Seine trop polluée, Coupe du monde de natation annulée : la ville de Paris veut rassurer pour les JO 2024
ESCHERICHIA COLI - L'événement sportif devait être une répétition en vue des Jeux Olympiques de 2024 à Paris... Pourtant, la Coupe du monde de natation marathon prévue dans la Seine ce week-end a été annulée. Les dernières précipitations exceptionnelles et persistantes en Île-de-France ont fait déborder les égouts, dont les eaux usées non traitées se sont retrouvées dans le fleuve. Conséquence ? Une pollution bactériologique impromptue qui a obligé ce dimanche 6 août le comité d’organisation des JO de Paris 2024, la Ville et les fédérations sportives concernées, à ne pas laisser des nageurs plonger en plein centre de la capitale. Ce raté inquiète à un an de la tenue des trois épreuves olympiques de nage en eau libre (marathon, triathlon et para-triathlon) : près du pont Alexandre-III, tout devait se dérouler dans les mêmes conditions que programmées l'été prochain.
La capitale française devait accueillir les 5 et 6 août 2023 la Coupe du monde de nage en eau libre. Une répétition, une année exactement avant le JO de Paris en 2024. Une opportunité pour les nageurs de découvrir le futur parcours olympique et s’affronter, sur une distance de 10 kilomètres, entre les ponts Alexandre III et de l’Alma. La veille de cette compétition, c’est-à-dire le vendredi, était réservée aux entraînements. Selon la programmation officielle, les nageuses étaient les premières à entrer en lice samedi avant de céder les lieux aux nageurs le dimanche.
"Déception" chez les organisateurs
Le doute planait déjà autour du maintien ou de l’annulation de cette Coupe du monde, en raison des pluies persistantes dans la capitale française. Pendant tout le mois de juillet, Paris a reçu 107 millimètres de pluies, un niveau "exceptionnel" qui n’a pas été atteint depuis plus de 20 ans et qui dépasse la norme saisonnière de 59.3mm. La World Aquatics (fédération internationale) et la Fédération française de natation (FFN) ont d’abord décidé d'annuler la journée de familiarisation prévue le vendredi 4 août. L’annonce a été faite dans un communiqué par Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris en charge du Sport, des Jeux Olympiques & Paralympiques et de la Seine. L’épreuve des nageuses a également été reportée à dimanche.
Une réunion entre le comité d’organisation, la ville de Paris et les fédérations sportives dans la nuit du samedi à dimanche, dédiée à l’étude des dernières analyses d’eau, a sonné le glas de la compétition dans son ensemble. La décision a été prise de ne pas faire plonger les nageurs et nageuses dimanche matin du pont Alexandre-III. "On est tous déçus ce matin, d'abord pour les athlètes et pour l'organisation de l'évènement. Cela s'est joué à quelques heures", a déclaré M. Rabadan.
Les analyses d’eau, qui remontent à 24 heures, n’ont pas été concluantes. Le taux de présence de la bactérie Escherichia Coli a dépassé les limites, atteignant 1.300 (Unité formant colonie/100ml) au lieu du taux maximal de 1.000 UFC imposé par la World Aquatics pour autoriser une compétition dans des eaux naturelles. "On saura lundi (aujourd'hui, ndlr) si finalement à l'instant T, c'est-à-dire à l’heure à laquelle la compétition devait débuter le dimanche, la qualité de l'eau était baignable (...) On a des relevés instantanés mais qui ne font pas partie du process d'analyses de la fédération internationale qui nous disent qu'à date, ce matin, la qualité de l'eau était bonne et le chiffre était en dessous de 1.000", a ajouté l’adjoint d’Anne Hidalgo.
Le président de cette fédération internationale, Husein Al-Musallam, a exprimé sa "déception", rappelant que "la santé des athlètes doit toujours être notre première priorité". La FFN décrit une décision "irrévocable et déchirante". "S’ils s’en doutaient – certains n’avaient même pas préparé leur sac pour la compétition –, la sentence est irrévocable et déchirante", lit-on dans un communiqué. Le comité d’organisation des JO, lui, s’est montré plutôt rassurant. "La qualité de l’eau continuera d’être surveillée attentivement, dans l’espoir confiant - sur la base des prévisions météorologiques actuelles - que des athlètes de haut niveau puissent participer à une compétition dans la Seine, lors du Test Event de Triathlon et Para Triathlon prévu du 17 au 20 août".
La World Aquatics avertit, la FFN et la ville de Paris rassurent
Malgré l’échec de ce test, à une année des épreuves de natation marathon, la FFN affirme qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter pour août 2024. "Avec l’épisode historique que l’on vient d’avoir, on va voir ce que l’on peut changer et améliorer. Les modélisations nous montrent qu’avec ce qui va être mis en place, cela va avoir un effet majeur sur la qualité de la Seine. Je suis confiante", affirme Brigitte Légaré, responsable des 24 sports qui se dérouleront dans le centre de Paris au sein du Comité d’organisation des Jeux olympiques. Le communiqué de la fédération française évoque les installations prévues à cet effet, comme la mise en place d’un bassin d’orage à Austerlitz et des bassins de stockages des eaux de pluies dans Paris.
Un autre échec lors des épreuves du triathlon prévues du 17 au 20 août serait cette fois-ci très préoccupant. Si la World Aquatics "comprend que des projets d’infrastructures seront terminés et apporteront une amélioration significative à la qualité de l’eau pour les JO l’année prochaine", elle insiste dans son communiqué sur la nécessité de "continuer à travailler avec Paris 2024 et les autorités locales pour s’assurer que des plans de contingences solides sont en place pour l’année prochaine".
L’enjeu est aussi crucial pour les JO 2024 que la ville de Paris et son avenir, puisque la maire Anne Hidalgo promet depuis de nombreuses semaines que les Parisiens pourront se baigner dans la Seine dès 2025.
Trois sites de baignade dans la Seine sont retenus : à Bras Marie, à Grenelle et à Bercy. Un aménagement qui fait partie de son plan de lutte contre les fortes chaleurs, annoncé en juin dernier, selon lequel Paris pourrait être confrontée à des températures estivales de 50° à l’horizon 2050.
Dès 2025, on pourra se baigner dans la Seine grâce aux Jeux !
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) July 9, 2023
Les 3 sites de baignade dans la Seine retenus : Bras Marie (Paris Centre), Grenelle (15e) et Bercy (12e).
Mes adjoints ont déjà fait un premier plongeon ! Ce sera bientôt votre tour et aussi le mien 😀 pic.twitter.com/Hh2dGxSgPF
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