Festival de Fleurance : la vie extraterrestre existe selon des scientifiques
Y a-t-il de la vie ailleurs que sur Terre: "Oui", "peut-être", ont répondu physiciens, géologues ou spécialistes des météorites, qui ont fait part de leurs divergences lors du 26e festival d'astronomie de Fleurance (Gers). Ce rendez-vous, l'un des plus importants de la culture scientifique et d'astronomie, réunit jusqu'au 12 août une cinquantaine de chercheurs venus partager leurs connaissances dans des conférences, ateliers et débats. Parmi les thèmes de ce festival né en même temps que la Nuit des étoiles: "au fil de l'eau, la recherche de la vie".
La vie dans le système solaire ou sur une exoplanète? "C'est oui. J'ai un faisceau d'arguments. Et je serais prêt à le parier", affirme Pierre Thomas, professeur à l’École normale supérieure de Lyon, pour lequel "l'apparition de la vie a été facile sur Terre" et doit "donc être facile ailleurs". Ce géologue, travaillant à la formation des planètes et satellites et sur l'origine du système solaire, vise trois endroits où l'on pourrait, selon lui, trouver des traces de cette vie: le sous-sol profond de Mars, les océans sous-glaciaires d'Europe et d'Encelade, les satellites de Jupiter et de Saturne. Pour ce scientifique, cependant, il ne peut s'agir que d'une vie cellulaire. Et de rappeler les conditions de vie: "carbone, eau liquide, source d'énergie et molécules compliquées". "Ces molécules, on les trouve partout dans le monde interstellaire. Sur la comète Tchouri, l'instrument Rosina, placé sur l'orbiteur Rosetta, en a trouvé plein, dont la plus simple, la glycine", précise-t-il.
Brigitte Zanda, "météoritologue", se veut plus réservée sur une vie extraterrestre. Selon elle, cela "reste de l'ordre de la croyance" car "on ne sait pas encore ce qu'est vraiment la vie". "La probabilité de vie sur une planète est peut-être infinitésimale. Même si le nombre de planètes est infini, on ne peut tirer aucune conclusion", tempère-t-elle. D'autant qu'il faut "tracer une frontière entre vie et réaction chimique", prévient le géologue espagnol Juan-Manuel Garcia-Ruiz, dont les publications ont longtemps suscité des critiques de la part d'une partie de la communauté scientifique. "On n'a aucune preuve de la vie. Mes expériences ont montré que la réaction chimique peut mimer la vie primitive de la Terre", détaille le directeur du laboratoire d’études cristallographiques de Grenade. Il espère beaucoup du programme ExoMars de l'Agence spatiale européenne qui va permettre en 2020 de sonder des roches de la planète rouge. Mais il souhaite pour cette mission qu'on "développe des technologies pour déterminer les traces moléculaires de la vie".
Pour plusieurs spécialistes, l'existence d'une civilisation intelligente reste une éventualité. "Si la vie s'est développée, il est probable qu'il y ait une intelligence", remarque Mme Zanda. Une chose est sûre, l'apparence de l'extraterrestre "n'aura aucun rapport avec la forme humaine", poursuit-elle. "La nature a plus d'imagination. On a découvert sur Terre des formes de vie qui semblent bizarres", rappelle le physicien niçois Jean-Marc Levy-Leblond, alors que le Pr Thomas qualifie de menteurs "ceux qui disent avoir vu des extraterrestres avec deux bras et deux jambes". Reste à comprendre pourquoi après tant d'années de recherches, aucune trace n'a été trouvée. "Pas même le fossile d'un vaisseau spatial", plaisante le Pr Thomas.
Nos moyens techniques permettraient de détecter un signal, même très faible "à plusieurs dizaines d'années lumière", souligne le Pr Levy-Leblond, qui tente plusieurs explications: celle d'une civilisation trop évoluée technologiquement ou encore celle d'un monde sous 30 km de glace dans l'incapacité de communiquer... Cet enseignant également essayiste envisage aussi un scénario catastrophe, ce serait même "le plus probable", selon lui: "on peut envisager que des civilisations se sont auto-détruites comme nous risquons de le faire avec les guerres, la pollution...", avance-t-il. En tout état de cause, dit-il, "ce qui est bien avec la recherche de la vie, ça nous oblige à réfléchir à la nôtre".
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