Michelin : les usines de Vannes et Cholet vont fermer, les salariés "accusent le coup"

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AFP
Publié le 05 novembre 2024 - 15:00
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Deux usines à plat et plus de 1.200 salariés sur le carreau : Michelin a annoncé mardi la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes, mettant en cause "l'effondrement" des ventes des pneus pour camions et camionnettes. 

La direction du fabricant de pneumatiques français a annoncé cette fermeture mardi matin aux 1.254 salariés de ces deux usines de l'ouest de la France, qui la craignaient depuis plusieurs semaines. 

A Vannes, "l’annonce, faite par la directrice, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup", a témoigné Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT. 

A Cholet, "ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l'abattoir et annoncé que c'était fini", a raconté à l'AFP Morgane Royer, salariée depuis "bientôt 10 ans" et déléguée syndicale SUD. "On a vu des collègues s'écrouler parce qu'ils étaient encore dans le déni." 

"Depuis des mois, on se posait des questions", a souligné Romain Déchenau, responsable syndical CFDT. "Il y a eu des investissements, des travaux. Ils nous ont donné de l'espoir, mais c'était de la poudre aux yeux." 

Les salariés ont bloqué le site peu après les annonces de la direction, qui avait prévu de toute façon d'arrêter la production jusqu'au 13 novembre. 

"Soit ils conservent nos emplois, soit ils nous payent jusqu'à notre retraite", a lancé au micro le secrétaire de la CGT, David Goubault. 

"Ils nous ont exploités pendant des années. Nous, nos parents pour certains, nos enfants pour d'autres. Il ne faut pas se contenter de ce qu'ils nous donnent. Ce n'est pas en rentrant chez nous et en étant moroses que ça va se discuter. Il va falloir commencer une lutte", a ajouté M. Goubault. 

- Ralentissement du marché - 

Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique. 

"C'est l'effondrement de l'activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin", a déclaré le PDG de Michelin, Florent Menegaux, dans un entretien avec l'AFP. 

Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans. 

Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci a réagi mardi en demandant "un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires". 

Le Bibendum n'est pas le seul à tousser. Le fort ralentissement du marché automobile provoque de graves difficultés chez les équipementiers européens et les fermetures de sites s'enchaînent. 

Selon Michelin, ces fermetures sont devenues "inéluctables" en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, les secteurs des usines de Cholet et Vannes. 

Le PDG de Michelin a également mis en cause une "dégradation lente de la compétitivité" de l'Europe, notamment liée aux coûts de l'énergie, qui empêche d'exporter. Le groupe prépare d'ailleurs la fermeture d'ici 2025 de deux usines en Allemagne. 

Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a condamné ces fermetures mardi, après les avoir annoncées dimanche. "L’industrie automobile continue de licencier, prenant prétexte des importations chinoises. Mensonge! Les marges d'une part, le coût de l’énergie de l'autre sont responsables", a-t-il affirmé sur X. 

- "Sans perspective" - 

La grande usine de Cholet (Maine-et-Loire) emploie 955 salariés, qui fabriquent principalement des petits pneus pour camionnettes, un segment en "baisse significative" en Europe "sans perspective de redressement", justifie Michelin. 

Le site de Vannes (Morbihan) compte 299 salariés qui produisent principalement des câbles métalliques pour pneus de poids lourds. 

Michelin s’engage à "accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure", avec des offres d'emplois dans d'autres entreprises ou dans le groupe, ou bien en préretraite. 

Il promet également de "participer à la création d'au moins autant d'emplois que ceux supprimés" sur le territoire, comme il l'a fait à La Roche-sur-Yon, où 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, indique le groupe. 

Michelin compte également proposer aux syndicats un plan "Michelin Industrie France 2030", qui doit permettre selon l'entreprise "aux sites français et à leurs salariés de mieux se projeter dans le futur". 

 

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