Liaison avec une collégienne : l'enseignant a été condamné à 18 mois de prison avec sursis
Il avait l'impression que c'était "juste" sa "copine", pas son élève "ni une fille de 14 ans": un enseignant de 31 ans a été condamné lundi à 18 mois de prison avec sursis pour avoir entretenu une liaison avec une collégienne.
En plein débat sur l'âge minimum du consentement à l'acte sexuel, le tribunal correctionnel de Fontainebleau a déclaré ce professeur mathématiques coupable d'atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions.
Les juges l'ont en revanche relaxé du chef de corruption de mineur de moins de 15 ans, estimant que l'élément de "perversion à la sexualité" n'était pas constitué.
Le tribunal a assorti son sursis d'une mise à l'épreuve comprenant une obligation de soins et lui a interdit de travailler au contact des mineurs.
"L'enseignement, c'est clairement terminé, je ne pourrai pas sereinement retourner devant une classe", avait déclaré plus tôt l'enseignant à l'allure juvénile. Un expert psychologue a souligné chez lui une "dysharmonie entre maturité intellectuelle et immaturité affective".
Le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux avec sursis. "Si (le prévenu) a pourvu à quelque chose, c'est à son éducation sexuelle plus qu'à son éducation en mathématiques", avait tancé la représentante de l'accusation.
"Déçue" par ce jugement, Margaux Mazier, l'avocate de la collégienne, s'est dite "très inquiète" que le tribunal n'ait pas interdit à l'enseignant de s'approcher d'elle.
Les parties civiles avaient demandé un supplément d'information, estimant que l'affaire aurait dû être creusée davantage, notamment pour savoir si des adultes du collège étaient au courant de la relation. Le tribunal a rejeté cette requête.
- "Sincèrement amoureux" -
La représentante du parquet a estimé qu'il y avait une "volonté d'élargir (l'affaire) à un débat sur le rôle de la société, de l'école" alors que le procès se tenait en pleines discussions sur l'instauration d'un âge de consentement minimum à un acte sexuel. Age qui doit faire l'objet d'une loi "autour du printemps", a récemment déclaré la ministre de la Justice.
Pour le parquet, l'adolescente était "en capacité de consentir à une relation sexuelle, ce serait lui faire ombrage de dire qu'elle aurait pu être troublée, aliénée".
En février 2016, alors qu'il était encore son professeur de mathématiques de 4e, la jeune fille était entrée en contact avec lui via le réseau social Instagram pour lui confier ses sentiments amoureux. Il avait d'abord fermé la porte tout en continuant de correspondre avec elle. En juin, il lui avait dit qu'il pouvait être "son petit ami".
"J'ai complètement dérapé, je n'ai pas d'excuses", a reconnu l'enseignant. "Quand j'étais en sa présence, c'était juste ma copine, pas mon élève ni une fille de 14 ans (....) On s'aimait et on était plutôt heureux ensemble."
Aux policiers, la jeune fille avait clamé son amour pour lui et déclaré qu'elle se suiciderait s'il devait aller en prison.
A l'audience, elle a affirmé qu'elle pensait avoir été "manipulée". "Je n'aimerais pas qu'il recommence sur d'autres jeunes filles, c'est un pédophile", a-t-elle accusé.
"Il n'est pas un pédophile parce qu'il y a eu une enquête, on n'a rien trouvé qui ait un lien avec d'autres mineurs", a insisté l'avocate de l'enseignant, Isabelle de Bourbon Busset. "Il n'a pas profité" de la collégienne, "il en était sincèrement amoureux", a-t-elle ajouté, soulignant qu'il s'agissait d'un "professeur jeune à son premier poste".
Quand le beau-père de l'adolescente a découvert cette relation début novembre, il s'en est pris à l'enseignant, partant avec lui dans la voiture de ce dernier. Le beau-père sera jugé ultérieurement pour violences et séquestration.
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