Tentatives d'attentats : les trois suspectes devant le tribunal, un commanditaire français soupçonné
Le commando de femmes soupçonnées de vouloir commettre un attentat en France a été déféré lundi à Paris en vue d'une mise en examen, a annoncé le parquet de Paris, dans un contexte de menace maximale due aux appels à frapper lancés depuis la zone irako-syrienne via Internet.
Inès Madani, 19 ans, Sarah H., 23 ans, et Amel S., 39 ans, avaient été interpellées jeudi soir dans l'Essonne par les policiers lancés à leur recherche après la découverte quelques jours plus tôt, en plein cœur de Paris, d'une voiture chargée de bonbonnes de gaz. Mohamed Lamine A., 22 ans, compagnon de Sarah H., a lui aussi été présenté à la justice.
Preuve que la menace ne retombe pas dans un pays frappé depuis 2015 par une série d'attentats ayant fait 238 morts, un adolescent de 15 ans, lui aussi soupçonné de vouloir passer à l'action, devait également être déféré lundi, deux jours après son arrestation dans le XIIe arrondissement de Paris, au domicile de sa mère où il était assigné à résidence depuis avril pour radicalisation.
Point commun à ces deux dossiers pensent les enquêteurs: l'implication d'un djihadiste français qui pourrait se trouver en zone irako-syrienne, Rachid Kassim, 29 ans, originaire de Roanne, soupçonné de téléguider ses émules à distance via Telegram.
Ce réseau de messagerie est considéré aujourd'hui comme l'un des moyens de communication préférés des djihadistes, du fait de son système de cryptage et de ses forums de discussion accessibles seulement sur invitation.
Selon les enquêteurs, Rachid Kassim a déjà téléguidé, de manière plus ou moins décisive, les attaques de Magnanville (Yvelines), où Larossi Abballa a tué un policier et sa compagne le 13 juin, et de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), où Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean ont tué un prêtre le 26 juillet.
Lors de son interpellation, Sarah H., consciente d'être repérée, avait attaqué l'un des policiers dans son véhicule en lui assénant un coup de couteau, le blessant à l'épaule. Inès Madani s'était lancée sur un autre fonctionnaire, couteau à la main, avant d'être blessée par le policier.
Pour les enquêteurs, il ne fait aucun doute que les trois femmes, après l'échec de l'attaque à la voiture piégée, comptaient passer à l'action: le commando entendait "clairement (...) commettre un attentat", avait déclaré vendredi le procureur de la République à Paris, François Molins.
Ces trois femmes, dont les deux plus jeunes étaient connues des services pour leur radicalisation et des velléités de départ en Syrie, avaient évoqué des gares de l'Essonne et de Paris, ainsi que des policiers comme cibles potentielles, selon des sources proches de l'enquête.
Elles envisageaient aussi de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, précise une de ces sources. En perquisition, les policiers ont trouvé au domicile d'Amel S. sept bouteilles en verre vides, "avec à proximité ce qui pourrait s'apparenter à des mèches artisanales en papier" et dans son véhicule "deux jerricans de cinq litres avec des résidus de carburant", avait détaillé le procureur. La fille d'Amel S., âgée de 15 ans, a été relâchée dimanche.
Samedi, une première suspecte, Ornella Gilligmann, 29 ans, une convertie radicalisée, a été mise en examen et écrouée dans l'enquête sur la voiture remplie de bonbonnes de gaz. Son empreinte avait été retrouvée dans le véhicule.
D'après son récit, elle a échoué à mettre le feu au véhicule avec Inès Madani, avant de fuir à la vue d'un homme pris pour un policier en civil. Les modalités de l'attaque à la voiture piégée correspondent aux consignes que Rachid Kassim dispense via internet.
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