Scandale du médicament Vioxx : une plainte relance le dossier en France
Près de 40.000 morts en quatre ans aux Etats-Unis, mais aucun, officiellement, en France. Une plainte déposée vendredi 1er relance l'affaire de l'anti-inflammatoire Vioxx des laboratoires Merck and Co., commercialisé entre 2000 et 2004 avant son retrait mondial. Environ 500.000 patients français se sont vu prescrire ce médicament accusé d'avoir entraîné de graves effets secondaires, parfois mortels, et de nombreux décès outre-Atlantique.
C'est un Français qui s'estime victime du Vioxx qui a saisi la justice. Son avocat, maître Didier Jaubert, a ainsi déposé vendredi une plainte pénale pour "délit d'entrave" qui rouvre une affaire "poussée un peu rapidement sous le tapis", selon lui. Une trentaine de dossiers de demandes d'indemnisation avaient ainsi été déposés en 2010 en France mais tous avaient été refusés trois ans plus tard, sur la base d'un rapport d'experts disculpant le médicament, le laboratoire et les autorités sanitaires.
Le tout alors que l'administration américaine a en parallèle jugé le Vioxx responsable de 88.000 accidents cardiaques ou vasculaires aux Etats-Unis, dont environ 40.000 mortels, et Merck coupable de dissimulation. Le laboratoire aurait ainsi connu, et soigneusement caché, les risques liés à la prise régulière de son médicament.
Mais en France, rien. La faute à un conflit d'intérêt liant l'un des experts ayant rédigé le rapport sur lequel s'est basé la justice au laboratoire, comme le dénonce le livre Effets secondaires: le scandale français (ed. First) paru début mars? C'est à la justice de répondre.
Maître Didier Jaubert, cité par Le Parisien, rappelle pour sa part le cas de son client, un sportif accompli soudainement frappé par un infarctus, auquel il a survécu, alors qu'il prenait du Vioxx depuis plusieurs mois. Sans s'avancer, l'avocat réclame néanmoins de nouvelles expertises indépendantes. Et souligne: "statistiquement, si je prends les chiffres les plus pessimistes des Etats-Unis, (...) rapporté à la France, on devrait avoir au moins 5 000 personnes pouvant prétendre à une indemnisation et autour de 2 000 décès. Soit autant que...le Médiator".
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