En difficulté, le fabricant de Barbie supprime des emplois
Le fabricant de jouets américain Mattel a annoncé une nouvelle cure d'austérité, prévoyant des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines afin d'économiser en tout 650 millions de dollars lors des deux prochaines années.
Le propriétaire de la célèbre poupée Barbie a également décidé de suspendre le versement du dividende au quatrième trimestre, une mesure qui pourrait lui permettre d'économiser 50 millions de dollars supplémentaires.
Le titre a chuté de 8,91% à 14 dollars vendredi à Wall Street. Il a perdu près de 52% depuis janvier.
La restructuration annoncée va entraîner "une réduction des effectifs globaux", a déclaré le directeur financier Richard Dickson, lors d'une conférence téléphonique.
"Nous allons faire attention à ne pas toucher aux employés en contact avec les clients" au quotidien, a-t-il ajouté sans donner davantage de détails ni sur le nombre d'emplois qui vont être supprimés, ni sur les zones géographiques concernées, ni sur les métiers affectés.
Mattel prévoit de simplifier son processus de prise de décision, en éliminant des postes de managers intermédiaires jugés "superflus" et va également fermer des usines, réorganiser sa chaîne logistique et se débarrasser de 40% de ses marques pour ne se concentrer que sur des produits phares tels Barbie et les jeux pour bébés et d'éveil Fischer-Price.
La société, qui avait déjà un programme d'économies de 200 millions de dollars en cours, suspend également le recours aux consultants externes et aux CDD.
Cette cure d'austérité intervient au moment où le groupe a essuyé une perte nette de 603,3 millions de dollars au troisième trimestre achevé fin septembre. Il avait enregistré un bénéfice net de 236,3 millions de dollars à la même époque en 2016.
- Doutes de S&P et de Moody's -
"Notre performance du troisième trimestre est clairement décevante", a reconnu la PDG Margaret Georgiadis, expliquant que les résultats ont été plombés par une charge fiscale de 561,9 millions de dollars, la faillite du distributeur de jouets Toys "R" Us et une mauvaise gestion des stocks.
La plupart des marques ont connu un passage à vide: les ventes de Barbie ont baissé de 6%, celles de Fischer-Price de 15%. Les recettes des produits American Girl ont plongé de 30% et celles des jeux de construction (Mega Bloks) ont dévissé de 29%.
Quant au distributeur Toys "R" Us, qui a déposé récemment son bilan, il vendait les jouets Mattel dans ses magasins à travers le monde et avait ainsi contribué pour 11% aux ventes totales en 2016. Au moment de sa banqueroute, il a annoncé devoir 135,64 millions de dollars au fabricant de jouets.
Le chiffre d'affaires trimestriel a plongé de 13% à 1,56 milliard de dollars, bien en deçà du 1,82 milliard escompté en moyenne par les analystes financiers.
Mattel promet que ses ventes vont se "stabiliser" au quatrième trimestre, "ce qui va se traduire par une baisse d'environ 5% des ventes annuelles comparé à 2016", a assuré Richard Dickson, le directeur financier.
Estimant que l'entreprise va continuer à être confrontée à des incertitudes, l'agence S&P Global Ratings a abaissé la note de deux crans, à "BB", et l'a assortie d'une perspective "négative", signal d'une dégradation supplémentaire à moyen terme.
"Des incertitudes demeurent sur l'exécution et la durée du plan de relance en cours, et notamment sur le nouveau programme de réduction des coûts et à notre avis il est improbable que Mattel puisse améliorer son bénéfice d'exploitation dans les les deux prochaines années", argumente S&P.
"Les efforts de Mattel pour restaurer ses marges (...) vont prendre beaucoup plus de temps qu'on ne croyait", renchérit Linda Montag chez Moody's, qui a également abaissé d'un cran la note, à "Baa2" et prévoit de la dégrader encore.
Mme Georgiadis, qui a travaillé chez Google, a promis que Mattel allait renforcer son offensive dans le numérique, en mettant l'accent sur les jouets connectés et en se renforçant dans les jeux vidéo pour redynamiser les ventes.
L'une de ses premières initiatives a été de faire évoluer le look de Ken, le célèbre fiancé de Barbie au brushing impeccable, qui apparaît désormais en trois morphologies: "mince" (slim), "costaud" (broad) et "classique" (original).
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