Après l'exploit de Mamoudou Gassama, les passants se pressent en bas de l'immeuble

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Par Camille CAMDESSUS - Paris (AFP)
Publié le 01 juin 2018 - 16:15
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Photo de l'immeuble escaladé par Mamoudou Gassama pour sauver un enfant de 4 ans suspendu dans le vide, prise le 28 mai 2018
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Photo de l'immeuble escaladé par Mamoudou Gassama pour sauver un enfant de 4 ans suspendu dans le vide, prise le 28 mai 2018
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

"C'est bien là?" Depuis plusieurs jours, les curieux se pressent en bas d'un immeuble du nord de Paris. C'est cette façade que Mamoudou Gassama a escaladée pour sauver un enfant suspendu dans le vide, à l'admiration générale.

En bas de cette résidence du très populaire XVIIIe arrondissement, les passants se font tour à tour photographier en mimant l'acte de bravoure du jeune Malien: ils feignent de se suspendre à la grille haute de plus de trois mètres protégeant l'entrée de l'immeuble, sur laquelle le jeune homme a d'abord dû grimper avant de monter de balcon en balcon.

Le samedi 26 mai, celui qui allait être baptisé "le Spiderman du XVIIIe" avait créé la stupeur en escaladant la façade en une trentaine de secondes pour sauver un garçon de quatre ans accroché à un balcon.

Depuis bientôt une semaine, un flot continu de curieux se masse devant l'entrée de cet immeuble de la rue Marx Dormoy pour tenter de comprendre l'exploit: "Attends un peu, c'est pas possible... Y a trop d'espace, tu peux pas grimper!", "C'est trop fort, c'est vraiment trop fort", "Même Spiderman il aurait pas pu faire ça!".

Tous pointent du doigt le bâtiment, gesticulent et s'aventurent dans mille explications. Chacun y va aussi de sa petite anecdote: "J'y ai habité il y a 20 ans, j'ai halluciné quand je l'ai reconnu à la télé!".

Filmé par des passants, l'exploit a rapidement fait le tour du monde. Deux jours plus tard, Mamoudou Gassama, salué partout en "héros", a été reçu à l'Elysée par Emmanuel Macron. Le jeune homme de 22 ans a vu sa situation régularisée avant une prochaine naturalisation et s'est vu offrir un service civique chez les pompiers de Paris.

- "Une autre image" -

Alain, 72 ans, s'approche timidement de l'immeuble: "C'est bien là?". Résident du XVIIIe, il est "venu par curiosité, pour comprendre comment ça c'est passé". Parmi une dizaine de badauds, il lorgne la haute grille, observe méticuleusement les grillages des balcons et conclut: "Chapeau bas, c'est un sportif".

Chantal, retraitée, se réjouit que la résidence où elle habite soit devenue la nouvelle attraction du quartier: "Depuis samedi, ça n'arrête pas, chaque jour ils viennent recréer l'événement!".

Habib, 28 ans, réfugié afghan en France depuis deux ans, s'arrête pour prendre lui aussi un selfie, un grand sourire aux lèvres: "C'est bon pour l'image des réfugiés", estime-t-il. "Je suis très fier, et fier de ce que la France a fait pour lui".

Le garçonnet sauvé par Mamoudou Gassama s'était retrouvé seul sur le balcon en l'absence de son père, qui sera jugé en septembre. L'avocat des deux parents, Me Romain Ruiz, a appelé au respect de leur vie privée, soulignant qu'"ils aspirent aujourd'hui au calme afin que leur enfant puisse être tenu à l'écart du tumulte médiatique pris par cette affaire".

Depuis le magasin de chaussures juste en face de la résidence, Lassana, Sénégalais de 35 ans et témoin de la fameuse scène, rigole en regardant les curieux: "Les gens vont se faire du mal pour rien, personne peut refaire ce qu'il a fait!". "C'est spectaculaire, c'est surhumain, c'est l'adrénaline", enchaîne son patron, Marvin, gérant de la boutique.

Tous deux sont persuadés que l'événement peut apporter une image plus "positive" à ce quartier souvent stigmatisé. "Normalement, quand on en parle, c'est pour La Chapelle et les migrants", pointe Lassana. Dans le secteur de la porte de La Chapelle se recréent régulièrement des campements de migrants. Un nouveau attend d'être évacué prochainement.

L'acte de Mamoudou Gassama, "ça va donner une autre image de la rue", espère Marvin, suggérant même la pose d'une plaque commémorative.

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