Fusillade à Montrouge : deux survivants racontent leur face-à-face avec Coulibaly

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 23 octobre 2015 - 12:07
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La police technique et scientifique sur les lieux de la fusillade de Montrouge.
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©Charles Platiau/Reuters
Deux survivants de l'attaque de Montrouge ont décidé de témoigner pour la première fois.
©Charles Platiau/Reuters
Dix mois après les attentats de janvier, deux survivants de l’attaque de Montrouge (Hauts-de-Seine) perpétrée par Amedy Coulibaly ont décidé de sortir du silence en racontant leur face-à-face avec leur agresseur. Pour leur acte de bravoure, ils ont été décorés jeudi 22, recevant la médaille d'or de la Sécurité intérieure.

Ils sortent du silence. Dix mois après les attentats de janvier, deux survivants de l’attaque de Montrouge (Hauts-de-Seine) perpétrée par Amedy Coulibaly ont décidé de raconter leur face-à-face du 8 janvier 2015 avec leur agresseur, dans un témoigage ce vendredi 23 au Parisien. Ce jour-là, Mathis (prénom d'emprunt) et Eric Urban, tous deux chefs d'équipe propreté à la mairie de Montrouge, sont appelés pour un banal accident de la route. Sur place, Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale qui sera mortellement touchée par Amedy Coulibaly, intervient également. 

Arrivé sur les lieux, Mathis voit un homme qui "fait un pas en arrière, sort un fusil d'assaut", puis tire un premier coup de feu. Il s'agit d'Amedy Coulibaly. "J'ai croisé un taré le 8 janvier. Coulibaly, c'est un taré", a-t-il estimé avant de confier qu'il devait probablement être "shooté", l'agresseur étant désinhibé face à la violence. Au mauvais endroit au mauvais moment, son co-équipier Eric se prend directement une balle, tout comme Clarissa Jean-Philippe. "J'étais paralysé pendant une ou deux secondes. Mais on comprend que, si on ne réagit pas, on va mourir. Je me suis dit: +il ne faut pas que je tombe par terre+", s'est-il souvenu. Grièvement blessé au visage, il s'en sortira malgré tout.

Face à ce déferlement de violence, Mathis n'a plus le choix: "le seul moyen de survivre, c'est de lui sauter dessus comme une sangsue", a-t-il raconté avant d'ajouter: "ça a duré longtemps. J'ai arraché sa cagoule, j'ai tenté de le frapper". Dans la lutte, Amedy Coulibaly laisse échapper une seule phrase: "Tu veux jouer, tu vas crever". S'il se retrouve à genoux, Mathis parvient tout de même à saisir d'une main le canon de l'arme du terroriste. Amedy Coulibaly tente alors de mettre son autre main dans la poche afin d'attraper sa deuxième arme, en vain. Mathis parvient à l'en empêcher en lui attrapant le bout de la manche. 

Déterminé à terminer ce qu'il a commencé, le tireur le frappe avec le canon du fusil, sort un pistolet Tokarev avec lequel il tente de tirer. Mais au moment du clic, aucune balle ne sort, l'arme étant enrayée. Le terroriste range alors ses armes et repart, laissant Mathis sain et sauf. Amedy Coulibaly sera tué le lendemain, lors de l'assaut du RAID contre la supérette casher de la Porte de Vincennes à Paris, où il avait pris des otages et tué quatre personnes.

Si aujourd'hui les deux agents de voirie vont bien, ils estiment toutefois avoir été "oubliés". "Aucun soutien, rien, même pas une poignée de main. J'ai vécu le néant pendant dix mois", a déploré Mathis, tandis qu'Eric, qui doit encore subir des soins, a "l'impression d'être tombé dans une oubliette". Un évènement a pu toutefois attenuer leur amertume: ils ont reçu du préfet des Hauts-de-Seine, jeudi 22, la médaille d'or de la Sécurité intérieure pour leur acte de bravoure le 8 janvier dernier.

 

 

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