Cryptage : Apple réplique au FBI en justice, avant une audition au Congrès

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 février 2016 - 09:21
Image
La nouvelle génération d'iPhones.
Crédits
©Newscom/Sipa
Apple s'est dit prêt à porter l'affaire devant la Cour suprême et cherche à l'amener sur le terrain politique.
©Newscom/Sipa
Apple est passé jeudi à la réplique judiciaire dans son bras de fer avec le FBI, qui veut l'obliger à débloquer un iPhone au nom de la lutte contre le terrorisme, avant de s'expliquer la semaine prochaine devant le Congrès.

Apple a réclamé jeudi 25 en justice l'annulation d'une injonction obtenue la semaine dernière par le gouvernement américain pour le forcer à aider les enquêteurs à accéder au contenu crypté de l'iPhone de Sayed Farook, l'un des deux auteurs de l'attentat de San Bernardino en décembre en Californie.

Deux mois après les événements, qui avaient fait 14 morts, les enquêteurs n'ont en effet toujours pas réussi à accéder au contenu crypté du téléphone. Dans son recours judiciaire jeudi, la marque à la pomme argumente que le gouvernement outrepasse son autorité et viole ses droits constitutionnels, notamment la liberté d'expression, en l'obligeant à écrire un logiciel allant à l'encontre de ses valeurs.

"Ce n'est pas une affaire qui concerne un seul iPhone isolé", affirme-t-il. "Cette affaire concerne plutôt le ministère de la Justice et le FBI qui cherchent par l'intermédiaire de la justice à obtenir un dangereux pouvoir, que le Congrès et le peuple américain ont refusé de leur donner: la capacité de forcer des entreprises comme Apple à miner les intérêts fondamentaux en matière de sécurité et de protection de la vie privée de centaines de millions d'individus à travers la planète".

"Aucun tribunal n'a jamais autorisé ce que le gouvernement réclame maintenant, aucune loi ne soutient un usage si illimité et si large de la procédure judiciaire et la Constitution l'interdit", insiste-t-il, faisant valoir que la question devrait être tranchée au niveau politique, et pas judiciaire.

Le patron d'Apple, Tim Cook, avait déjà estimé mercredi dans une rare interview télévisée que se plier à la demande des autorités serait "mauvais pour l'Amérique". Il avait estimé que pour répondre à la demande du FBI, Apple devrait créer un logiciel "équivalent à un cancer", s'assimilant à une "porte dérobée" utilisable ensuite pour n'importe quel iPhone.

Des responsables d'Apple ont fait valoir que ce logiciel pourrait par la suite être utilisé de manière répétée par le FBI, ou potentiellement être récupéré par des criminels ou des dictatures à l'étranger. Tim Cook a dit vouloir parler du dossier avec le président américain Barack Obama, et être prêt à faire remonter l'affaire jusqu'à la Cour suprême.

Le Congrès a pour sa part l'intention d'entendre les parties lors d'une audition prévue mardi prochain. Apple sera représenté par son vice-président chargé des questions légales et gouvernementales, Bruce Sewell, et le FBI par son patron James Comey.

Ce dernier s'est encore défendu jeudi de vouloir "créer une sorte de précédent", assurant que le FBI cherchait seulement "à être compétent" dans une enquête en cours. L'affaire de San Bernardino, qui concerne le téléphone de l'auteur d'un attentat s'étant déroulé sur le sol américain, est toutefois un cas particulièrement sensible dans l'opinion publique, et donc un choix qui ne semble pas innocent.

Dans des documents transmis à la justice dans une autre affaire plus tôt cette semaine, Apple indiquait d'ailleurs qu'au-delà de ce cas très médiatisé, les autorités américaines exigeaient aussi sa collaboration pour accéder à au moins une dizaine d'iPhone dans différentes enquêtes, dont un trafic de stupéfiants à New York.

L'affaire a relancé les débats aux Etats-Unis sur les conséquences du cryptage inviolable des appareils électroniques. Elle a provoqué la colère de nombreux défenseurs des libertés civiles, qui craignent que la demande du FBI ne débouche sur une surveillance débridée dans un pays déjà secoués ces dernières années par le scandale d'espionnage de l'Agence de renseignement NSA. D'autres accusent à l'inverse le groupe d'entraver une enquête vitale pour la sécurité nationale.

Apple a reçu le soutien public de plusieurs dirigeants du secteur technologiques. Plusieurs poids lourds, comme Google, Microsoft et Facebook, ont prévu d'envoyer une lettre à la justice afin d'appuyer les arguments avancés par la marque à la pomme (amicus brief).

Jeudi, James Comey a concédé que la question du cryptage inviolable était "la question la plus difficile en matière de gouvernement" qu'il ait jamais connue. La police "sauve des vies" grâce à des mandats de recherche dans des téléphones portables, et "nous allons entrer dans un monde où ce ne sera plus possible", a-t-il souligné.

D'après le New York Times, les ingénieurs d'Apple seraient en train de développer de nouvelles mesures de sécurité rendant impossible à l'avenir de débloquer un iPhone comme le FBI veut le faire aujourd'hui en Californie.

À LIRE AUSSI

Image
Google.
Google s'apprête à devenir plus gros qu'Apple en Bourse
La maison mère de Google, Alphabet, pourrait bientôt devenir l'entreprise à la plus grande valeur boursière au monde. Elle dépasserait ainsi un autre géant des nouvell...
02 février 2016 - 10:22
Tendances éco
Image
Apple-logo
Italie : Apple va payer 318 millions d'euros après une enquête pour fraude fiscale
Le géant de l'informatique Apple a accepté de rembourser 318 millions d'euros au fisc italien. La marque à la pomme était accusée de fraude fiscale dans le pays.La fil...
30 décembre 2015 - 12:32
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.