Attentats de Paris : Najim Laachraoui, complice des djihadistes identifié et recherché
Trois jours après l'arrestation du suspect-clé Salah Abdeslam, l'enquête sur les attentats de Paris a franchi un nouveau pas ce lundi 21 avec l'identification d'un complice présumé, Najim Laachraoui, dont l'ADN a été retrouvé sur du matériel explosif utilisé le 13 novembre.
Najim Laachraoui, 24 ans, était connu jusqu'à présent sous la fausse identité de Soufiane Kayal. Désormais formellement identifié, il est "activement recherché", a précisé le parquet fédéral belge, qui a diffusé des photos. C'est sous son faux nom qu'avait été louée à Auvelais, près de Namur, une maison utilisée pour préparer les attentats qui ont fait 130 morts. Des traces de son ADN y ont retrouvées ainsi que dans la planque de Schaerbeek, selon le parquet fédéral, mais aussi sur "du matériel explosif utilisé lors des attaques", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Les policiers ont par ailleurs mis la main sur deux détonateurs dans l'appartement perquisitionné à Forest, a indiqué le parquet fédéral à l'agence de presse Belga. Aucun produit explosif n'a en revanche été découvert. Dimanche 20, le ministre belge des Affaires étrangères avait affirmé que Salah Abdeslam, qui se cachait avec Laachraoui, "était prêt à refaire quelque chose" à Bruxelles après avoir participé aux attentats de Paris.
Laachraoui, qui était parti en Syrie en février 2013, a été jugé par défaut en février à Bruxelles dans le procès d'une filière de recrutement de combattants pour la Syrie et une peine de 15 ans de prison a été requise à son encontre.
Le 9 septembre, il avait été contrôlé à bord d'une Mercedes à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans abattu par la police mardi dans la commune bruxelloise de Forest. Les enquêteurs soupçonnent Laachraoui et Belkaïd d'avoir été en liaison téléphonique avec certains des kamikazes le soir des attaques.
Il y a, selon les enquêteurs, une "forte probabilité" pour que Belkaïd ait été le destinataire du SMS "On est parti, on commence", envoyé le soir du 13 novembre par un des kamikazes du Bataclan. Un autre numéro belge avait appelé ce soir-là Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attaques, depuis le même endroit à Bruxelles.
Le 17 novembre, les visages de Belkaïd et Laachraoui avaient été captés par les caméras de surveillance d'une agence Western Union bruxelloise, où la fausse carte d'identité du premier a été utilisée pour faire un virement de 750 euros à Hasna Aït Boulahcen, la cousine d'Abaaoud, afin qu'elle lui trouve une planque en région parisienne.
"Nous avons pas mal de pièces (...) mais nous sommes encore loin d'avoir terminé le puzzle", a déclaré le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw, lors d'une conférence de presse avec le procureur de Paris François Molins à Bruxelles. Si Salah "Abdeslam décide (...) de nous donner quelques explications, ça va donner une autre lumière sur le dossier et éclairer quelques zones d'ombre", notamment "le rôle de chacun", a-t-il ajouté.
Pour son avocat Sven Mary, le Français de 26 ans "collabore" avec les enquêteurs belges et il refuse d'être remis aux autorités françaises en vertu du mandat d'arrêt européen qui le vise. Selon la procédure du mandat d'arrêt européen, une décision définitive doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de l'arrestation, ou 90 jours en cas de recours.
Pour François Molins, il y a "une forte attente de la justice et des victimes" pour qu'Abdeslam soit jugé en France.
Inculpé au lendemain de son arrestation pour assassinats terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste, Salah Abdeslam apparaît "comme ayant eu un rôle central dans la constitution des commandos du 13 novembre", en participant à l'arrivée de certains djihadistes en Europe, et "dans la préparation logistique des attentats", avait dit samedi 19 François Molins.
Il a notamment acheté le matériel nécessaire à la confection des ceintures explosives, et loué un appartement "conspiratif" à Alfortville (banlieue parisienne) ainsi que deux véhicules, avait-il précisé. Il s'agit d'une Clio noire ayant convoyé les kamikazes du Stade de France -et retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris- et d'une Polo utilisé par le commando du Bataclan.
Ce lundi, le président français a par ailleurs reçu les associations de victimes qui ont exprimé leurs doléances: indemnisation, accompagnement ou encore prise en charge des frais d'avocat. "On a l'impression d'avoir été écouté mais il n'y a pas eu d'avancées concrètes", a déclaré un rescapé de la tuerie de la salle de spectacles du Bataclan.
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