Sortie de l'euro ou Philippot, le FN devra-t-il choisir ?

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Par AFP
Publié le 22 mai 2017 - 19:52
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La présidente du FN Marine Le Pen (de face) et le vice-président du parti Florian Philippot (g), le
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La présidente du FN Marine Le Pen (de face) et le vice-président du parti Florian Philippot (g), le 2 mars 2017 à Paris
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Marine Le Pen envisage un possible départ du FN de Florian Philippot si le parti renonce finalement à la sortie de l'euro, faisant prévaloir la légitimité des adhérents sur la ligne qu'elle a portée avec son bras droit depuis 2011.

L'euro n'est que la partie émergée du débat interne depuis des années : d'un côté, autour de Marine Le Pen et Florian Philippot, ceux pour qui le FN "ni droite ni gauche" défend un souverainisme intégral: contrôle renforcé des lois, de la monnaie, des frontières et du budget face à une UE "totalitaire".

De l'autre, de nombreux frontistes, jusqu'à la direction, pour qui le salut du parti d'extrême droite passe par les thématiques chères à l'électorat de droite: immigration, identité, sécurité et fiscalité.

Les premiers jugent la sortie de l'euro non négociable, les seconds y voient un boulet électoral --notamment auprès des plus de 65 ans qui ne votent que peu pour le FN--, mais sans trancher entre abandon net et édulcoration.

Les Français ont rejeté "en bloc" la sortie de l'euro et "il faut en prendre acte", a par exemple déclaré Bernard Monot, "stratégiste économique" pourtant à l'origine de la position défendue par le FN pendant la présidentielle 2017, à savoir la transformation de l'euro "monnaie unique" en "monnaie commune" pour les échanges internationaux, à côté d'une monnaie nationale "retrouvée" au quotidien.

Cette question monétaire est le paravent de la grande explication entre "patriotes" qu'anticipaient de nombreux frontistes pour le congrès de fin d'année et qui commence plus tôt que prévu, suite aux 33,9% de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, un score record mais resté en deçà des espérances du parti.

Dans les grandes manœuvres autour de la "grande transformation" à venir du FN promise par Marine Le Pen, Florian Philippot a lancé une association "Les Patriotes", "boîte à idées (...) pour aider à la refondation" du FN, ce qui a été jugé par de nombreux frontistes a minima malvenu en pleines législatives.

- "Crispation" -

En retour, les opposants internes s'activent: Gilles Lebreton, eurodéputé FN, veut "oeuvrer après les élections à l'indispensable rénovation du FN", s'attirant ainsi selon un responsable du parti un appel "de menaces et d'insultes" de M. Philippot, que celui-ci a démenti à l'AFP.

Plus important, selon une source frontiste, Nicolas Bay, numéro trois, envisage aussi de monter au front, se sentant "un peu en première ligne du fait du retrait de Marion Maréchal-Le Pen".

"Le rapport interne se crispe", résume un responsable. "Il y a de moins en moins de milieu" entre partisans et adversaires de Florian Philippot.

Or une semaine et demi après qu'il a mis sa place dans la balance sur cette "fin" de la sortie de l'euro, la présidente du FN a acté lundi matin que l'euro serait en tant que tel sur la table: "Nous discuterons de tout" lors du congrès, il n'y a "pas de tabou" au FN.

"Si demain, les adhérents du FN décidaient qu'on doit abandonner" l'idée de sortir de l'euro, Florian Philippot "ne se sentirait plus en accord avec ses convictions" et démissionnerait, a-t-elle ajouté. "Je trouve que c'est tout à son honneur".

M. Philippot a assuré pourtant quelques heures plus tard que sortir du programme la fin de l'euro n'était "pas engagé". Même analyse du trésorier du FN Wallerand de Saint Just, l'après-midi sur LCI: Mme Le Pen "ne discute pas du fond (...) mais de la présentation de cette réforme".

Et l'ancien avocat du FN de rappeler qu'outre M. Philippot, c'est surtout le FN et Marine Le Pen qui "portent cette réforme extrêmement clivante depuis 2002". "Ceux qui se sont exprimés publiquement sur la sortie de l'euro au FN, qu'ils soient candidats contre Marine Le Pen" au prochain congrès, a-t-il mis en garde.

Florian Philippot a d'ailleurs laissé entendre que son départ ne se ferait pas sans dégâts: "Si le FN devient un parti fédéraliste et européiste, je ne vois pas très bien ce que j'aurais à y faire, mais je crois que je ne serais pas le seul".

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