Pour la mémoire de Nahel : une marche blanche très suivie, qui n'a pas su éviter les troubles
Mercredi dernier, Mounia M., la maman du jeune Nahel annonçait la tenue d’une marche blanche, ce jeudi 29 juin à 14 heures, dans une interview diffusée sur France 5, dans l’émission C à vous. "Tous ceux qui connaissent Nahel, tous ceux qui ne connaissent pas Nahel, ils peuvent venir, ils sont les bienvenus. C'est pour prouver que Nahel n’est pas tout seul…", invitait la mère de famille endeuillée.
Elle exprimait le souhait d’une marche pacifiste en mémoire de son fils. "Je précise bien pacifiste", insistait-elle. Elle précisait aussi qu’elle n’en voulait pas à la police, mais uniquement au policier qui avait tué son fils et espérait que la justice pourrait instruire le dossier dans le calme, pour la mémoire de Nahel. Ses paroles n’ont été que partiellement entendues.
C’est sans heurts que la marche blanche se déroule de la cité Pablo Picasso jusqu’à la préfecture de Nanterre. La maman, assise à l’avant d’une camionnette et portant un tee-shirt blanc où l’on peut lire "Justice pour Nahel", remercie les milliers de personnes (bien plus que 6 000 personnes, quoi qu’en dise le chiffre officiel) venues rendre hommage à son fils. Des élus LFI et écologistes se sont joints au cortège.
Les slogans sont moins pacifistes qu’on aurait pu s’y attendre, des "police assassin", ou "tout le monde déteste la police" alternant avec les "justice pour Nahel". Assa Traoré, debout à l’arrière du camion avec d’autres militants, harangue la foule et se réjouit que la révolte ait gagné "les autres villes et département".
Le monument à la mémoire des martyrs de la déportation et de la résistance est vandalisé par des tags. Mais enfin, la foule avance calmement. Un Allah akbar clamé au micro par une des personnes debout à l’arrière du véhicule, provoque d’ailleurs quelques réactions mécontentes. "Là, elle abuse", peut-on entendre.
Puis, devant la préfecture, la manifestation dégénère. Départs de feu, destruction du mobilier urbain, bris de vitrines. La police doit intervenir avec des gaz lacrymogènes. La marche se disperse précipitamment et dans le chaos. Les fauteurs de troubles gagnent ensuite les rues adjacentes, pour continuer leurs actes de destruction, contenus difficilement par les CRS.
Respect de la mémoire
Un des slogans clamés durant la marche blanche était "Pas de justice, pas de paix". La justice fait son travail, et sans aucune indulgence ou traitement de faveur. D’abord mis en garde à vue, le policier qui a tué Nahel a été placé en détention provisoire le soir même de la marche blanche. Une décision assez inhabituelle en de telles circonstances, surtout compte tenu des états de service irréprochables du fonctionnaire.
Pourtant, la nuit dernière, les émeutes ont continué, les destructions ont même pris de l’ampleur.
Le vœu de la maman de Nahel, que la justice puisse instruire le dossier dans le calme, en mémoire de son fils, les émeutiers de ces dernières nuits semblent ne pas l’avoir entendu. Ou ils n’en ont cure. Car, face aux destructions, aux incendies, aux pillages, il est permis de se demander quelle importance ils accordent au respect de la mémoire de Nahel que sa mère espère.
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