Michel-Édouard Leclerc alerte contre un "tsunami inflationniste", un "impôt" que les Français "ne voient pas arriver"
Michel-Édouard Leclerc, patron de l’enseigne éponyme de la grande distribution, était l’invité de la matinale de CNews hier, lundi 21 novembre. Durant cet entretien, l’entrepreneur a mis en garde contre un “tsunami” inflationniste "qui va coûter très cher aux Français".
L’invité de Laurence Ferrari a exprimé son regret quant à une “apathie, banalisation” de l’inflation en cours, “un impôt” que les Français, “décideurs et entrepreneurs, ne voient pas arriver”, explique-t-il. Le patron de Leclerc a énuméré quelques causes de cette inflation, comme la reprise post-Covid ou encore la guerre en Ukraine, mais pas que.
Il a aussi évoqué la nécessité de produire, en France, certains produits et surtout, les marges importantes dont bénéficient actuellement les industriels. “Si on ne se mobilise pas là où les marges se font et là où la concurrence ne se fait pas, ça va coûter très cher aux Français avec un super mur d’inflation en 2023”, a-t-il affirmé.
Edouard Leclerc a donné quelques chiffres liés à l’inflation durant ce mois de novembre, sur la base des prix des magasins et des statistiques de l’Insee. “Sur l’alimentaire, on est à 14 %, sur les produits frais, on est à 18 %”, rappelle-t-il. En plus de ces hausses “substantielles”, “on nous annonce pour 2023 des hausses qui dépassent toutes les 10% : une hausse de 17% pour les conserves de fruits et légumes, 10% sur le café, 41% sur les produits animaliers, 41%, 10% sur les féculents”, affirme M. Leclerc.
“L’alliance” des pouvoirs publics avec les lobbies industriels
Tel est le “tsunami” inflationniste contre lequel le patron de cette enseigne avertit. “La question est de savoir : est-ce que cela va durer ou pas ? C’est clair que oui. Jacques Attali parle d’une inflation décennale, disons spéculative. La production française sera plus chère, car elle va chercher à décarboner. L’alimentation aussi cherche à être meilleur sur le plan de la santé. Il faut réhabiliter des politiques de concurrence et aujourd’hui”, estime-t-il.
Lors de cette matinale, il a relevé une "ambiguïté" de la part des pouvoirs publics. “On entend Bruno Le Maire et Elisabeth Borne dire qu'il faut rester à 3-4% d’inflation pour préserver le budget avec les obligations de cotation de la France”, rappelle-t-il. Toutefois, "à côté de cela, des ministres disent aux industriels : "Faites passer vos prix, plutôt que de recevoir de l'aide"". Michel-Edouard Leclerc évoque ainsi une “alliance entre les pouvoirs publics, des parlementaires et des lobbies industriels, qui veut remporter la mise et n’accepte pas d’être mis en concurrence”.
L’entrepreneur affirme ne pas tenir de "discours anti-industriel”. Il rappelle, dans ses réponses, que l’inflation “se passe dans notre magasin” et de ce fait, “c’est à nous de négocier. Nous souhaitons que les pouvoirs publics soient de notre côté, avec nous, pour dire aux industriels, ne prenez que les hausses nécessaires”.
Il révèle également une proposition de loi, qui viserait, selon lui, à étendre la protection de l’activité agricole à l’activité industrielle. “En d’autres termes, les multinationales industrielles alimentaires réunies sous une association qui s’appelle l’ILEC, ont convaincu les députés qu’il fallait intervenir et limiter les promotions sur leurs produits et obliger les distributeurs à acheter plus cher de manière systématique, comme on l’a fait avec l’agriculteur”, explique M. Leclerc, comparant ironiquement “un agriculteur à Nestlé”.
La promotion pour pousser à l’achat
Interrogé sur la manière avec laquelle les Français pourraient faire face à l’inflation, le patron de la coopérative de la grande distribution a insisté sur l’importance des promotions et du maintien de prix abordables.
“L’argent mis en circulation par les pouvoirs publics sur l’économie française durant la crise Covid n’a pas été dépensé. Une épargne inégalement répartie dans la société française sur laquelle on peut compter pour relancer la consommation. Cette épargne ne se débloque que si les prix sont intéressants, avec des promotions...”, affirme Edouard Leclerc, qui ajoute que “la vie en promotion fait partie de la vie de tous les jours”.
Dans le cas contraire, poursuit l’entrepreneur, “les foyers arbitrent de manière très longue, viennent au magasin avec 35-40 euros. On passe des marques nationales aux marques distributeurs ou aux marques premier prix, on fait des achats mixtes”.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.