Rio : la crainte du virus zika n'arrête pas le carnaval

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 février 2016 - 11:22
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La fête bat son plein à Rio malgré l'épidémie de Zika.
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Malgré l'épidémie de virus zika qui sévie notamment en Amérique du Sud, des millions de Brésiliens et de touristes se sont réunis à Rio de Janeiro pour le célèbre carnaval. Une édition sur laquelle flotte tout de même un parfum de répulsif à moustiques.

Couverts de plumes multicolores et de répulsif anti-moustiques, les danseurs ont commencé à défiler dimanche soir sur le sambodrome de Rio, avec la volonté affichée de faire triompher la fête sur les inquiétudes liées au virus Zika.

Après une cérémonie d'ouverture évoquant les Jeux olympiques qui se dérouleront dans la ville en août avec une énorme torche olympique, la première école de samba, Estacio de Sa, est entrée en piste, annoncée par une explosion de percussions à 21h30 (23h30 GMT) devant 70.000 spectateurs.

"Malgré les problèmes de notre pays, nous ne pouvons perdre l'amour de cette fête et quoiqu'il arrive c'est encore le pays de la samba", déclare à l'AFP Luanny Victoria, 19 ans, qui revêt un costume doré avec d'énormes plumes vertes et s'apprête à défiler pour Unaio da Ilha, la deuxième école à passer. "Les gens ont laissé de côté leurs problèmes au moins pour les trois jours du carnaval", ajoute-t-elle.

Les danseurs se sont protégés avec des produits anti-moustiques pour éviter d'attraper le virus Zika ou celui de la dengue. "Oui, on en a tous mis, mais aucune peur ne peut arrêter le Carnaval", dit Yasmin Victoria, 27 ans, une autre danseuse.

Un jeune métis qui défilera pour Mocidade, Daniel Pinheiro, 27 ans, sue à grosses gouttes sous son costume orange: "Zika? Je ne mets pas de répulsif, seulement de la cachaça (alcool de canne à sucre, NDLR). La cachaça tue tout!" affirme-t-il dans un grand éclat de rire.

Le carnaval suit son cours, ignorant les alertes selon lesquelles le virus actif du Zika, transmis par le moustique Aedes Aegypti, a été détecté dans la salive, l'urine, le sang et le sperme de quelques malades, même s'il n'est pas encore établi qu'il se transmet par ces voies. La plupart des spectateurs s'étaient couverts de crème anti-moustiques, dont les ventes ont explosé.

"La plus grande fête du monde est pour se relaxer! Je me suis mis du répulsif, c'est bon. Maintenant je vais danser la samba toute la nuit", affirme Daniela Trevisan, psychologue de 40 ans, dans les tribunes du sambodrome.

Parmi les cinq millions de fêtards -dont un million de touristes- qui prennent les rues d'assaut au rythme de la samba dans les "blocos" (les défilés populaires de rues) où la bière coule à flot et la drague est de rigueur, beaucoup ne semblent guère préoccupés par les craintes qui font la une de la presse mondiale. Mais les autorités de la ville préfèrent ne pas courir de risques et une quinzaine d'agents sanitaires ont été les premiers à défiler il y a dix jours sur le sambodrome.

En combinaison jaune avec masque et lunettes, ils ont pulvérisé les 700 mètres de la piste et les tribunes pour éliminer tout foyer de prolifération du moustique qui transmet également la dengue, la fièvre jaune et la chikungunya.

Le carnaval se déroule cette année au milieu d'une propagation du Zika, virus qui dans 80% des cas ne provoque pas de symptômes, mais est associé à une explosion de cas de microcéphalies chez des nourrissons nés de mères infectées en début de grossesse.

Les défilés ont dû également faire face à la récession économique qui frappe le Brésil et ont dû économiser, faute de sponsors. La crise a été si forte que 48 villes ont décidé d'annuler leur carnaval, certaines pour affecter les fonds à la lutte contre le moustique.

Le matériel a aussi fait défaut, en raison de la hausse du dollar qui a notamment freiné les importations de tissus de Chine, pourtant essentiels pour la fabrication des chars et des costumes. Chaque école dépense entre 12 et 15 millions de réais (2,6 et 3,3 millions d'euros) financés en partie par la mairie, des entreprises et, pour certaines, par des mafieux des jeux clandestins.

Même le défilé célébrant les Jeux olympiques qui débuteront dans six mois à Rio, choisi par l'école de samba Uniao da Ilha, n'a reçu aucun financement des organisateurs. Après Estacio, cinq autres écoles devaient défiler dans la nuit: Uniao da Ilha, Beija-Flor (championne de 2014), Grande Rio, Mocidade et Unidos da Tijuca.

Grande Rio célébrera la ville de Santos, dans l'Etat de Sao Paulo, dont la mairie n'a rien financé. Certains chars rendront hommage à des stars du foot comme Neymar et le légendaire roi Pelé qui ont fait leurs armes au Santos FC.

 

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