Agriculture : un vaste plan d'aide face à une situation exceptionnelle

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 septembre 2016 - 12:25
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Une moisson de blé.
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©Stefphane Mahe/Reuters
L'agriculture française cette année une crise structurelle dans l'élevage et une crise conjoncturelle qui touche surtout les céréaliers.
©Stefphane Mahe/Reuters
Après une année 2016 exceptionnellement mauvaise, un plan d'aide aux agriculteurs en difficulté devrait être annoncé dans les jours à venir par l'Etat, avec la participation des banques et de la MSA, la sécurité sociale agricole.

Le ministre, Stephane Le Foll, a indiqué jeudi 15 à Rennes qu'il présenterait dans deux semaines "un plan pour l'ensemble des productions".

De mémoire d'agriculteur, c'est du jamais vu: record d'événements climatiques inhabituels en 2016, dans un contexte de surproduction et de baisse des cours mondiaux (blé, lait), mettant en péril des exploitations déjà fragiles et endettées.

De fait, l'agriculture française et ses près de 500.000 exploitations cumule cette année une crise structurelle dans l'élevage (lait, viande, dont porcs), à une crise conjoncturelle qui touche surtout les céréaliers, note une source au ministère.

Outre 100 millions de subventions publiques déjà prévues pour l'élevage, le plan attendu propose surtout une aide au refinancement pour que les agriculteurs puissent restructurer leurs emprunts avec des garanties publiques car nombre d'entre eux sont considérés comme défaillants en ce moment, explique la même source.

Les producteurs de lait sont touchés de plein fouet par la chute des cours et la surproduction mondiale qui a suivi l'arrêt des quotas laitiers européens en 2013. De nombreux éleveurs ont déjà mis la clé sous la porte. En silence. Pour preuve: les demandes de prime d'activité, l'équivalent du RSA, explosent.

L'an dernier, ces demandes ont doublé par rapport à 2014. Sur les 6 premiers mois de 2016, la MSA en a enregistré 150.000 alors qu'elle en avait planifié 60.000 pour l'année. Si 5% des fermes françaises disparaissent par an, dans le secteur laitier, le nombre de fermetures va doubler cette année, estime la FNPL (fédération nationale des producteurs laitiers). Et 82.000 vaches laitières devraient disparaître.

Dans l'élevage, les crises se sont empilées. L'embargo russe a eu un impact très négatif sur les exportations de viande. Et même si les cours du porc sont remontés, la crise porcine de l'été 2015 a aussi laissé des traces.

"Mon exploitation était déjà endettée à 70% mais, comme je n'avais pas pu vendre mes porcs l'hiver dernier, je me suis tournée vers mon banquier pour vivre", explique à l'AFP une agricultrice du Doubs sur une exploitation de 200 hectares.

Pour les céréaliers, c'est le cumul d'une météo capricieuse en France (gels tardifs, manque de luminosité, inondations) et d'une production record en Russie et aux Etats-Unis qui est dévastateur: faible production et cours très bas.

La production de blé tendre - celui qui sert à faire le pain - devrait chuter de 30% par rapport à l'an passé. La France, géant de l'agroalimentaire et premier exportateur de blé en Europe, va tomber de son piédestal.

"En blé, nous sommes moins bons qu'en 1976 mais, à cette époque-là, l'Etat était encore riche", dit un céréalier à l'AFP. L'année 1976 reste en effet dans les annales des catastrophes agricoles: une sécheresse historique et la création d'un impôt solidarité spécial qui a fait couler beaucoup d'encre.

Dès juillet, Xavier Beulin, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, tirait la sonnette d'alarme et demandait un plan d'ensemble pour l'agriculture, impliquant les banques et la MSA. Cette semaine, il a souhaité rencontrer le Premier ministre, Manuel Valls, pour lui demander d'arbitrer en faveur d'un fonds de réassurance pour refinancer les exploitations.

"Nous demandons de partager avec les pouvoirs publics le diagnostic que nous faisons sur les pertes liées au climat, aux marchés ainsi qu'aux crises sanitaires qui génèrent des niveaux de perte jamais vus sans doute depuis l'après-guerre", a indiqué M. Beulin, qui chiffre les besoins entre 4 et 5 milliards d'euros.

Pour comparaison, la nouvelle tranche du pacte de responsabilité pour les entreprises, dont ne bénéficient pas les entreprises agricoles, coûtera à l'Etat 5 milliards d'euros rien qu'en 2017.

En prélude au plan national, le préfet de l'Ile-de-France, très touchée par les intempéries, a diffusé vendredi un communiqué intitulé "l'Etat, la MSA et les banques, tous mobilisés pour les agriculteurs d'Ile-de-France".

Ainsi les agriculteurs de Seine-et-Marne, de la Brie française, du Gâtinais et de la Beauce seront exonérés de 60% de leur taxe sur le foncier non bâti, qui correspond au taux de dommage moyen subi.

Ceux qui ont perdu plus pourront faire des demandes à une cellule d'urgence pour obtenir un dégrèvement supplémentaire. Dans les autres départements franciliens, ils seront exonérés de 50%, sauf demande individuelle.

La MSA reportera aussi d'un an les cotisations des exploitations dont le revenu est inférieur à 4.248 euros par an, soit un quart des agriculteurs franciliens. Côté banques, le Crédit agricole et le Crédit Mutuel se sont engagés à reporter automatiquement le remboursement de l'annuité des prêts bancaires.


 

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