Défilé du 14 juillet : le renseignement au cœur de la guerre

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 juillet 2016 - 15:56
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Des hussards du 2e Régiment de Haguenau en formation pour de futures missions de renseignement, le 5 juin 2016 dans les Vosges
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©Patrick Hertzog/AFP
Les hommes du 2e régiment de Hussards sont les yeux de l'armée française sur le terrain.
©Patrick Hertzog/AFP
Dans la guerre contre le terrorisme et face à un ennemi souvent invisible ou difficile à identifier, les unités de renseignements militaires ont un important rôle à jouer. Les hussards du 2e Régiment de Haguenau, habitués à vivre sous terre pendant des jours, quitteront leurs cachettes le 14 juillet pour défiler sur les Champs-Elysées.

Depuis près d'une semaine, ils observent toutes les allées et venues de l'ennemi, retranchés dans un abri improvisé creusé à même le sol. Dans le désert du Sahara, théâtre privilégié des armées françaises, ces soldats de l'ombre, infiltrés derrière les lignes ennemies, se seraient enterrés dans le sable, sous des bâches couleur méhari.

Au coeur des Vosges du nord, un de leurs terrains de "jeu" habituels en métropole, les hussards du 2e Régiment de Haguenau (Bas-Rhin) qui participent jeudi au défilé du 14 juillet ont pour meilleur allié le silence de la forêt.  En quelques heures, Kevin et ses deux équipiers, en formation pour de futures missions de renseignement, ont creusé un trou assez profond pour qu'on puisse y tenir debout.

Ils l'ont consolidé avec des poutres et recouvert de branchages, fougères et mousses, reproduisant à l'identique l'écosystème ambiant. "Le but c'est d'être capable de remplir notre mission sans que personne ne sache qu'on est passés là et de repartir comme on est venus", explique le lieutenant Kevin, 25 ans, lui-même engoncé dans une tenue de camouflage vert foncé type "buisson".

"Il a fallu couper tous les rondins de bois pour avoir une toiture suffisamment solide (...) afin que si un véhicule doive passer par-dessus, nous ne soyons pas écrasés", raconte cet officier qui ne peut être identifié que par son prénom par mesure de sécurité.

D'une souche d'arbre, posée au-dessus de la cache pour mieux en dissimuler l'entrée, une paire de jumelles émerge, scrutant d'un œil perçant, 24 heures sur 24, tous les mouvements de voitures sur la route en contrebas.

Chaque véhicule suspect est pris en photo et signalé par radio à des équipiers, dissimulés un peu plus loin dans la forêt, qui transmettent sans délai l'information au poste de commandement. Les soldats "espions" n'ont qu'une angoisse: être démasqués. Dans ce cas, il faudra déguerpir au plus vite. Dans la "vraie vie", le risque serait d'être exposé au feu ennemi.

Lorsque leur toit "végétal" commence à se flétrir, ils attendent les dernières lueurs du jour pour sortir le réajuster avec des branches fraîches. Dans la cache, les trois hommes occupent tour à tour le poste d'observation (debout), de transmetteur radio (assis) et la position repos (allongé), dans une promiscuité sans pareille.

"Cela demande une certaine rusticité (qui exclut la présence de femmes). Pendant 12 jours (durée de l'exercice), on ne se lave pas, on vit sous la terre", concède Kevin. C'est précisément ce qu'ils sont venus chercher au 2e Régiment de husssards (2e RH), spécialisé dans l'infiltration par véhicules, l'observation à longue distance et le renseignement humain. "C'est un métier vraiment prenant, cela permet de se dépasser", résume le lieutenant. "Le maître mot pour moi c'est la +furtivité+, être cherché sans être trouvé", renchérit Eddy, 21 ans.

En opérations, drones, avions de chasse, systèmes d'écoutes et forces spéciales complètent le dispositif afin de cerner au plus près la réalité du terrain. Dans les guerres asymétriques actuelles, où l'ennemi est souvent insaisissable, préférant les attentats au combat régulier, le renseignement devient plus que jamais capital.

"Vous n'avez plus d'armée en face de vous, ou alors une armée qui se camoufle, est disséminée", souligne le lieutenant-colonel Jean-Hilaire Millet-Taunay, commandant du 2e RH. "Les forces françaises ne sont pas non plus très nombreuses. Pour être efficaces, elles ont besoin de cibler leur action", ajoute-t-il.

Au sixième soir de "planque", Kevin et ses équipiers reçoivent l'ordre de rejoindre une autre position, tous phares éteints, avec pour seuls guides dans la nuit noire leurs jumelles de vision nocturne. Comme les forces spéciales, ils privilégient l'action nocturne afin de rester discrets et de jouer sur l'effet de surprise.

"A la limite on se sent plus à l'aise de nuit parce qu'on a les moyens de travailler, ce que n'ont pas forcément ceux qui sont en face", murmure Kevin, encore engourdi après cinq jours sous terre sans réel sommeil.

 

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