Deux Egon Schiele volés par les nazis restitués à l'héritière du collectionneur juif spolié
Dénouement heureux. Deux dessins d'Egon Schiele volés par les nazis et exposés depuis plus de dix ans au musée Leopold à Vienne, Garçon assis avec les mains croisées et Autoportrait aux coudières, vont finalement être restitués à leur propriétaire, Eva Zirkl, 95 ans et héritière de Karl Mayländer. Ce dernier, collectionneur juif déporté à Lods en Pologne par les nazis en 1941 était un ami proche du peintre, l'une des principales figures de l'art viennois du début du XXe siècle. Il lui avait acheté de nombreuses toiles et même commandé un portrait en 1917. Après-guerre, le collectionneur autrichien Rudolf Leopold, considéré comme le "redécouvreur" de Schiele, avait acquis cinq de ces dessins.
Cela faisait plus de 15 ans qu'Eva Zirkl, qui vit aux Etats-Unis, réclamait la restitution des oeuvres ayant appartenu à son ancêtre. En 2010, une commission avait validé cette demande, soulignant que les oeuvres avaient été spoilées par les nazis. L'année suivante, le musée d'Albertina à Vienne, avait accepté de restituer cinq dessins issus du fonds de Karl Mayländer. Mais le musée Leopold, établissement privé et à ce titre non-tenu légalement par la loi de restitution, avait quant à lui refusé et proposé en échange une compensation financière à l'héritière. Plus intéressée par les oeuvres que par l'argent, cette dernière avait refusé. A l'issue d'une longue procédure juridique elle obtient donc aujourd'hui partiellement gain de cause grâce à une médiation gouvernementale, les trois autres tableaux resteant la propriété du musée Leopold.
Depuis 1998, une loi a permis la restitution progressive par Vienne de quelque 10.000 oeuvres issues des collections publiques et identifiées comme volées par les nazis. Mais l'Autriche rechigne souvent à restituer les oeuvres réclamés par les héritiers des collectionneurs juifs, contestant parfois une spoliation. En 2006, par exemple, les héritiers des Bloch-Baueur avaient dû passer devant un tribunal arbitral pour récupérer la collection.
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