Attaque de Toronto : la misogynie, un nouveau terrorisme ?
Alek Minassian, un étudiant âgé de 25 ans, a été arrêté lundi 24 à Toronto après avoir foncé dans la foule avec sa camionnette. Les enquêteurs ont vite écarté la piste terroriste, entendre par là qu'il n'aurait aucun lien avec une organisation malfaisante, et ils s'orienteraient maintenant vers la possibilité d'un crime misogyne.
Mais comme le rappelle le dictionnaire Larousse, le terrorisme est un "ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système".
Les femmes ici pourraient donc être cette "communauté" sur laquelle l'étudiant en informatique aurait voulu faire peser "un climat d'insécurité".
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L'analyse de ses comptes sur les réseaux sociaux, tous fermés depuis, a permis aux enquêteurs de relever chez cet homme une certaine défiance envers la gente féminine.
Ainsi, Alek Minassian se présentait lui-même comme un "célibataire involontaire" à cause des femmes qui d'après lui ne cédaient pas à ses avances. Sur sa page Facebook il militait en outre pour une "révolution" de tous les "célibataires involontaires", dont il disait faire partie.
Les enquêteurs ne veulent donc pas négliger cette piste qui voudrait que le crime soit dû à un sentiment de rejet de la part des femmes voire à une haine de la gente féminine.
Sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, des groupes ou personnes ouvertement hostiles aux femmes n'hésitent pas à le faire savoir. La libération de la parole qu'a permis l'affaire Weinstein n'a en effet pas calmé les personnes les plus radicales et les plus virulentes.
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Ainsi de nombreuses actrices ou même anonymes qui ont utilisé le hashtag #MeToo pour "balancer leur porc" ont parfois dû faire face à des déferlantes de haine de la part d'internautes ouvertement hostiles aux femmes ou à la libération de leur parole.
Un crime commis envers les femmes s'est d'ailleurs déjà produit sur le continent américain. C'était en 2014 en Californie aux Etats-Unis, plus exactement à Isla Vista près de Santa Barbara. Elliot Rodger, un jeune américain de 22 ans, avait tué par balle six personnes, et blessé 14 autres, avant de se donner la mort.
Elliot Rodger se disait rejeté par les femmes et l'enquête avait établi le caractère misogyne du crime. Les enquêteurs canadiens chargés de l'affaire de l'attaque de Toronto ont d'ailleurs découvert qu'Alek Minassian avait rendu hommage à l'auteur de cette tuerie peu avant de lui-même foncer dans la foule et tuer dix personnes avec sa camionnette.
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