La crise chinoise entraîne une perte boursière de 90 milliards de dollars pour les marques de produits de luxe

COMMERCE - Les grandes marques mondiales de luxe, Louis Vuitton, Gucci, Christian Dior et Fendi subissent les conséquences de la crise immobilière et de la mauvaise reprise de l'économie chinoise.

Les dix plus grandes entreprises du secteur ont perdu près de 90 milliards d'euros en bourse au cours du seul mois dernier. Le géant de la mode Louis Vuitton a perdu à lui seul 25 milliards d'euros de capitalisation boursière depuis la fin du mois de juillet, soit l'équivalent de seulement 6% de sa valeur boursière, alors qu'il s'agit d'une des plus grandes entreprises européennes cotées en bourse, avec 396 milliards d'euros.

Un effondrement des ventes dans les zones franches des aéroports chinois a été observé mais une amélioration pourrait surgir au cours des derniers mois de l'année 2023. Ce n'est que depuis peu que les citoyens chinois recommencent à voyager, trois ans et demi après l'apparition du Covid-19 en Europe.

Une pression sur le secteur du luxe 

Kering, propriétaire de marques telles que Gucci, Yves Saint Laurent et Bottega Veneta, a chuté de 8% au cours du dernier mois, même si, dans ses comptes semestriels, il a reconnu une certaine "amélioration dans des régions telles que Hong Kong et Macao", où se concentrent les ventes de produits de luxe en Chine. Il s'agit de deux des trois régions, avec Taïwan, qui bénéficient d'un régime spécial, malgré l'opposition manifeste du gouvernement de Pékin.

Dans le cas de Louis Vuitton, l'Asie, hors Japon, représente 34% de son chiffre d'affaires, qui a atteint 42,4 milliards d'euros fin juin, malgré ses résultats dans cette région. Les ventes ont progressé en Chine, mais la comparaison est essentielle pour la comprendre, car en 2022 le pays était encore paralysé par la pandémie.

"La reprise en Chine reste exposée à divers risques, comme le vieillissement de la population et la chute du marché immobilier, qui affectent également la confiance des consommateurs", a reconnu la société LVMH présidée par François-Henri Pinault dans son rapport financier semestriel. 

L’influence de la Chine sur l’économie mondiale 

La faillite d'Evergrande pourrait n'être que la partie émergée de l'iceberg, d'autres sociétés immobilières telles que Country Garden étant également sous le feu des projecteurs en raison d'éventuels défauts de paiement qui pourraient s'étendre aux banques. En fait, la Banque populaire du pays a décidé la semaine dernière d'abaisser son taux de prêt bancaire à 2,5 %, son niveau le plus bas depuis quinze ans, afin de stimuler l'achat de logements parmi ses citoyens.

La Chine a clairement perdu le rythme et c'est une source d'inquiétude. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), chaque fois que le PIB de la Chine augmente de 1%, l'économie mondiale augmente de 0,3 point. L'indice ACWI (All Country World Index) des entreprises exposées à la Chine a chuté de près de 9% le mois dernier.

Les réseaux commerciaux de Pékin affectent pratiquement tous les secteurs au niveau mondial. Principalement ceux liés aux matières premières, soit parce qu'elle est le principal pays exportateur, soit parce qu'elle est la principale destination des importations.

Ces chiffres montrent que la théorie classique selon laquelle le luxe est le premier refuge vers lequel un investisseur doit se tourner en temps de crise n'a plus de sens si c'est son principal client, l'économie chinoise, qui en pâtit.