Le "Binge drinking" affecterait le cerveau à long terme
On se doutait que le "binge drinking", pratique qui consiste à boire au moins six verres en deux heures pour être le plus ivre possible, était mauvais pour la santé. On apprend aujourd'hui que cela aurait même des effets néfastes à long terme sur le cerveau. D'après une étude française récemment parue dans la revue Addiction Biology, cette pratique aurait en effet des effets néfastes sur la matière blanche de ceux qui s'y adonnent à l'extrême. La matière ou substance blanche comprend les axones et câbles des neurones qui forment la fameuse matière grise.
A l'adolescences, la matière blanche s'épaissit, permettant d'accélérer la vitesse de connexion des neurones. C'est pourquoi l'équipe du professeur Naassila de l'Université de Picardie s'est intéressée au cerveau de jeunes de 18 à 25 ans. Parmi la quarantaine d'étudiants suivis (hommes et femmes à parts égales), certains pratiquaient le "binge drinking", d'autres non. Pour identifier les gros buveurs, les chercheurs ont demandé aux participants de remplir des questionnaires dans lesquels ils détaillaient le nombre de verre bus par heure et la fréquence à laquelle ils avaient atteint l'ivresse au cours des six derniers mois. Puis, ils ont soumis leurs cobayes à des IRM et des tests cognitifs, deux fois à un an d'intervalle.
Ils ont ainsi pu observer que le "bing drinking" avait des répercussions anatomique visibles chez les hommes qui le pratiquaient, affectant l'intégrité de leur matière blanche et entraînant ainsi une perturbation de la connectivité. Plus ils s'adonnent au "binge drinking", moins leur matière blanche est dense. Sur le plan professionnel, cette perte se traduit par une moins bonne mémoire à court terme.
Chez les femmes, en revanche, la substance blanche ne perd pas en densité. "Sans doute parce que le cerveau des jeunes filles finit sa maturation plus tôt dans l'adolescence, alors qu'elle continue de progresser chez l'homme jeune adulte", avance le professeur Mickael Naassila, cité par Le Figaro. Pas de miracle toutefois: leurs performances cognitives sont également dégradées en cas de "binge drinking". "Peut-être la matière blanche subit-elle des altérations plus subtiles. Par ailleurs, on observe chez elles des altérations de la matière grise, formée par les neurones", ajoute Mickael Naassila.
Et n'en déplaisent au repentis, les conséquences de leurs excès sont toujours visibles un an plus tard. Ainsi, "on pense que ces altérations de la substance blanche, et grise d'ailleurs, même si elles récupèrent un peu, vont laisser des séquelles à l'âge adulte", explique Mikael Naassila.
"Cette étude tombe à point avant le réveillon, pour rappeler les méfaits du +binge drinking+, qui sont peu connus. Socialement, ce mode de consommation n'est pas perçu comme une maladie liée à l'alcool, contrairement à la dépendance. Pourtant, les deux induisent une même dégradation des capacités intellectuelles, sociales et émotionnelles: difficultés à se concentrer et à apprendre, surinterprétation des émotions des autres pouvant conduire à des réactions violentes ou, à l'inverse, à des relations sexuelles et amoureuses facilitées", juge le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, également cité par Le Figaro.
En France en 2014, 14% des 15-24 ans et 10% des 25-34 ans rapportaient s'être adonnés à la "biture express" au cours de l'année écoulée, rapporte l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).
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