Le Vatican ouvre ses portes à la réalité virtuelle, au métaverse et aux NFT
Après la quête par carte bancaire et le bénitier sans contact, l’Église catholique s'apprête à se lancer dans le métaverse ainsi que le monde des NFT. Si la réalité virtuelle n'est pas du goût de tous, l'idée d'assister à un service religieux dominical à l'aide d'un casque VR a convaincu le souverain pontife. Ainsi, le Vatican a annoncé le 5 mai dernier la possibilité pour tous les citoyens du monde de découvrir le patrimoine du Saint-Siège en réalité virtuelle, dans le métaverse.
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Une galerie virtuelle pour démocratiser l'art, les manuscrits et d'autres objets détenus par le Vatican
Une galerie virtuelle sera mise en ligne dans le courant de l'année. Le projet est une collaboration entre Sensorium, une entreprise de réalité virtuelle, et Humanity 2.0, une organisation à but non lucratif dirigée par le Vatican. Présidée par le père Philippe Larrey, cette ONG a une présence unique au Saint-Siège.
Par ailleurs, le père Larrey est spécialiste de l'analyse des effets de la technologie sur la société moderne, et des implications philosophiques de l'intelligence artificielle. Pour lui, ce projet est une occasion de démocratiser l'art et de le rendre plus largement accessible aux personnes du monde entier, "quelles que soient leurs limites socio-économiques et géographiques", a-t-il détaillé dans un communiqué.
Le Vatican est le dépositaire de certaines des plus belles œuvres et objets d'art du monde. Fondé au XVIe siècle, le petit État abrite quelque 800 œuvres d'art, dont des œuvres d'artistes de la Renaissance, tels que Michel-Ange et Raphaël, ainsi que des œuvres plus modernes de Wassily Kandinsky ou Vincent van Gogh. Les œuvres seront exposées sous la forme de NFT, des "non fungible tokens". Ces derniers fonctionnent comme des certificats d’authenticité basés sur la "blockchain", ce qui permet d’assurer qu’il s’agit bien d’une œuvre unique. En très peu de temps, les NFT sont devenus extrêmement populaires, créant un véritable marché de l’art virtuel.
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Les NFT, une façon de rentabiliser le patrimoine de l’Église ?
Les NFT permettent aujourd’hui de posséder et de collectionner les œuvres numériques. Le Vatican pourrait aussi répertorier ses NFT sur une place de marché en ligne, pour qu’ils soient achetés/vendus, même si l’attaché de presse du Vatican a affirmé qu'ils ne seraient pas utilisés en ce sens. "La nature de ce projet pour l'Humanité 2.0. est exclusivement sociale et non commerciale. De plus, ici, les NFT ne doivent pas nécessairement provenir d'œuvres d'art, mais peuvent également inclure des billets et d'autres objets", a déclaré le représentant.
L'Église catholique adoptera-t-elle aussi par la réalité virtuelle ?
La fonction de ce dispositif serait de permettre aux paroissiens de consulter leur patrimoine artistique catholique et d'écouter les évangiles. Certains religieux s'enthousiasment déjà des possibilités offertes par la réalité augmentée. Au cours de la crise du Covid-19 notamment, les Eglises virtuelles se sont décuplées, permettant à des pasteurs de procéder à des baptêmes... virtuels. D'autres paroissiens envisagent des cultes virtuels, où des fidèles pourraient être guidés à travers des lieux spirituels par l'avatar d'un prêtre, tout en écoutant des textes religieux animés et même en regardant des événements cultuels se dérouler devant leurs yeux.
Bien qu'elle soit relative à un autre sujet, cette évolution n'est pas sans rappeler les propos de Jean-Dominique Michel, qui nous mettait en garde vis-à-vis de la science : "Si l'on cherche avant tout à préserver notre système de croyances et notre idéologie à l'identique envers et contre tout, c'est comme ça qu'on se décale petit à petit du réel". Est-il nécessaire que la révolution numérique, le web 3.0, s'applique à la religion comme elle s'applique à l'industrie ou au divertissement ?
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