Le lait d'amande : jeu de massacre pour les abeilles
Le lait d'amande est victime de son succès. Le trop étant l'ennemi du bien, sa production engendre un bilan environnemental de plus en plus discutable. Et une très mauvaise opération pour les abeilles.
Les Français sont de plus en plus suspicieux à l'égard des produits laitiers: méfiance envers le lactose, traite intensive des vaches,.... Ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les boissons végétales, dont la plus populaire est le lait d’amandes (2/3 de la consommation de laits végétaux). Le lait d’amande, source de protéines, de fibres, de magnésium, et d’antioxydant (la vitamine E) est considéré comme un “super aliment”, avec moins d’effets nocifs pour l'environnement: la quantité de dioxyde de carbone émise pour produire des boissons végétales est estimée 2 à 3 fois inferieur à celle générée par la production du lait de vache. Résultat: la production mondiale d’amandes a augmenté de plus de 200% en 13 ans.
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Problème d'émissions de Co2
Mais son impact écologique commence à être bancal. Bruno Parmentier, consultant et conférencier sur les questions d’agriculture, d’alimentation et de faim dans le monde alerte sur ce phénomène.
Le gaspillage d’eau et les pesticides
De plus, de toutes les boissons végétales, celle à base d'amande est la plus gourmande en eau: six fois plus que les céréales. Pour une seule amande, un agriculteur doit verser jusqu'à 4 litres d’eau. En Californie, 10 % de l’eau douce est destiné à la production des amandes. À ce gaspillage d’eau s’ajoute comme c’est le cas pour les monocultures, et spécifiquement les arboricultures, l’utilisation obligatoire des pesticides: glyphosate, fongicides et insecticides se mêlent au cocktail de désastre environnemental.
Liens entre lait d'amande et mort des abeilles
Enfin, et c’est peut-être le plus triste, la production d’amande mène à une exploitation ultra intensive de millards d’abeilles. Pour assurer la pollinisation, les agriculteurs doivent travailler de manière intensive et brève pour éviter les catastrophes des gelées de début du printemps. Des camions traversent tout le continent américain pour déplacer les ruches et réussir la pollinisation des amandiers californiens malgré les pesticides et les décalages de saison. Les abeilles sont «obligées à travailler» un à deux mois plus tôt dans l’année (par rapport aux cycles naturels) et dans des conditions peu favorables.
Exposées aux maladies
Sans biodiversité, sans champs en jachère autour qui fassent barrière naturelle, au milieu des pesticides… Les déménagements et allers-retours fragilisent considérablement les abeilles.
Les ruches, hyper concentrées, sont plus facilement exposées aux maladies qui se propagent plus rapidement. Tout cela expliquerait une mortalité annuelle exponentielle pour ces insectes hyménoptères. En quelques années la mortalité est passée de 5 % des ruches à 35 à 50 %.
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