 2012, mais avait eu la fâcheuse surprise d'être photographié en maillot de bain avec sa compagne Valérie Trierweiler par des paparazzis, et n'y était jamais retourné. Les photos avaient valu un procès au magazine VSD qui les avait publiées.

En 2014, le président socialiste rend même le fort accessible au public, en été, et uniquement sur réservation. Les visiteurs n'y découvrent ni piscine, ni court de tennis, mais une bâtisse assez simple aux étroites fenêtres, décorée de meubles années 70 mais carrelée de tomettes à la provençale.

Au Moyen-Age, le château de Brégançon, alors situé sur le continent, et non sur l'ilôt où se trouve le fort aujourd'hui, et son territoire appartiennent aux vicomtes de Marseille. Le fort restera occupé par une garnison pendant des siècles, Napoléon Bonaparte renforçant le bâtiment qu'il dote d'une artillerie imposante, tout comme le gouvernement français après la guerre de 1870.

Il sera déclassé en 1919, après la Première Guerre mondiale. L'Etat loue ensuite le fort à des particuliers jusqu'en 1963.

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