Prison de Fresnes : un "traitement inhumain ou dégradant", dénonce la contrôleure générale
Surpopulation "inacceptable", invasion de rats, "usage banalisé de la violence" par les surveillants: la contrôleure des prisons, Adeline Hazan, a dénoncé ce mercredi 14 dans une série de recommandations les conditions de vie "indignes" de la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Ces recommandations se basent sur une visite de deux semaines effectuée début octobre par des agents du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL).
Ils ont relevé dans la maison d'arrêt pour hommes des "dysfonctionnements graves qui permettent de considérer que les conditions de vie des personnes détenues constituent un traitement inhumain ou dégradant", contraire à la Convention européenne des droits de l'homme. La "rénovation" de l'établissement, construit à la fin du XIXe siècle, est considérée comme une "urgence".
Selon le rapport, le taux d'occupation moyen atteint 188%, le nombre de détenus - près de 3.000 - a augmenté de plus de 52% en dix ans. Plus de la moitié vivent "à trois dans une cellule" standard d'environ 10m2, un tiers à deux, et seulement 13% sont seuls. Une situation "très en-deçà des normes fixées par le Comité européen pour la prévention de la torture", relève la contrôleure. L'hygiène de l'établissement est "désastreuse", selon ses services, avec des rats qui "évoluent en masse au pied des bâtiments". Le tribunal administratif de Melun avait déjà ordonné début octobre à l'Etat d'"intensifier" les actions de dératisation à Fresnes. En 2016, deux détenus y ont contracté la leptospirose, maladie potentiellement mortelle transmise par les rats.
Fresnes souffre par ailleurs d'un personnel en sous-effectif, composé d'environ "70% de stagiaires". Dans une prison où un seul surveillant a environ 120 détenus sous sa responsabilité, le respect de leurs droits fondamentaux est "structurellement impossible", argue la contrôleure. Soumis à un "climat de tension permanente", les surveillants ont développé "un usage banalisé de la force et des violences". A Fresnes, "la fouille à corps devient la règle et non l'exception" et le personnel peut placer "pendant de longues heures" les détenus dans des "salles d'attente" surnommées "placards", sans sanitaire ni point d'eau. Trois surveillants ont récemment fait l'objet de mesures disciplinaires, relèvent les contrôleurs.
En réponse à ces observations, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a rappelé dans une lettre que le budget 2017 prévoit de lancer la construction de trois maisons d'arrêt en Ile-de-France pour désengorger les prisons. Il a aussi détaillé des travaux à venir l'an prochain, pour plus de 900.000 euros, pour lutter contre les rats.
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