Qui était Maïa Plissetkaïa, l'étoile du Bolchoï éteinte samedi 2 mai ? (VIDEO)

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Maxime Macé
Publié le 04 mai 2015 - 13:29
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Maïa Plissetskaïa interprétant le "Lac des Cygnes" en 1983 à Paris.
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©Lido/Sipa
Maïa Plissetskaïa interprétant le "Lac des Cygnes" en 1983 à Paris.
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La ballerine russe Maïa Plissetskaïa est décédée le 2 mai à l'âge de 89 ans. Danseuse de la célèbre troupe du Bolchoï pendant près de 50 ans, elle s'est imposée comme l'une des meilleures danseuses de sa génération.

Elle était surnommée "la Diva de la danse". La grande ballerine russe Maïa Plissetskaïa est décédée samedi 2 mai à Munich des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 89 ans. Le chorégraphe français Maurice Béjart disait d'elle qu'elle était la "dernière légende vivante de la danse".

Née à Moscou le 20 novembre 1925 dans une famille de l'intelligentsia soviétique, d'une mère actrice de cinéma muet et d'un père ingénieur, Maïa Plissetskaïa perd rapidement ce dernier lorsqu'il est victime en 1938 des grandes purges staliniennes. Sa mère est déportée au Kazakhstan jusqu'en 1941 sous le prétexte que son mari est un "ennemi du peuple". La jeune Maïa est confiée aux bons soins de sa tante, Soulamith Messerer, danseuse au Bolchoï, le célèbre théâtre moscovite.

Maïa Plissetskaïa entre donc naturellement au Bolchoï en 1943 (après avoir fréquenté l'école de danse de l'institution depuis 1934), où elle s'impose immédiatement comme l'une des meilleures danseuses de sa génération. Particulièrement douée, elle n'intègre pas le corps de ballet, elle est directement promue soliste et le restera tout le long de sa carrière. Elle restera 50 ans dans la troupe moscovite.

Particulièrement à l'aise dans les ballets russes classiques comme le Lac des Cygnes de Tchaïkovski ou Raymonda de Glazounov, elle milite également pour interpréter des œuvres plus contemporaines, alors inconnues en URSS, ce qui lui vaudra à plusieurs reprises les foudres des autorités.

En 1962, Maïa Plissetskaïa devient, fait extrêmement rare, prima ballerina assoluta du Bolchoï, une distinction suprême décernée seulement deux fois en Russie.

Sous la haute surveillance du KGB en tant que fille "d'ennemis du peuple", cette garde est assortie d’une interdiction de tournées: elle ne sortira d’URSS avec la troupe qu’en 1959 pour aller aux Etats-Unis, où les Américains la comparent à Maria Callas! Maïa Plissetskaïa n'aura de cesse de s'opposer au pouvoir soviétique, dénonçant à plusieurs reprises la gestion du théâtre russe. "Je n'ai jamais été contre le Bolchoï, c'est ma maison, un lieu magnifique. En revanche, j'étais contre les gens qui étaient au pouvoir et ceux qui le dirigeaient. Je le faisais savoir. Mais ça n'a pas vraiment changé mon parcours", déclarait-elle en 2005 au Monde.

Elle collabore avec Roland Petit en 1973 pour La Rose malade, puis danse le Boléro de Maurice Béjart (sur la célèbre musique de Ravel) en 1975. Une relation forte unissait le chorégraphe français et la ballerine russe. En 1995, Béjart crée pour elle le ballet intitulé Ave Maïa, qu'elle danse pour son 70e anniversaire. Infatigable danseuse, Maïa Plissetskïa interprète le Lac des Cygnes à 68 ans, elle restera sur les planches jusqu'à 80 ans où elle danse à l'Opéra de Paris, et au Kremlin où elle joue Ave Maïa avec des danseurs venus du monde entier.

A l'annonce de son décès samedi 2 mai, les témoignages du monde de la danse et de la culture se sont multipliés pour lui rendre un dernier hommage à celle qui a marqué l’art de la danse du XXe siècle et qui a définitivement trouvée sa place parmi les étoiles.

(Voir ci-dessous une vidéo de Maïa Plissetskaïa interprétant le Boléro de Maurice Béjart):

Par Maxime Macé

 

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