Le Canada lance un gigantesque projet pétrolier offshore, tout en se voulant "carboneutre"
Quelques jours après la remise du rapport GIEC exhortant les pouvoirs publics à réduire la consommation d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), le Canada a donné son feu vert pour un gigantesque projet pétrolier offshore. Une décision "politiquement risquée" pour le Premier ministre Justin Trudeau, qui se matérialise notamment à cause de la guerre en Ukraine. Un peu partout, les décideurs politiques reconsidèrent l'importance de l'indépendance énergétique ; le Canada ne fait pas exception et gèrent ses vastes réserves de pétrole pour protéger la sécurité économique du pays.
Des motivations politiques et économiques
Le projet de 12 milliards de dollars, baptisé “Bay du Nord”, est proposé par la société norvégienne Equinor. Il permettra d’extraire plus de 300 millions de barils de pétrole, générant 3,5 milliards de dollars canadiens (2,8 milliards de dollars) de recettes publiques, et créera des milliers d'emplois dans le bassin de la passe flamande, à quelque 500 kilomètres (310 milles) à l'Est de St Johns, à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette province canadienne a le taux de chômage le plus élevé du pays, ce qui fait de ce projet un coup de pouce économique qui semble nécessaire.
Le projet a été autorisé après quatre ans de processus d'évaluation environnementale, qui ont finalement déterminé qu'il "n'est pas susceptible de causer des effets environnementaux négatifs importants lorsque les mesures d'atténuation sont prises en compte", selon la version officielle. Ce qui n'a pas empêché les groupes environnementaux de rejeter immédiatement la décision, citant la recommandation de l'ONU d’arrêter d'exploiter de nouvelles sources de pétrole ou de risquer des impacts climatiques irréversibles et catastrophiques. "Approuver Bay du Nord est un autre pas vers un avenir invivable", a déclaré Julia Levin, de l’organisation Environmental Defence, dans un communiqué. Et d'ajouter : "Cette décision revient à nier que le changement climatique est réel et menace notre existence même."
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La promesse du "carboneutre" est-elle tenable ?
Cette décision est source d'incompréhension au sein du bloc pro-environnement du Parti libéral au pouvoir. Ce dernier doute que le Canada puisse commencer à exploiter du pétrole tout en promettant de rester "carboneutre". Le gouvernement, de son côté, assure que les émissions du projet seront inférieures à celles d'autres méthodes de production de pétrole. Le processus d'évaluation environnementale du projet, qui a débuté en 2018, a analysé l’utilisation d’un navire flottant de production, de stockage et de déchargement pour mener à bien le projet. Les représentants du gouvernement ont déclaré que des améliorations techniques, telles que l'installation d'une technologie de capture du carbone, pourraient permettre au Canada d'atteindre son objectif de réduction des émissions tout en permettant une augmentation de la production de pétrole.
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