Une fuite “non intentionnelle” du laboratoire de Wuhan est à l’origine du Covid, selon un rapport du Sénat américain

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France-Soir
Publié le 29 avril 2023 - 08:30
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Source du rapport : https://www.documentcloud.org/documents/23782224-senate-covid-19-origins-report
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VIRUS - Le SARS-CoV-2 a “involontairement” fuité d’un laboratoire chinois. Ces nouvelles conclusions nous proviennent une nouvelle fois des États-Unis, cette fois-ci du Sénat. Dans un rapport diffusé lundi 17 avril 2023, la chambre haute du Congrès américain affirme qu’une “défaillance de bio-confinement” pendant des recherches sur un vaccin contre le SRAS-CoV-2 est à l’origine “d’un incident involontaire”. Les “preuves disponibles appuient les théories d’une fuite de laboratoire”, concluent les auteurs de ce rapport après 18 mois d’enquête.  

Le rapport, qui met à jour une version initiale publiée à l’automne 2022, a été présenté dimanche 16 avril 2023 par le sénateur républicain Roger Marshall, membre du Comité sénatorial de la santé. Le document de 301 pages a été produit avec le Dr Robert Kadlec, un ancien fonctionnaire de la santé et l’une des figures américaines de la lutte contre la pandémie de Covid-19 sous l’administration Trump.  

Le sénateur a expliqué que les enquêteurs avaient deux hypothèses. La première plaide pour une origine zoonotique naturelle, c’est-à-dire que le virus est apparu chez les animaux avant de se transmettre aux humains. Selon la seconde hypothèse, l’apparition du Covid-19 est due à une fuite de laboratoire à l’Institut de Virologie de Wuhan en Chine, où, rappelle-t-on, les premiers cas de contamination ont été détectés. 

Des lacunes de bio-confinement à l’origine de la fuite ? 

Lors de son briefing, Roger Marshall a affirmé que les enquêteurs “ont épuisé toutes les preuves qu’ils pouvaient trouver, tous les témoins à qui ils pouvaient parler, pour arriver à des conclusions”. Celles-ci sont catégoriques: “La prépondérance des preuves circonstancielles appuie un incident involontaire lié à la recherche”. Aucune des preuves disponibles n’appuie la théorie de l’origine naturelle, conclut le rapport. Le document précise néanmoins que les données requises pour étayer une source zoonotique naturelle dépendent des renseignements fournis par la Chine, “qui sont incomplets ou contradictoires”.  

Les enquêteurs avancent même des hypothèses à propos de cet incident involontaire, qui serait une “fuite d’aérosol” qui a infecté le personnel du laboratoire ou un “rejet du virus dans l’environnement en raison d’une défaillance du bio-confinement”.  

La seconde possibilité est particulièrement justifiée par l’identification au sein du laboratoire de problèmes de sécurité avant la pandémie de Covid. Le rapport se base sur des documents portant sur la modernisation du laboratoire, qui mentionnaient en 2019 la possibilité que des agents nettoyants aient causé la corrosion de joints soudés. Selon le Sénat américain, ces brevets évoquaient “des défauts chez les armoires de transfert, les autoclaves (appareils de stérilisation, ndlr), les portes étanches et les désinfectants corrosifs excessifs ayant affecté l’équipement de laboratoire en acier inoxydable et les structures de bio-confinement”. 

L’état de l’Institut de virologie de Wuhan suscitait déjà des préoccupations. En 2018, un télégramme envoyé depuis l’ambassade des États-Unis en Chine au département d’État signalait une “grave pénurie de techniciens compétents pour exploiter un laboratoire de biosécurité de niveau quatre”.  

En outre, le laboratoire avait déjà communiqué, bien avant la pandémie, sur ses expérimentations sur des rats, des chauves-souris ou des civettes palmistes pour détecter des coronavirus capables d’infecter les humains. Des expérimentations partiellement subventionnées par les États-Unis à travers les Instituts Nationaux de santé (NIH), l’une de leurs agences et l’ONG EcoHealth Alliance. Des subventions suspendues en 2020, en raison, entre autres, de lacunes de biosécurité du laboratoire de Wuhan. 

