De l'eau salée coule sur Mars, a annoncé la Nasa
Après des jours de suspense, la "découverte scientifique majeure" tant promise est enfin annoncée: de l'eau liquide salée coule encore sur la surface de la planète Mars, a révélé la Nasa ce lundi. "Quand la plupart des gens parlent d'eau sur Mars, ils pensent en général à de l'eau gelée ou ancestrale", a indiqué Lujendra Ojha, qui a dirigé l'équipe en charge des observations de la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) et dont les travaux ont été dévoilés dans la revue Nature Geoscience. "Nous savons désormais qu'il y a plus".
"Nos recherches soutiennent largement l'hypothèse que les formes linéaires saisonnières en pentes sont le résultat d'une activité liquide contemporaine", expliquent ainsi les chercheurs dans l'étude. Des tâches noires apparaissent en effet régulièrement à la surface de la planète rouge et sont donc le résultat de torrents d'eau saumâtre.
Des scientifiques américains et français expliquent avoir trouvé dans ces traces des signes de la présence de sels minéraux "hydratés", qui ont besoin d'eau pour leur formation. "Les résultats suggèrent fortement un lien entre les stries sur les pentes martiennes et l'écoulement de saumure liquide", indique Lujendra Ojha. "Ces traces noires se forment au printemps, grandissent à l'été et disparaissent à l'automne", a précisé la Nasa lors de sa conférence de presse.
MRO et son prédécesseur avaient déjà observé des coulées ravinant Mars en été sur les versants exposés au soleil, aussi les spécialistes avançaient l'hypothèse de l'eau depuis longtemps mais n'avaient jusque-là aucune preuve. D'autant plus que le spectromètre de MRO ne détecte pas la signature spectrale de l'eau dans ces régions. "Le problème est que ces coulées sombres qui apparaissent en été sur les pentes chaudes des cratères font au maximum 5 mètres de large, or le spectromètre CRISM avec lequel nous travaillons n'a qu'une résolution de 18 m de large, explique Marion Massé, post-doctorante au Laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes, et l'une des auteur de l'étude, citée par Le Figaro. Il est donc théoriquement très difficile de dire si ce qu'on observe est bien réel ou dû à un artefact. Mon collègue Lujendra Ohja a résolu cette difficulté en observant le même point à des moments différents, ce qui permet de détecter les variations saisonnières".
"C'est de cette manière qu'en plein été martien, pendant la période d'activité des écoulements, on détecte des sels hydratés, des perchlorates, qui disparaissent ensuite en hiver", précise Marion Massé. C'est donc une preuve indirecte que de l'eau très salée, de la saumure, s'écoule à ces endroits.
La présence de sels expliquerait comment de l'eau peut-être liquide sur Mars, où la pression atmosphérique est bien trop faible. Ainsi, les chlorates et perchlorates présents dans le sol agiraient comme des sels utilisés sur les routes pour empêcher le verglas: ils absorberaient l'eau présente dans la rosée en quantité suffisante pour alourdir le sol et entraîner son écoulement lent sur les pentes chauffées à plus de 30°. "Nous allons tenter de reproduire ce phénomène en laboratoire", précise Marion Massé, citée par Le Monde, insistant sur la nécessité de vérifier que la faible teneur en eau de l’atmosphère martienne ne contredit pas cette théorie.
Par ailleurs en dépit de l'enthousiasme de la Nasa, l'idée que ce type d'environnement humide pourrait héberger des formes de vie primitive paraît peu crédible. En effet,"l’activité de l’eau dans les solutions de perchlorate pourrait être trop faible pour servir de support à la vie telle que nous la connaissons sur Terre", nuance l'étude, mentionnant toutefois un cas analogue existant sur Terre, dans le désert de l'Atacama, où des bactéries extrêmophiles parviennent à survivre. Ces résultats portant sur quatre sites sur Mars, les signataires de l'étude estiment donc qu'il serait "justifié" de les explorer avant de s'emballer plus.
Malgré tout, la Nasa a évoqué la possibilité d'une mission humaine sur Mars "dans un futur proche". "Ces observations nous donnent une bien meilleure idée que Mars a les ressources nécessaires pour de futurs voyageurs. Je pense que nous enverrons des humains sur Mars dans un futur proche", a ainsi déclaré l'ancien astronaute et administrateur associé à la Nasa John Grunsfeld.
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