IVG médicamenteuse : la douleur des femmes trop souvent sous-estimée
Si l'avortement est un sujet régulièrement abordé en France, celui de la douleur lors d'une IVG l'est peu. Pourtant, d'après une étude pilotée par le centre Clotilde-Vautier de Nantes (Loire-Atlantique), et financée par la Fondation de l’Avenir parue ce vendredi 18, près d'un quart des femmes ayant réalisé une IVG médicamenteuse (75% des IVG pratiquées en 2015, selon la direction études et statistiques du ministère des Affaires sociales) ont ressenti "des douleurs très intenses" tandis qu'un tiers ont eu des saignements qui les ont inquiétées. Pour les chercheurs, ses résultats montrent la nécessité de prêter plus d'attention à la souffrance des patientes.
Au cours de leur enquête, les scientifiques ont interrogé 453 femmes ayant subi une IVG médicamenteuse. Cette dernière dure généralement cinq jours. Le premier jour, les praticiens administrent à la patiente de la mifépristone qui prépare l'organisme à l'expulsion, puis le troisième jour, cette dernière doit prendre un autre médicament déclenchant les contractions et l'expulsion. A cet instant, 27% des "sondées" ont déclaré avoir ressenti des douleurs très fortes, supérieures à 8 sur une échelle de 10. Ces patientes "sensibles" sont généralement celles qui en sont à leur première grossesse ou qui ont d'ordinaire des règles extrêmement douloureuses.
Et si les autres femmes ont moins souffert, elles ont tout de même noté une augmentation de la douleur. Ainsi, au troisième jour, l'évaluation atteint une note moyenne de 4,7 sur 10, contre environ 2 les autres jours. "C’est constamment le jour le plus douloureux, même si sur les 5 jours étudiés, les douleurs restent présentes", explique le Pr Philippe David, chef de service du centre IVG de la clinique Jules-Verne de Nantes à Pourquoi Docteur. Quant aux antalgiques prescrits pour atténuer la peine, ils n'ont que "moyennement" soulagé les sondées, révèle l'étude. "Il faudrait avoir des protocoles de prise en charge de la douleur beaucoup plus puissants", juge ainsi Mme Saurel-Cubizolles, co-auteure de l'étude. "Les patientes disent qu’elles ont été bien informées. Mais quand elles parlent de la douleur, elles disent souvent qu’elles ne s’attendaient pas à une telle douleur", renchérit le Pr David.
D'autant plus qu'outre la douleur, les femmes sont également surprises par les saignements provoqués par l'IVG médicamenteuse. Ainsi, ce phénomène inquiéterait 43% des femmes interrogées. La faute à une image trop banalisée de l'avortement en France, met en garde l'étude. Autre effet secondaire dont on ne parle pas assez: la fatigue, pourtant très intense. Et enfin, bien sûr, le sentiment de solitude ou de culpabilité que ressentent souvent les femmes qui mettent volontairement un terme à leur grossesse. "La douleur est aussi augmentée par l’anxiété psychique, la solitude… C’est pour cela que la méthode médicamenteuse n’est pas universelle", conclut Philippe David qui recommande donc un accompagnement le plus pédagogue possible de la part des professionnels de santé.
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