Royaume-Uni : implantation réussie d'un "oeil bionique" chez un homme de 80 ans

Au Royaume-Uni, des chirurgiens ont implanté avec succès un oeil bionique sur un retraité de 80 ans qui souffrait de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Alors qu'il avait perdu sa vision centrale, l'homme peut désormais distinguer les lignes diagonales des horizontales ou des verticales sur un écran d'ordinateur.

C'est une première mondiale sur un patient souffrant de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Au Royaume-Uni, l'équipe médicale du Manchester Royal Eye Hospital a réussi à implanter avec succès un œil bionique sur un Britannique de 80 ans souffrant de cette maladie. "Les progrès de Ray Flinn sont vraiment remarquables. Il voit vraiment bien les contours des gens et des objets", a expliqué Paulo Stanga, le chirurgien ophtalmologiste en charge de l'opération, cité par la BBC.   

En effet, deux semaines après l'implantation de cet appareil baptisé Argus-II, le retraité, qui était jusque-là "incapable de taper le code de sa carte bleue" ou de "distinguer les mauvaises herbes des fleurs" alors qu'il était jardinier dans le passé, peut désormais distinguer les lignes diagonales des horizontales ou des verticales sur un écran d'ordinateur, explique le journaliste de la BBC qui est allé à sa rencontre.

"Les premiers résultats sont un succès total et je suis impatient de traiter davantage de malades souffrant de DMLA sèche avec l'Argus-II dans le cadre de cet essai clinique", ajoute le professeur Stanga. Deux formes de DMLA existent: la sèche et l'humide. La sèche affecte 85% des malades souffrants de DMLA et provoque une perte de la vision centrale mais pas périphérique.

Car quatre nouveaux patients souffrants de DMLA devraient bientôt recevoir cet implant oculaire au Manchester Royal Eye Hospital dans le cadre de tests, explique la BBC. "Nous espérons que ces patients vont développer une vision centrale qui pourra accompagner et compléter leur vision périphérique. Nous sommes très excités par ces essais et espérons que cette technologie pourra aider les gens, dont les enfants qui souffrent d'autres sortes de perte de la vision", poursuit le Pr Stanga, précisant que, bien que l'Argus-II coûte environ 150.000 livres (environ 213.000 euros), les patients qui subissent les essais seront traités gratuitement.

Fabriqué par la société californienne Second Sight, Argus-II est un implant oculaire jusque-là utilisé sur les personnes aveugles par rétinopathie dégénérative, une maladie génétique. L'appareil, qui apparaît sous forme de lunettes de soleil, stimule artificiellement, par impulsions électrique, la rétine déficiente. Il est équipé d'une caméra miniature, d'un boîtier électronique portatif pour retraiter les données visuelles captées par la caméra et d'un système de transmission jusqu'à l'implant oculaire.

Alors que plusieurs dizaines d'aveugles souffrant de rétinopathies pigmentaires ont déjà recouvré en partie la vue grâce à l'implantation de rétine artificielle, ce système pourrait bénéficier aux plus de 30 millions de personnes dans le monde qui souffrent de DMLA, selon les chiffres de la fondation américaine Foundation Fighting Blindness (FFB). En France, parmi les 8 à 10 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, on estime à plus de 1,5 million le nombre de personnes présentant des signes, même mineurs, de DMLA. La maladie touche 15 à 20% des 65/75 ans et 25 à 30% des plus de 75 ans.

"A terme, ces recherches pourraient devenir très utiles aux gens qui perdent leur vision centrale", explique en effet Cathy Yelf, de la Macular Society au Royaume-Uni, se disant particulièrement encouragée par le succès de l'opération de Ray Flinn.