Plutôt “deux fuites” qu’une  

Parmi les informations appuyant la théorie d’une fuite de laboratoire figure la tentative, en novembre 2019, du laboratoire de se procurer un incinérateur de laboratoire. Le rapport du Sénat en déduit “une certaine inquiétude au sujet du risque d’évasion d’aérosols infectieux”. Le même mois, poursuit-on, les membres du personnel de l’Institut de virologie de Wuhan ont suivi une formation correctrice en biosécurité. 

Le rapport du sénateur Roger Marshall affirme même que “deux fuites de laboratoires” ont eu lieu à Wuhan. Des chercheurs chinois ont affirmé aux enquêteurs que les données sur les infections à Wuhan au début de la pandémie font ressortir des tendances épidémiologiques différentes. Les premières souches de la Covid-19 présentaient des différences, y compris un nombre différent de mutations, “suggérant que deux lignées du même virus ont pu émerger simultanément et progresser sur des chemins différents ou être séparées séquentiellement d’une certaine période. Une lignée présentait plus de mutations que l’autre, ce qui implique qu’elle avait circulé plus longtemps que l’autre ou qu’elle avait potentiellement traversé plus d’individus, estime le rapport. 

Dr Robert Kadlec et son équipe pensent qu’une première fuite s’est peut-être produite avant septembre 2019 puis une seconde a eu lieu à la fin de 2019, “juste avant que les chercheurs chinois ne commencent probablement à mettre au point un vaccin contre la Covid-19 qui a été testé à compter de février 2020”.  

Lors de son briefing, le sénateur Marshall a reconnu qu’il n’aurait pu y avoir qu’une seule fuite malgré l’existence de preuves qui appuient la théorie de deux fuites. Il cite la manière avec laquelle les données génomiques de l’Institut de Wuhan ont été mises hors ligne à l’automne 2019, au même moment où des athlètes militaires étrangers qui se sont rendus dans cette ville à Wuhan pour les Jeux olympiques militaires sont tombés malades avec des symptômes “compatibles” avec la Covid-19. 

À ce propos, le représentant américain en a profité pour déplorer la difficulté de son équipe d’obtenir des preuves. “Bon nombre des lacunes dans la compréhension mondiale de l’émergence du SRAS sont le résultat de la censure et de la destruction délibérée et de la dissimulation de preuves” de la part du “parti communiste chinois”.  

Il a affirmé le 18 avril à Fox News que “la Chine avait déjà élaboré une réponse au coronavirus plusieurs mois avant que le reste du monde n’apprenne son existence”. Le rapport en veut pour indices le signalement, par des diplomates américains à Wuhan en octobre 2019, d'une grippe saisonnière "vicieuse", une hausse des hospitalisations durant la même période ou encore la fermeture des écoles dans la même ville chinoise. 

“C’est involontaire” 

Le rapport conclut que les preuves disponibles plaident pour une fuite en laboratoire plutôt qu’un incident intentionnel, “malgré des contacts entre le laboratoire de Wuhan et les hauts responsables du Parti communiste chinois”. “Je pense qu’il y a des gens qui supposent le pire, et il n’y a tout simplement aucune preuve que c’était intentionnel”, a déclaré M. Marshall. “Toutes les preuves indiquent que c’est involontaire”, a-t-il dit lors du briefing. 

À l’opposé, aucune des preuves disponibles n’appuie la théorie de l’origine naturelle. 

Fin février, le Département de l'Énergie des États-Unis avait annoncé qu’il considérait désormais la fuite de laboratoire comme l’origine du Covid-19 la plus probable”. 

Deux jours plus tard, le Federal Bureau of Investigation (FBI) a emboîté le pas au ministère américain de l’Énergie. "Le FBI estime depuis un certain temps déjà que l'origine de la pandémie est très probablement liée à un incident de laboratoire à Wuhan", avait affirmé le 28 février son directeur Christopher Wray, évoquant auprès de Fox News "une fuite potentielle d'un laboratoire contrôlé par le gouvernement chinois".  

Vendredi 10 mars, le Congrès des États-Unis a adopté une loi ordonnant la déclassification des informations sur l’origine du virus.  

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