24 heures dans la "Course de la liberté" : Raphaël Llodra a parcouru plus de 700 kilomètres
REPORTAGE — Courir pour « éveiller les consciences » : Raphaël Llodra, ancien champion du monde de boxe thaïlandaise, et Mickaël Peyssonneaux, artiste reconverti pour l'occasion en organisateur, sont partis le 19 février de Lourdes. Avec la « Course de la liberté », ils sillonnent la France pour rallier Paris. Nous les avons accompagnés durant 24 heures.
Jour 25 de la Course : mardi 15 mars, à Corquilleroy, près de Montargis, dans le Loiret. C’est de cette commune que Raphaël Llodra s’élancera le lendemain pour poursuivre son aventure. Chaque jour, ils dorment chez l’habitant : ceux qui offrent le gîte soutiennent sa démarche à leur manière. Certains les rejoignent pour courir avec eux, sur une partie du trajet, ou pour l’entièreté du quasi-marathon quotidien. Certains ont repéré qu’ils habitent près des points de repos.
C’est le cas de Christelle qui a proposé d’héberger les coureurs ce jour-là. Sur le programme, elle a observé avec joie que ces protestataires s’arrêteront à Corquilleroy, alors que sa famille habite à Girolles, à 3 kilomètres de la destination.
Ce parcours du combattant est marqué par la convivialité des rencontres faites en chemin. Chaque jour, Raphaël Llodra termine sa course entre 13 h et 14 h, avant de passer l’après-midi chez l’habitant entre discussions de société et jeu avec les enfants : « les gosses, c’est ce qui me repose le plus. On a fait des pâtisseries végans aujourd’hui avec eux. Ce sont les discussions avec les adultes qui demandent un peu d’énergie. Jouer avec les enfants, c'est régénérant » explique le champion de boxe thaïlandaise, enlacé par Titouan, l’aîné des deux frères.
Voir aussi : Course de la liberté : 750 km, de Lourdes à Paris en un mois
Raphaël Llodra, 29 ans, n’était pas prédestiné à se lancer dans une lutte symbolique contre « la tyrannie » et ces politiques au pouvoir qu’il veut « dégager ». Indigné par les mesures sanitaires, toujours plus injustes selon l’athlète, il rencontre lors d'une manifestation Mickaël Peysonneaux, professionnel du monde du théâtre. Les deux se lient d’amitié, et rapidement émerge le projet d’une « Course de Prométhée », inspiré du mythe grec, où Prométhée s’accapare le feu divin pour l’apporter aux humains.
Passionné de mythologie, Raphaël Llodra rêve de mettre en place ce périple, où chaque jour il allume le flambeau, courant avec de villes en villes pour « éveiller les consciences », une façon métaphorique « d’apporter le feu divin aux humains ».
Mickaël Peyssonneaux s'attelle à la logistique : il faut trouver les logements, la voiture qui les accompagne hors course, déclarer l’arrivée à Paris et trouver un accord avec la préfecture de Paris pour arriver devant un lieu symbolique. Si les autorités ont refusé l’arrivée devant Notre-Dame de Paris, ils pourront arriver samedi en haut des marches de Montmartre, devant le Sacré-Cœur.
Mercredi 16 mars, nous rejoignons les deux aventuriers chez leurs hôtes au réveil. 9 h, entraînement quotidien : il ne faut pas perdre la masse nécessaire pour ses entraînements de boxe. Étirements puis pompes, sur une main, malgré son doigt blessé, couvert d’un pansement.
Plusieurs sympathisants se sont greffés à ce projet pour partager un peu de route. Les cyclistes de Pau les ont marqués. Aujourd'hui, c’est un coureur spécialisé dans les longues distances, Éric, qui accompagne Raphaël Llodra. Il faut aussi compter sur Stéphane, venu de Saint-Nazaire, et sur un jeune boxeur qui souhaite spécialement interpeller les jeunes sur leur implication dans cette crise. Christelle et ses enfants suivent le mouvement à vélo.
Les coureurs et cyclistes s’élancent à 10 h depuis Corquilleroy. Pour ce vingt-sixième jour de course, ils comptent rallier Grez-sur-Loing, petite commune de 1 500 habitants. Musique et chant accompagnent leurs foulées : ils vont courir entre trois heures et trois heures trente aujourd’hui, avec pour seule pause un ravitaillement d’une quinzaine de minutes. Raphaël Llodra démarre à jeun.
Avant la course, l’athlète est calme, il parle lentement, la fatigue commence à s'accumuler mais le coureur affirme qu’il a pris le rythme, et que la course est plus facile maintenant qu’au départ. Les premiers jours, il courait pieds nus, un des sympathisants lui a ensuite donné une paire de chaussures de course. Le temps que ses pieds s’adaptent à la paire, il « boîte presque en courant », souffrant des jambes avant de s'habituer.
Leurs revendications sont larges : Mickaël et lui souhaitent alerter une part de la population qui n’a pas conscience des « dérives totalitaires » actuelles dans le pays. « Je veux qu’on dégage les dirigeants, les masques dans les écoles ce n’est pas possible. Tout ce qui touchait à cette vaccination, ça m’a rendu fou. » Les protestataires ne sont pas dupes des récents allégements des restrictions sanitaires : « même s'ils ont changé des trucs lundi, ça ne change rien. Ils ont bafoué les droits de l'humain et du vivant. Ce qu'ils ont fait aux enfants avec les masques, pour moi, c'est crime contre l'humanité, témoigne Raphaël Llodra, je ne le leur pardonnerai pas. On veut que les gens prennent le contrôle de leurs vies et mettent tous ces dirigeants dehors. »
À la pause ravitaillement, après plus de deux heures de courses, les enfants de Christelle s'arrêtent là, après une vingtaine de kilomètres, alors qu'ils avaient prévu d'en parcourir cinq ou six à vélo. Joues rouges et sourire aux lèvres, leurs yeux brillent d'admiration pour Raphaël Llodra.
Les coureurs souffrent, mais connaissent leur discipline. Éric, habitué à courir sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, prodigue ses conseils aux coureurs. Certains alternent entre course à pied et vélo.
Enfin ! Arrivés à Grez-sur-Loing, après avoir traversé Nemours, ils clament « Fire ! » (« feu »), leur cri de guerre, en référence à la flamme qu’ils portent de mains en mains jusqu’à Paris. Le flambeau sera vendu aux enchères, pour que les bénéfices soient reversés aux soignants suspendus pour avoir refusé de se plier à l’obligation vaccinale.
Les coureurs ont fait le plus dur : ils donnent rendez-vous samedi à tous ceux qui veulent célébrer leur arrivée, au Sacré-Cœur, à Paris, entre 14 et 15 heures.
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