Pauvreté : les Français les plus modestes sacrifient leur santé pour boucler leur budget
Des signes alertaient déjà sur cette triste tendance, qui ne fait que se confirmer avec le baromètre santé Ipsos/Secours Populaire: les personnes les plus pauvres font l’impasse sur leur santé, qui leur sert de variable d’ajustement budgétaire. En effet, parmi les Français dont le revenu mensuel net est inférieur à 1.200 euros, la moitié ont repoussé, voire même annulé, une consultation chez le dentiste (+22 points par rapport à 2008!), et 4 sur 10 en ont fait de même avec l’ophtalmologiste. Et 64% avouent avoir eu du mal à payer des actes médicaux, même quand ils sont d’ailleurs remboursés par la Sécurité sociale.
Et les difficultés s’accumulent, 48% des ménages les plus modestes admettent avoir du mal à avoir une alimentation saine, et 53% à se doter d’une mutuelle. Pire encore, ce report de soins médicaux indispensables touche également les enfants: 12% des ménages français ont déjà renoncé et/ou retardé des soins dentaires pour leurs enfants et 10% des soins optiques.
Non seulement ces chiffres sont très inquiétants, mais il est également probable qu’ils soient sous-estimés. "Il est encore plus difficile d'avouer avoir renoncé à des soins pour son enfant que pour soi-même" explique ainsi Etienne Mercier d’Ipsos. Quant à Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français (SPF), il y a là aussi une probable censure des personnes sondées car "les personnes qui viennent au Secours populaire ne parlent jamais de leur santé. Il y a une pudeur et nous avons un travail à faire auprès du grand public comme auprès d'eux pour leur expliquer que l'accès aux soins dentaires ou ophtalmologiques, ce n'est pas du luxe".
Et la situation, lentement mais sûrement continue à se diffuser à des catégories de la population qui, sans en être totalement préservées, pouvaient jusque-là échapper à la tendance: les personnes ayant un emploi. "Le travail n'apporte plus forcément la garantie d'une autonomie financière: certains salariés ne sont plus à l'abri des privations et peinent également à se soigner", confirme Julien Lauprêtre.
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